Geoffrey Millour : « J’adore ça »

Crédit photo DR

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Geoffrey Millour s’est mis à Zwift au début du confinement. “Auparavant, quand j’étais chez MorphoLogics, j’avais juste fait deux-trois courses sur home trainer. Au moment du confinement, je me suis dit qu’il m’en fallait un. J’ai acheté un Wahoo, j’avais un ami qui travaillait là-bas. Avec un petit groupe d’amis, on s’est mis à en faire. J’ai persévéré à fond pour atteindre le niveau que j’ai actuellement. J’adore ça. S’il n’y avait pas eu le confinement, peut-être que je ne serais pas là“, avoue à DirectVelo le Breton qui fêtera ses 30 ans le 5 mai prochain.

Présent au plus haut niveau amateur de 2012 à 2017 avant de raccrocher, il vit une petite renaissance avec l’eSport. “Avant, je me mettais beaucoup de pression pour passer pro. C’était l’objectif, j’étais moins relâché. Il y avait toujours cette quête de résultat, j’avais le moral en berne dès que ça n’allait pas bien. Sur Zwift, je suis beaucoup plus relâché et décontracté. Je prends ça comme un jeu avec une motivation maximale. Ce sont deux carrières différentes, c’est un peu comme un second souffle, beaucoup plus dans le plaisir. C’est en plein boom, il y a beaucoup de perspectives d’avenir“.

Depuis quasiment un an, le pensionnaire de la Team Hexagone fait toujours partie du Top 20 du classement mondial Zwift Power. Il participe à de nombreuses épreuves, que ce soit notamment les Zwift Grand Prix ou la Zwift Racing League. Il s’est mis tout naturellement à la Coupe de France eCycling quand elle a été créée cet hiver. “C’est un évènement qui compte avec en plus le Championnat de France dans la foulée. La Fédé a envie de développer cette pratique, ça se structure au niveau national“.

« DES QUALITÉS ASSEZ PARTICULIÈRES QU’ON NE RETROUVE QUE SUR ZWIFT »

Début janvier, à l’occasion de la quatrième manche de la Coupe de France eCycling, il a réalisé sa meilleure performance avec une 2e place (voir classement). Cette manche avait la particularité d’être divisée en deux avec un chrono de 8 km suivi d'une course aux points de 29,8 km. “J’ai plutôt bien performé. J’avais un peu peur du chrono en bosse vu que je ne suis pas trop grimpeur, mais j’ai bien limité la casse. Sur la deuxième course, je sentais que j’avais vraiment de bonnes jambes, ça n’est pas joué à grand-chose avec Sébastien (Havot). C’est toujours sympa quand un collègue de la Team Hexagone gagne“.

Au classement général de la Coupe de France eCycling, il n’est « que » 5e car il était absent pour la troisième manche le 21 décembre. “C’était au moment de Noël et de toute façon, j’avais la grippe“. Il est adepte des bosses courtes et raides. “Il y a souvent ça sur Zwift. Je marque pas mal de points. J’arrive à enchaîner les efforts violents et répétés. C’est particulier par rapport à une course dans la réalité. C’est court et très explosif avec des points tout au long des segments. Par exemple, à la dernière manche, il y avait un sprint à deux kilomètres de l’arrivée. Deux minutes après, il fallait resprinter pour l’arrivée. Ça nécessite des qualités assez particulières qu’on ne retrouve que sur Zwift“.

Ce mercredi, la cinquième et dernière manche de la Coupe de France eCycling reproduira le parcours autour des Champs-Élysées à Paris avec six tours de 6,6 km (42,8 km au total). “Ce ne sera pas très dur, je préfère quand il y a un peu plus de dénivelé. Ça va beaucoup se jouer sur les sprints. Mais comme à chaque fois, je prends le départ pour gagner. Sébastien (Havot) et Clément (Cambier) sont très forts, il va falloir être meilleur“. Par la suite, il aura deux grands rendez-vous. Tout d’abord, le Championnat de France le 4 février qui aura lieu dans une salle à Grande-Synthe (Nord). “La FFC nous fournira des home trainers pour qu’on soit tous dans les mêmes conditions. Il y a moyen de jouer le titre. Ça durera toute la journée avec des quarts de finale, demi-finale et finale“.

« LE MONDIAL SERA TRÈS RUDE »

Puis, il participera au Championnat du Monde le 18 février, étant donné qu’il a été sélectionné en équipe de France. “Ce sera à distance chez moi mais l’UCI enverra également des home trainers et un ventilateur à chacun pour une équité parfaite. On sera 100 au départ, puis 30 à la deuxième manche et enfin 10-12 à la dernière avec un système d’élimination. C’est un format particulier pour donner du spectacle et une course mouvementée. Les parcours seront tirés de l’Écosse. Il n’y aura pas de segments. Ce sera un enchaînement, beaucoup plus rapide qu’au Championnat de France, de 30 minutes entre chaque course. Il va y avoir très peu de récupération. Les Zwift Grand Prix proposent souvent ça. Le cardio monte beaucoup. Ce sera très rude. J’ai envie de bien figurer et d’atteindre la finale“.

Professionnellement, Geoffrey Millour donne des cours en STAPS à Nantes et fait de la recherche en collaboration avec la FFC sur la piste pour les projets olympiques et plus particulièrement la poursuite par équipes. “On analyse les données de puissance pour optimiser les passages de relais, l’ordre et le temps passé devant ou dans les roues“. Le Champion de France Juniors de l’Américaine et de la poursuite par équipes a assisté au Championnat du Monde à Saint-Quentin-en-Yvelines en octobre dernier. “C’était un super moment, je n’ai jamais autant vibré pour du cyclisme“.

En 2021, il est parti au Canada effectuer un post-doctorat. “C’était très enrichissant. Le labo était top sur le cyclisme. J’ai rencontré de super personnes. C’était à la fois une expérience de vie et dans la perspective de ma carrière pour avoir un poste. J’aurais pu continuer là-bas, mais je voulais retrouver mes proches en France“, reconnaît-il. L’été dernier, il a pris part à quelques courses en Bretagne sous le maillot de Kiclos Brest Métropole Cyclisme, sachant que durant la période estivale, il y a moins de compétitions et de participants sur Zwift. “J’ai une licence en 3, même si j’ai plus le niveau d’un 1ère. L’été prochain, je referai des 2,3,J et deux-trois Toutes Catégories. Il y a tellement de courses dans le coin. C’est pour le plaisir et sans contraintes de déplacement, je ne reprends pas ma carrière“.

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