Eugénie Duval : « Ça n’arrivera pas tous les jours »

Crédit photo Thomas Maheux / ASO

Crédit photo Thomas Maheux / ASO

Eugénie Duval a joué la gagne, jusqu’au bout, lors de Paris-Roubaix. Alors qu’elle était venue dans la peau d’une équipière et d’une capitaine de route pour épauler les jeunes talents de la FDJ-Suez, elle a réalisé une très belle performance, échouant finalement au pied du podium à l’arrivée (voir classement). “Je suis déçue de ne pas être sur le podium mais d’un autre côté, si on m’avait dit que je ferais 4e avant le départ, j’aurais signé d’entrée de jeu”

« SI ON TENAIT JUSQU’AUX DERNIERS SECTEURS PAVÉS… »

Tout a commencé lorsque l’athlète de 29 ans a pris position dans une échappée conséquente, dans la première partie de la course. “Il n’était pas du tout prévu que j’aille devant. Normalement, je suis là pour replacer les filles, pour aider s’il y a un souci. Mais j’étais contente d’être devant. Quand c’est sorti, je me suis dit qu’il y avait beaucoup de monde, je ne pensais pas que ça irait très loin. Je n’y croyais pas, je considérais qu’on était trop nombreuses pour que ça aille au bout. Et la Jumbo-Visma roulait à l’arrière”. Mais lorsque RadioCourse annonce un avantage de cinq minutes pour Eugénie Duval et ses compagnons de fugue, elle se met à y croire. “Je savais que si on tenait jusqu’aux derniers secteurs pavés, je pourrais éventuellement espérer aller au bout avec les meilleures en m’accrochant ensuite”, explique-t-elle pour DirectVelo, une petite heure après l’arrivée, devant le bus de sa formation.

Au fil des secteurs pavés, l’écart se réduit. Doucement mais sûrement. Sauf que les kilomètres défilent, et que l’échappée résiste malgré une certaine mésentente par séquences, le plus souvent sur les sections goudronnées à la sortie des secteurs pavés. Heureusement, la Canadienne Alison Jackson (EF Education-TIBCO-SVB) - future lauréate - n’hésite pas à relancer plusieurs fois via de vives accélérations. Dans les quinze derniers kilomètres, le peloton est là, tout près. Un pointage annonce 12”. “Même là, je me suis dit que ça pouvait aller au bout car il y avait des chances que ça se regarde à l’arrière. Comme il y avait (Lotte) Kopecky derrière et que tout le monde sait que c’est elle la meilleure au sprint, on a dû laisser ses coéquipières travailler. C’est sûrement grâce à ça que l’on a été au bout”.

« ÇA M’A UN PEU DÉSTABILISÉE »


Difficile, dans les derniers instants de la course, de penser à une tactique face aux six autres rescapées de l’échappée, alors même que le peloton - emmené par une Marta Bastianelli (UAE Team Emirates) qui a fini par se sacrifier pour Chiara Consonni - était à portée de fusil. “J’ai vu que (Katia) Ragusa ne passait plus alors quand je l’ai revue passer devant moi, je me suis dit que c’était la roue à prendre”. Dernier rebondissement lorsque Femke Markus (SD Worx) - qui a passé tout le final à contrôler les échappées pour tenter de permettre à sa leader Lotte Kopecky de rentrer - chute dans le vélodrome de Roubaix, au moment où résonne la cloche du dernier tour. “Forcément, ça m’a un peu déstabilisée. Je me suis fait doubler par la droite dans le sprint, c’est le plus frustrant pour moi… Je passe à côté d’un podium sur Paris-Roubaix… Ça n'arrivera pas tous les jours. Il y a une petite déception”.

Nul doute, malgré tout, que cette 4e place lors de « l’Enfer du Nord » restera l’un des plus grands souvenirs de la carrière d’Eugénie Duval. “Je veux remercier toute l’équipe. On avait du monde tout le long de la route, des secteurs… Je n’ai eu aucun souci. Je viens d’apprendre que toutes les filles de l’équipe ou presque sont tombées, je n’ai eu aucune information de toute la course… Grâce au bon matériel de l’équipe, tout s’est bien passé. Je n’ai eu aucune crevaison, pas de chute… J’ai eu de la chance. Il fallait juste appuyer sur les pédales et suivre”. Et elle l’a parfaitement fait, jusqu’à ce dernier tour de piste malheureux.  

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