Les bras ouverts du Tour de l'Avenir
www.directvelo.com consacre chaque jour jusqu'à dimanche un article lié au Tour de l'Avenir. Aujourd'hui, deuxième thème, le Tour de l'Avenir et l'ère Open.
Sur la route de Châtellerault, sept gaillards casqués en maillots gris, en ligne de chaîne bien huilée, avalent cinq coureurs un peu désorganisés partis cinq minutes avant eux. Sur le contre-la-montre par équipes du Tour de l'Avenir 1983, l'équipe amateur de la R.D.A écrase l'équipe professionnelle Coop-Mercier-Mavic. La R.D.A. gagne l'étape à 48 de moyenne sur 76 km. Deux mois après le Tour de France Open avec la seule équipe de Colombie, les amateurs d'Etat de l'Allemagne de l'Est montrent aux pros ce que pourrait être « e Tour de France du futur » comme le souhaite les organisateurs.
Le but premier des créateurs du Tour de l'Avenir était de le fusionner avec le Tour de France. La séparation du cyclisme en deux fédérations, amateur et pro, pour garder la place du vélo aux J.O. sonne le glas de la licence unique et de cette union.
Dans les années 70 le Tour de l'Avenir s'essouffle. Or, « seule la licence unique le sauverait » selon Jacques Marchand, son créateur. La seule solution pour faire courir les pros et les amateurs, c'est « l'Open », le mot à la mode de cette décennie. En 1974, Paris-Nice a invité les Polonais de Szurkowski (Champion du Monde Amateur), à court d'entraînement, à se confronter à Eddy Merckx et aux autres pros.
La même année, le Tour de l'Avenir accueille une équipe pro : les jeunes professionnels français (qui courent peu à l'époque) sont regroupés sous la bannière violette de l'AFCAS qui représente les équipes françaises. Seuls Alain Bernard et Jean-Louis Danguillaume, sur le vélodrome rose de Bordeaux, gagnent une étape. Quelques semaines plus tard, le Tour de Pologne est la 2e épreuve amateur à accueillir une équipe pro. 1974, c'est vraiment l'année de l'Open.
Le grand virage de 1981
Mais pour le Tour de l'Avenir, le grand changement, c'est en 1981. Huit équipes amateurs face à huit formations pro. On va savoir ce que valent les amateurs de l'Est comme Soukhoroutchenkov (Champion Olympique 1980). En 1979, Kapitanov, le patron de l'équipe russe était d'accord pour essayer l'Open à partir de 1981 (après les Jeux de Moscou, donc) à condition que les forces en présence soient égales. A l'arrivée du T.A. 1979, le Ministre de la Jeunesse et des Sports, Jean-Pierre Soisson « souhaite qu'un jour Soukhoroutchenkov puisse rencontrer Bernard Hinault. Nous assisterions alors sans doute au véritable Tour de l'Avenir » (Ouest-France 17/9/79).
En 1981, Bernard Hinault n'est pas au départ malgré tous les fantasmes publiés pendant l'année. Les groupes sportifs ont eu du mal à trouver des volontaires pour les 14 étapes dont une partie en montagne. Les jeunes pros français ne gardent pas que des bons souvenirs des confrontations avec les Russes. Au Circuit de la Sarthe, les Soviétiques en forme « Course de la Paix » les ont dominés. A la Coors Classic, seul un Greg LeMond surdoué a surpassé Soukho et ses acolytes. Et puis au mois de septembre, les pros préfèrent profiter des derniers critériums. A cette époque les contrats leur rapportent plus que leurs salaires fixes. Au final, Pascal Simon devance Soukho qui a chuté mais qui était déjà battu. Simon, qui a chuté au Tour de Romandie n'a pas couru le Tour de France en 1981. L'année suivante, le coureur Peugeot se classera 20e du Tour de France avant d'abandonner en 1983 en Maillot Jaune.
Pendant toute l'ère « Open », Olaf Ludwig sera le seul vainqueur amateur en 1983. Cette année-là, le parcours est allégé avec un détour dans le Vercors comme seul passage montagneux pour ne pas écœurer les amateurs.
Retour aux équipes nationales
La chute du Mur de Berlin va pousser les meilleurs coureurs de l'Est vers les équipes pros. V. Ekimov s'aligne au Tour de l'Avenir de la Communauté Européenne 1990 sous le maillot Panasonic et Jan Kirsipuu chez Chazal en 1993. Lance Armstrong devient meilleur grimpeur du T.A 1992 chez Motorola. Mais les coureurs de sélections nationales continuent jusqu'en 2006 de glaner des bouquets face aux groupes sportifs: Erik Dekker, Robbie McEwen, Yohann Le Boulanger ou Edvald Boasson Hagen.
Depuis 1996, la licence unique est enfin arrivée, on ne parle plus d'Open mais de course 2.5 puis 2.2 aujourd'hui. Et depuis 2007, les groupes sportifs sont bannis du Tour de l'Avenir. Finale de la Coupe des Nations Espoirs de l'UCI, l'épreuve n'accueille plus que des équipes nationales. Trente ans après l'abandon de la formule en 1980 et le sacre de Florez, Nairo Quintana redonne la victoire en 2010 à la Colombie.
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