Toms Skujiņš : « J'aime bien courir en France »
Un peu oublié en Europe de l'Ouest aujourd'hui, Toms Skujiņš a tout pourtant du champion complet : il roule, il sprinte, il passe les pavés et les courtes ascensions. Il était présenté comme la version lettone et pleine de santé d'un Alejandro Valverde quand il a rejoint le VC La Pomme Marseille fin 2010, d'abord en tant que stagiaire puis professionnel deux saisons avec l'équipe continentale. Cet hiver, Skujiņš, 22 ans, est reparti vivre dans son pays mais il continue de briller sur la scène internationale. Avant le Championnat du Monde au mois de septembre, le Tour de l'Avenir est un événement important pour lui, comme il l'explique à www.directvelo.com.
DirectVélo : Qu'attends-tu de ce Tour de l'Avenir ?
Toms Skujiņš : J'aimerais bien terminer dans les dix premiers du classement général. En cas d'accident mercredi sur la première journée de montagne, je viserai les victoires d'étapes. Je ne veux pas repartir sans rien. Le Tour de l'Avenir est une course très importante pour tous les coureurs. C'est aussi une occasion de me tester et de montrer mon niveau. Pour l'instant, la course démarre bien. J'ai perdu cinq secondes sur le prologue parce que la pluie a commencé à tomber juste avant mon départ. Mais cinq secondes quand on sera dans la montagne, ce n'est rien. J'ai aussi évité les chutes comme lundi, quand j'ai été obligé de passer dans un champ. Vraiment, tout va bien.
Montrer ton niveau, tu l'as fait cette année sur des courses Espoirs. Es-tu content de ton bilan ?
J'ai terminé 3e du Championnat d'Europe sur route, 7e du Tour des Flandres Espoirs, et je gagne la Course de la Paix Espoirs. Je saisis chaque opportunité qui se présente au calendrier. Mon équipe, Rietumu-Delfin, a quelques difficultés à obtenir des invitations sur les grandes courses. Alors, je prépare essentiellement les manches de la Coupe des Nations Espoirs, que nous disputons en sélection nationale.
Ton excellente maîtrise du français rappelle que tu étais parti pour faire carrière en France...
J'avais fait un mois de cours intensifs en Lettonie avant de venir, parce que je voulais m'intégrer dans l'équipe et bien vivre en France. Peu de Français parlent bien anglais ou russe, alors c'était à moi de m'adapter. J'aime ce pays. On a encore traversé de très beaux paysages lundi. Marseille ne m'a pas tellement plu, mais j'adore la région du Pays basque. En plus, c'est un pays de vélo.
Pourquoi ne t'étais-tu pas engagé en Italie par exemple ?
J'avais entendu dire que le dopage existait encore dans le peloton amateur. Ça ne m'intéresse pas de courir dans ces conditions. En France, le peloton me semblait plus propre. Mais je n'affirme rien sur l'Italie, peut-être s'agit-il d'un mythe.
Tes deux années au Team La Pomme Marseille t'ont donc apporté de la satisfaction ?
Bien sûr. Nous avions un bon programme. C'était pas mal de courir des grandes courses avec des équipes Pro Conti comme Cofidis, ou parfois même WorldTour. J'ai pu voir à quel niveau je me situais par-rapport aux "vrais" professionnels.
« ENCORE JEUNE ET TRES MOTIVE »
Et ce niveau était plutôt bon ?
J'ai fait des résultats, mais j'ai attendu en vain qu'une grande équipe s'intéresse à moi. Aujourd'hui, il est encore temps. Je suis encore jeune et très motivé. J'espère qu'une équipe va prendre le temps de se renseigner sur mon parcours personnel et sur mes résultats.
As-tu vécu ton retour en Lettonie comme une régression ?
A partir du moment où je n'avais pas de grande équipe pour 2013, la meilleure chose à faire était de rentrer à la maison. Les dirigeants de Rietumu-Delfin n'ont pas beaucoup de moyens mais ils s'occupent très bien des jeunes, qui représentent la quasi totalité de l'effectif. Ils font le maximum pour nous placer dans les meilleures conditions et nous aider à bien marcher en Coupe des Nations. Je suis ici entre amis, avec des gars que je connais depuis les rangs Juniors. De cette manière, je parviens à conserver mon niveau. Mais parfois, la France me manque...
Avec ta 2e place au Tour des Flandres Espoirs en 2011, tu as parfois l'air d'être un coureur belge...
(Il sourit.) J'aime bien les courses en Belgique. Il y a toujours une échappée qui part ou des petites bosses qui cassent le peloton. Donc, ça se termine souvent au sprint. J'aime bien l'enchaînement des difficultés : petite bosse, pavés, petite bosse, on tourne à gauche, à droite, encore à gauche... et on sprinte à la fin. C'est drôle, je n'ai jamais signé pour une équipe belge. Peut-être que j'aurais dû ?
Crédit Photo : www.directvelo.com