La Grande Interview : Bruno Armirail

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin / DirectVelo

Bruno Armirail est la révélation du Championnat de France de l'Avenir. Jeudi dernier, le vététiste de l'AC Bagnères-de-Bigorre a terminé le contre-la-montre Espoirs à la deuxième place, derrière le professionnel Yoann Paillot. Coup de chance ou vrai talent à suivre ? Le Pyrénéen, 19 ans, se confie en longueur à DirectVelo

DirectVelo : Ta deuxième place, c'est une joie ou une déception ?
Bruno Armirail : Une déception parce que je rate le titre de Champion de France pour trois secondes. Depuis jeudi, j'ai refait le chrono plusieurs fois dans ma tête. Je pense que j'aurais pu gagner quelques secondes en prenant de meilleures trajectoires.

« YOANN PAILLOT, JE NE LE CONNAISSAIS PAS »

Quand as-tu compris que tu faisais un "truc" ?
On m'a indiqué que j'avais beaucoup d'avance au premier intermédiaire. J'ai eu peur (sourire). J'ai pensé avoir pris un départ trop rapide. Je n'avais jamais disputé un contre-la-montre aussi long (27,4 kilomètres, NDLR). Après le second temps intermédiaire, je me suis dit que je pouvais tenir jusqu'au bout. Quand j'ai vu que Pierre-Henri Lecuisinier terminait à plus d'une minute, je me suis dit que peut-être... (Il s'interrompt) On a commencé à me dire que j'allais terminer dans le Top 10, puis le Top 5. Ensuite, on m'informe qu'un podium est possible. 

Il paraît que tu ne connaissais pas la majorité de tes adversaires...
Le vainqueur, je ne le connaissais pas. Le troisième non plus d'ailleurs.

Quels sont les concurrents du contre-la-montre que tu connaissais ?
Alexis Guérin, Anthony Perez, (Pierre-Henri) Lecuisinier... J'arrive du VTT. J'ai disputé uniquement la Classique des Alpes au programme du Challenge National Juniors. Cette année, sur le Challenge Espoirs, je n'ai fait que le Tour de Mareuil-Verteillac-Ribérac. Comme je n'évolue pas dans une équipe DN, je n'ai jamais disputé des grandes courses. Je ne peux donc pas connaître les meilleurs coureurs amateurs !

T'es-tu renseigné sur eux depuis jeudi ?
J'ai suivi ce qu'Alexis Gougeard a accompli au début de Tour de l'Avenir (victoire sur le prologue, troisième place sur la 5e étape, NDLR). Je ne me suis pas trop renseigné sur (Yoann) Paillot. Je sais qu'il est professionnel à La Pomme Marseille, qu'il a été Champion d'Europe en 2011 et 3e du Championnat de France Elite l'an dernier. C'est tout.

« JE M'ENNUIE EN RESTANT DANS LES ROUES »

Maintenant, c'est toi qui es connu...
J'ai disputé le Tour du Piémont Pyrénéen entre vendredi et dimanche. Et à chaque fois que j’essayais d'attaquer, j'avais un coureur dans ma roue. Comme si j'avais la pancarte ! J'ai vécu ça en deuxième catégorie, et c'était un peu pénible. J'espère qu'on me laissera sortir quand même... (sourires). Mais en 1ère catégorie et en Elite, la situation sera différente. Il y a d'autres coureurs à surveiller.

Cette année, tu as délaissé le VTT pour privilégier la route. Pourquoi ?
Depuis le début de saison, j'ai disputé deux manches de la Coupe du Monde VTT Marathon et une manche de la Coupe de France, à Saint-Raphaël. Mais le VTT, ça coûte cher. Il faudrait que je change de vélo alors que je n'ai toujours pas réussi à vendre le mien. Il y a beaucoup de casse en VTT. Il faut toujours laver le vélo après l'entraînement... Et si je veux passer chez les professionnels, je dois faire un choix entre la route et le VTT. 

Quelle est ta discipline préférée ?
Avant, je préférais le VTT. Maintenant, au haut-niveau, j'ai une préférence pour la route. J'aime bien l'effort solitaire, être devant et se donner à fond. Je n'arrive pas vraiment à me contrôler sur la route. Certains coureurs sortent juste pour disputer le sprint, moi je ne sais pas le faire. J'attaque jusqu'au moment où je n'en peux plus... Je m'ennuie à rester dans les roues. 

C'est pour cela que tu apprécies le contre-la-montre ?
Avant le Championnat de France, j'en avais disputé deux, d'une longueur de 15 kilomètres. Au week-end Béarnais, on m'avait prêté un vélo deux jours avant la course. Il n'était pas à ma taille. Et à Mareuil-Verteillac-Ribérac, j'avais la machine avec laquelle j'ai disputé le Championnat de France. Mais on s'est rendu compte que la fourche était cassée. J'ai donc couru avec un vélo traditionnel. J'avais terminé à 33" de la 2e place, c'était motivant. J'ai dit au Comité Midi-Pyrénées que s'il fallait faire un choix pour Albi, je préférais être aligné sur le chrono du Championnat de France plutôt que sur l'épreuve en ligne. C'est un effort solitaire et, comme je viens du VTT, j'aime bien le principe de voir le plus costaud gagner. 

« JE PRENDS LE TEMPS DE RÉFLÉCHIR »

Tu aimes la montagne ?
Quand j'ai commencé le vélo il y a quatre ans, j'étais vraiment un grimpeur. Pas du tout rouleur ! Puis à l'entraînement, je me suis concentré sur le plat. J'habite près de Tarbes (Hautes-Pyrénées) mais je n'ai pas encore grimpé le Tourmalet de toute la saison. L'Aspin, j'ai dû le monter cinq fois tout au plus. La Hourquette d'Ancizan, une fois seulement. Il paraît que tu deviens "diesel" si tu grimpes trop de cols à l'entraînement. Cela dit, j'aurais bien aimé marcher sur la Ronde de l'Isard cette année. J'étais arrivé malade sur la course. Mais c'est partie remise en 2014.

Pourquoi avoir arrêté ton BTS en alternance dans l'agriculture ?
Je n'arrivais pas à rouler entre le travail à l'exploitation et les cours. Je me donne jusqu'à la fin de ma quatrième année Espoir pour faire uniquement du vélo.

Il paraît que tu as encore beaucoup de boulot à effectuer côté diététique ?
(Rires). Pour le Championnat de France, j'ai fait très attention les deux ou trois semaines précédentes. Je mangeais des bonnes choses ! En ce moment, je me relâche. Mon prochain objectif, le Championnat régional du contre-la-montre, n'est que début octobre.

Dans quel club vas-tu évoluer l'an prochain ?
Je ne serai plus à Bagnères, c'est certain. J'ai plusieurs propositions et je prends le temps de réfléchir. J'en avais quelques-unes avant le Championnat de France. J'étais quasiment sûr de mon choix. D'autres clubs sont venus me voir après le chrono. J'hésite. Mais si je n'avais pas terminé deuxième, je serai aujourd'hui toujours un inconnu et ces clubs ne se seraient jamais manifestés...
 

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