La Grande Interview : Jimmy Raibaud
Contrarié par un problème au genou, Jimmy Raibaud a vécu une année 2013 cauchemardesque. Le coureur de CR4C Roanne, a dû renoncer à tous ses objectifs de la saison, y compris la défense de son maillot bleu-blanc-rouge. Un véritable "crève-cœur" pour celui qui "espérait passer professionnel" et maintient ses ambitions. Pas encore définitivement libéré de ses problèmes physiques, le voilà reparti à zéro. Le couteau entre les dents, Jimmy Raibaud "espère retrouver le plaisir de courir à l’avant dès Paris-Tours Espoirs", le 13 octobre. Il pense déjà à l’année 2014 et désire toujours devenir professionnel.
DirectVélo : Tes problèmes de genou sont-ils définitivement derrière toi ?
Jimmy Raibaud : Pas à 100%. Je m’entraîne comme je le souhaite, je n’ai plus de douleurs depuis près d’un mois et demi, mais ça reste encore fragile. Mon genou droit n’est pas encore comme l’autre, alors je me dois de faire attention. J’ai connu plusieurs rechutes et je ne voudrais pas que ça arrive une nouvelle fois. A priori, je ne devrais aller que de mieux en mieux maintenant. C’est psychologiquement que je ne suis pas encore tout à fait rassuré. Lorsque l’on a connu plusieurs rechutes, il est normal d’être inquiet même lorsque l’on semble définitivement guéri.
Comment a évolué ta blessure exactement ?
Tout a commencé début décembre. J’ai voulu reprendre la musculation, sans vraiment faire de vélo à côté. J’ai rapidement commencé à sentir quelques douleurs. Rien de bien grave en apparence. Comme j’avais pour ambition de briller dès le tout début de saison, notamment sur le Grand Prix Souvenir Jean-Masse, j’ai insisté dans mes séances de musculation, en faisant comme si de rien n’était. Sauf que j’avais de plus en plus de mal. Je me suis donc résolu à consulter le médecin. Je souffrais d’un syndrôme rotulien et d’une tendinite. J’ai pris le temps de me soigner. Puis je suis revenu à la compétition quelques semaines plus tard.
Tu n’étais pas encore au bout de tes difficultés...
Oui, je ressentais encore de vives douleurs en course. J’ai consulté un nouveau docteur, puis encore un autre. En tout, je me suis rendu dans une dizaine de cabinets différents, chacun posant un diagnostic en contradiction avec le précédent. Franchement, ce n’était pas pour me rassurer. J’ai fini par faire ce que je pensais être le mieux pour moi, sans trop tenir compte de l’avis du corps médical. J’ai tout essayé, mais sans succès pendant un long moment.
« J'AI EU DU MAL A ACCEPTER MA BLESSURE »
L’hiver dernier, tu disais avoir vécu une saison 2012 de rêve. A l’inverse, 2013 aura donc été une année cauchemardesque...
J’ai vraiment mal vécu le fait de devoir renoncer à mes grands objectifs. J’avais pas mal d’ambitions après mon année 2012. Je voulais confirmer, gagner beaucoup de courses. J’ai eu du mal à accepter ma blessure. Le plus frustrant finalement, c’est que je n’ai jamais été complètement arrêté. Cette blessure ne m’a jamais empêchée de vivre normalement. Je pouvais aller m’entraîner souvent sans ressentir la moindre douleur. Lorsque je me suis présenté au premier stage de l’Equipe de France par exemple, je me sentais très bien sur le plan physique. Il n’y a qu’en course, lorsque je devais forcer à 100%, que la douleur devenait insupportable. Du coup, c’est surtout moralement que ça a été compliqué, car hors compétition, je m’entraînais comme si de rien n’était.
Le plus gros renoncement, c’est le Championnat de France fin juin ?
J’ai longtemps cru que je pourrais défendre mon titre, mais j’ai dû me rendre à l’évidence quelques semaines avant la course. Ce fut un crève-cœur, l’un des pires moments de ma saison. Cependant, au fond de moi, je savais que ça ne servait à rien de me rendre sur le Championnat de France. Le Jour-J, je n’ai pas regardé la course, alors je suis parti me balader avec ma copine. J’ai fini par craquer et j’ai regardé la fin de la course à la télé. Le plus difficile dans cette histoire, c’est la comparaison entre ces deux Championnats. L’un où j’ai été sacré, et l’autre où je me retrouve à la maison. Cette mise en perspective m’a fait mal au cœur. J’ai pris un gros coup au moral ce jour-là.
As-tu eu peur de ne pas retrouver ton niveau de 2012 ?
Bien sûr, et à vrai dire je me pose toujours la question. A partir du mois de mai, j’ai commencé à en avoir marre, à me dire que la plaisanterie avait assez duré. Depuis, je reste motivé, et j’essaye de regarder vers l’avenir. Je n’ai de toute façon jamais pensé à arrêter. Je me dis qu’avec tout ce que j’ai connu cette année, je ne pourrai pas tomber plus bas. Et puis, après tout, j’ai été Champion de France amateur l’an passé. Je dois m’appuyer sur cette performance pour me booster, et me dire que j’ai encore énormément de belles choses à faire sur le vélo.
Tu as repris la compétition fin août. Il était important de repartir du bon pied avant la trêve hivernale ?
Oui, je voulais surtout engranger de la confiance. Et puis, je ne cache pas que j’ai encore quelques ambitions pour cette toute fin de saison. Je pense en particulier à Paris-Tours Espoirs, une course que j’apprécie beaucoup et qui m’a souvent servi de tremplin pour la saison suivante. J’espère que ce sera une nouvelle fois le cas. Evidemment, je ne prétends pas pouvoir gagner. Mais j’espère être acteur de l’épreuve, et retrouver le plaisir de courir à l’avant. Ensuite, je pense quand même couper trois ou quatre semaines. L’an prochain, je me fixerai des objectifs un peu plus lointains. Je ne veux pas faire la même bêtise que l’hiver dernier. Si je ne dois marcher qu’à partir de fin mars, ce ne sera pas un problème.
« J'ESPERE TOUJOURS PASSER PROFESSIONNEL »
Sous quel maillot évolueras-tu l’an prochain ?
Je vais rester une année de plus au CR4C Roanne. J’ai la chance que les dirigeants continuent de me faire confiance. Ce n’est pas un choix par défaut. Cela fait maintenant quatre ans que je suis à Roanne, et je me sens bien dans cette équipe. J’y ai fait ma place. Les responsables savent ce que je fais, d’où je viens et donc qui je suis. Par ailleurs, si je devais courir dans une autre équipe, pour changer d’air, on attendrait sûrement trop de choses de ma part dès les premières semaines de compétition.
Te projettes-tu déjà dans la saison 2014 ?
Oui, j’en attends beaucoup de choses. La plus importante de toutes sera de retrouver rapidement mon niveau de 2012. La suite viendra naturellement. J’espère réussir à faire de ma saison 2013 une force pour l’avenir. Lorsque je me suis cassé la clavicule l’an passé, j’étais démoralisé pendant quelques temps. Finalement, ça m’a donné encore plus la gnaque lorsque j’ai repris la compétition. J'en étais ressorti grandi, et plus fort. Désormais, je pense que je passerai outre certains petits détails plus facilement que d’autres coureurs, qui n’ont pas galéré comme j’ai pu galérer cette année.
Fin 2012, tu te disais déçu de ne pas obtenir de contrat professionnel. Deux ans après, tu seras toujours amateur...
J’étais déçu de ne pas passer pro en 2013, notamment après mon stage avec AG2R La Mondiale. Au fond de moi, j’espère toujours pouvoir passer pro un jour. Pour y parvenir, il va falloir que je sois encore plus fort qu’en 2012. Mais il ne faut pas que je veuille passer pro à tout prix. Je vais essayer de gravir les échelons les uns après les autres. Ce qui est certain, c’est que je suis sur-motivé à l’idée de débuter une nouvelle saison.
Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com