Bryan Coquard : « Impatient de découvrir le Tour »
On le savait très rapide et capable de faire parler la poudre dès sa première saison chez les pros. Bryan Coquard (Team Europcar) n’aura pas déçu en claquant pas moins de six succès cette saison, chose très rare pour un néo-professionnel. Jamais intimidé par les plus grands noms du sprint mondial, le Vice-Champion olympique de l’omnium de Londres va maintenant s’attaquer aux plus grandes courses du calendrier en 2014 telles Paris-Nice, Milan-San Remo ou encore... le Tour de France. Pour DirectVelo.com, Bryan Coquard a accepté de faire un bilan complet de sa saison, sans oublier d’évoquer longuement 2014.
« Je suis très satisfait de ma première saison chez les pros. J’ai connu quelques déceptions mais dans l’ensemble, le bilan est très bon. Je ne pensais vraiment pas pouvoir être à ce niveau en tant que néo-pro. J’avais de l’ambition et l’envie de gagner assez rapidement, mais d’un autre côté je ne savais pas du tout où je mettais les pieds. J’étais forcément un peu sur la réserve. Il est toujours difficile de se jauger et de savoir à quel niveau l’on n’est pour ses débuts professionnels. Finalement j’ai pu gagner deux étapes sur ma toute première course, l’Etoile de Bessèges, ce qui m’a parfaitement lancé pour tout le reste de la saison.
« Battre Kittel en Picardie était un signe fort »
Ces résultats à Bessèges resteront un grand souvenir dans ma saison 2013. Autre grand moment, cette victoire d’étape acquise sur le Tour de Picardie en battant Marcel Kittel à la pédale. Ça c’est un signe fort (rires) ! Quand je vois ce qu’il a fait par la suite sur le Tour de France, et que je me dis que j’ai pu le battre... voilà qui donne des idées ! Ce succès restera en tout cas comme mon plus beau de la saison. Et une promesse pour l’avenir. En tout, j’ai donc eu l’occasion de lever six fois les bras cette année (avec également la Classic de l’Indre et deux succès sur le Tour de Langkawi, NDLR). Ce total n’est pas très important. Je veux avant tout prendre du plaisir sur le vélo et progresser course après course. Et puis si j’ai gagné six fois, je retiens surtout que j’ai terminé huit fois deuxième. Il m’arrive donc souvent de passer juste à côté et je dois encore travailler pour faire un peu plus souvent la différence. Parfois, j’ai sans doute manqué d’expérience, mais j’ai également souvent été battu par de grands noms du sprint, comme Mark Cavendish lors du Tour du Danemark ou même Arnaud Démare et Nacer Bouhanni en Coupe de France. Je n’ai pas à rougir de ces places de deuxième, même si dans le futur je compte bien mettre au fond encore plus souvent. Le plus satisfaisant, c’est ce nombre de places sur le podium (16, NDLR) qui prouve que j’ai su être régulier tout au long de la saison. Cela me donne beaucoup de confiance pour 2014.
« Nous avons paniqué au Tour de Vendée »
Travailler aussi régulièrement et spécifiquement pour un sprinteur comme moi, c’était quelque chose de nouveau dans l’équipe Europcar. Du coup, cela a nécessité un gros travail collectif pour mettre notre train en place. Nous avons appris tous ensemble cette année et avons réalisés de très belles choses même si nous sommes aussi passés à côté quelques fois. Je pense notamment à la dernière manche de la Coupe de France, le Tour de Vendée. Nous avons un peu paniqué dans le final, sachant que l’on avait pris les choses en main assez rapidement dans la course. En plus, je manquais un peu de jus ce jour-là. C’était sans doute la fatigue accumulée tout au long de la saison. J’ai un peu coincé dans la dernière ligne droite et j’ai perdu la Coupe de France là-dessus. Cela ne s’est pas joué à grand-chose, mais l’on apprend aussi dans les défaites. De toute façon je ne pense pas que l’on puisse nous reprocher quoi que ce soit sur ce Tour de Vendée, dans la mesure où nous n’avons pas couru pour assurer ma place de leader en Coupe de France, mais bien pour remporter cette course à domicile.
« A Québec, j'ai prouvé que je ne suis pas qu'un sprinteur »
La régularité dont j’ai su faire preuve cette année m’a aussi permis de porter la maillot de leader de l’Europe Tour pendant un mois. C’était très plaisant. J’aurais préféré le porter plus longtemps et même jusqu’au terme de la saison. Remporter ce classement en étant néo-pro, ça aurait été génial et je ne peux qu’être déçu de passer juste à côté (deuxième derrière Riccardo Zoidl, NDLR). L’an prochain, ce sera encore autre chose avec peut-être l’accession de l’équipe au WorldTour. Ce sera un ton au-dessus. Il faudra être très fort mentalement car je risque de moins gagner qu’en 2013. Je vais me frotter très régulièrement aux meilleurs sprinteurs mondiaux sur les plus grandes courses du calendrier. L’idée sera d’apprendre un maximum pour espérer remporter ces épreuves prestigieuses à l’avenir. Le fait d’avoir participé aux deux courses d’un jour canadiennes en septembre m’a rassuré sur mes capacités à briller même sur les courses WorldTour. J’ai terminé 19e sur le Grand Prix de Québec et je n’ai été lâché par le groupe de tête que dans la toute dernière ascension. Je suis heureux d’avoir pu prouver que je ne suis pas qu’un simple sprinteur, mais aussi un coureur capable de répondre présent sur des parcours accidentés et difficiles, y compris au plus haut niveau.
« Qatar et Oman pour débuter 2014 »
Me voilà désormais focalisé sur la saison 2014. Le plus dur commence avec la reprise de l’entraînement. Le premier stage avec Europcar débutera le 12 décembre. Je n’ai pas encore l’intégralité de mon calendrier mais j’en connais les grandes lignes. Je ne vais pas attaquer par l’Etoile de Bessèges et le Tour de Langkawi comme en 2013. Cette fois-ci, je débuterai plutôt au Moyen-Orient, en enchaînant le Tour du Qatar et le Tour d’Oman. Le niveau y sera à coup sûr très élevé et je vais pouvoir me mettre dans le bain dès le mois de février. Ensuite, viendra le moment de m’aligner sur Paris-Nice au mois de mars. Ce sera l’un des grands rendez-vous de ma saison. Puis je vais enchaîner avec Milan-San Remo. Le profil de cette très grande course devrait me convenir dans les années à venir, alors autant la découvrir le plus tôt possible. Autre certitude ; celle de retourner sur Gand-Wevelgem, une classique que j’ai beaucoup apprécié pour ma première participation (16e cette saison, NDLR) et où j’ai les moyens d’aller chercher un résultat un jour ou l’autre.
« Les dirigeants me font entièrement confiance, alors je fonce »
La grande priorité en 2014, ce sera le Tour de France. Ça me fait rêver ! Ce sont les dirigeants d’Europcar qui m’ont les premiers soumis l’idée et je dois bien avouer que je n’ai pas eu à réfléchir longtemps pour me décider. J’étais déjà sûr de moi depuis plusieurs mois (voir ici) et je suis très impatient à l’idée de disputer la plus belle des courses cyclistes au Monde. Bien sûr, il y a déjà un peu d’appréhension et de peur, mais ça ne sert à rien de repousser l’échéance. Je me sens capable de disputer le Tour dès ma deuxième saison professionnelle et les dirigeants me font entièrement confiance. Alors je fonce (rires) ! Si je peux aller titiller les plus grands, je ne vais pas me gêner. J’ai déjà réussi à battre Marcel Kittel, alors pourquoi ne pas le faire sur le Tour (rires). Enfin, je n’en suis pas encore là et je m’élancerai de Leeds avec pour but premier d’emmagasiner de l’expérience. Le plus important, ce sera de bien gérer ma première moitié de saison du Tour du Qatar jusqu’au Championnat de France, histoire de ne pas arriver déjà cramé sur les premières étapes du Tour.
« Je m'étais opposé au départ de Sébastien (Chavanel) »
Plus encore qu’en 2013, je vais maintenant être emmené à devenir le leader de l’équipe sur un bon paquet de courses. Je ne vais pas cacher que ça met beaucoup de pression, surtout à 21 ans. Mes équipiers ne sont pas bêtes et savent très bien qu’il va m’arriver de me rater, et que l’an prochain sur des courses aussi exigeantes que le Tour du Qatar ou Paris-Nice, je ne vais pas gagner tous les week-ends. Il va simplement falloir que l’on reste sur cette bonne dynamique de 2013 sans se prendre la tête. Bon, c’est vrai que le départ de Sébastien (Chavanel) est embêtant. Au début, je m’y étais même opposé. Mais nous avons eu une longue discussion tous les deux et je comprends très bien ses motivations. De notre côté, nous avons recruté Jimmy Engoulvent. Je suis sûr qu’il va m’apporter beaucoup d’expérience. Nous allons énormément travailler les sprints cet hiver pour trouver des automatismes le plus rapidement possible. Il faut dire que même si je me sais capable de me débrouiller tout seul au sprint, on a toujours plus de chance d’aller chercher la victoire en étant emmené par un très bon poisson-pilote, ou mieux encore par tout un train. Après le plus important pour un sprinteur, c’est d’être en confiance et c’est mon cas. J’ai malgré tout conscience que je dois garder les pieds sur terre. Il me reste beaucoup de chemin à parcourir avant d’avoir un palmarès semblable à celui de Mark Cavendish... »
Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com