Benoît Génauzeau : « Apporter du dialogue chez les pros »

Directeur sportif et entraîneur au Vendée U pendant neuf ans, Benoît Génauzeau exercera en 2014 au Team Europcar à temps plein. Un travail dans la « continuité » selon lui, puisqu'il continuera de garder un œil attentif sur l'équipe amateur. A 34 ans, il retrouvera quelques coureurs qu'il a formés, tels Bryan Coquard, Vincent Jérôme, Alexandre Pichot. DirectVelo.com s'est entretenu avec lui sur son « transfert ».

DirectVelo : Quelle sera ton approche en tant que directeur sportif au Team Europcar ?
Benoît Génauzeau : Elle sera assez pédagogique et tournée vers la psychologie. Malgré la notion primordiale de performance qui anime chaque coureur d’Europcar, un directeur sportif doit passer du temps avec chacun pour l'aider à se sentir bien dans sa tête. Je ne vais pas chercher à transposer exactement chez les pros ce que je faisais jusqu'à présent au Vendée U, mais je voudrais apporter du dialogue, tout en restant celui que j’ai toujours été.

Tu conserveras également un lien de travail avec les coureurs du Vendée U ?
Oui. Dans un premier temps, il était question que mon poste soit réparti entre les deux équipes, le groupe pro et le club amateur. Mais à vouloir être à deux endroits à la fois, on risque de ne se retrouver nulle part. Mon rôle est donc celui de directeur sportif du Team Europcar mais je vais former une passerelle avec les coureurs du Vendée U. Par le passé, c'était l'inverse : je dirigeais l'équipe amateur mais j'entretenais des liens avec les pros. En particulier, je continuais d'entraîner les néo-professionnels d'Europcar qui étaient issus du Vendée U.

Donc, directeur sportif chez les professionnels ou les amateurs, c'est quasiment le même travail ?
Pas tout à fait. Au Vendée U, nous apprenons le métier de coureur à de jeunes adultes alors que chez les pros, certains sont déjà pères de famille. Le Team Europcar doit aussi disputer un calendrier sportif très relevé puisqu'il a réintégré le WorldTour. Cela dit, il ne faut pas bâtir un mur entre les deux « mondes ». Dans notre structure, nous avons deux équipes qui cohabitent sous le même toit, ce qui réduit encore plus les différences.

« LE BESOIN DE RELEVER DE NOUVEAUX CHALLENGES »

Considérais-tu que 2014 était le meilleur moment pour quitter le Vendée U, après un nouveau succès cette année en Coupe de France DN1 ?

Sans doute. Maintenant je ne courais pas après ce poste à tout prix. Les quatre dernières saisons avec le Vendée U ont été relativement abouties et florissantes, avec trois victoires en Coupe de France. Nous avons trouvé la bonne carburation à tous les niveaux, en terme de rendement ou de victoires, et ce même si le nombre de succès n’est pas toujours notre priorité. Nous avons pu mettre de belles choses en place. Damien Pommereau et Thibaut Macé (le nouveau directeur sportif du Vendée U, qui officiait chez Sojasun espoir-ACNC, NDLR) sont des amis et je sais que le club sera en de bonnes mains. Je pars en laissant une équipe en bonne santé. Je ressens simplement le besoin de relever de nouveaux challenges. Après neuf ans passés à exercer sur les mêmes courses, j’aurais peut-être pu finir par tourner en rond.

Quelle est ta plus grande fierté en tant qu’éducateur au Vendée U ?
Difficile d’isoler un moment en particulier. Mais la saison 2013 garde une saveur particulière. Nous avons su fédérer tout un groupe, alors que nous étions déboussolés par le départ plus que réussi de l’Armée de Terre en Coupe de France DN1. Avec tout l’encadrement, nous avons été capables de mobiliser les coureurs et de faire en sorte que chacun se sente concerné par l'enjeu, même pendant la période estivale. Remporter une nouvelle fois la Coupe de France dans ces conditions, sur le fil, c’était un grand moment ! Surtout pour un éducateur sportif comme moi : il s’agissait vraiment de la victoire de tout un groupe.

Voir un de tes anciens (et futurs) coureurs comme Bryan Coquard briller chez les pros, ça doit également te rendre fier ?
Bryan, je l’ai appelé après sa première victoire sur l’Etoile de Bessèges. Je lui ai dit : « Ecoute, tu vas sûrement en gagner encore plein d’autres, alors je ne vais pas t’appeler à chaque fois ! » (rires). Il faut laisser les gars voler de leurs propres ailes. Evidemment, quand j’avais la possibilité de suivre mes anciens protégés, je le faisais... Mais sans nostalgie. J’étais seulement content pour eux. Et j’avais la mission de monter une équipe au Vendée U encore plus compétitive que l’année précédente. Et ça, c’était un sacré défi !

Crédit Photo : Etienne Garnier - www.velofotopro.com
 

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