Lilian Calmejane : « Des journées magiques »
Vendredi, il s'impose au sommet de l'Hospice de France, sous la neige, en solitaire. Samedi, il récidive dans le contre-la-montre par équipes avec le Vendée U. Interview avec Lilian Calmejane, l'actuel 4e de la Ronde de l'Isard, avant l'enchaînement de trois cols sur la dernière étape.
DirectVélo : Il y a d'abord eu ton succès en haute montagne : inespéré ?
Lilian Calmejane : J'ai vécu une journée magique, parce que j'étais échappé au pied de la dernière ascension avec deux anciens coéquipiers, deux amis également (Romain Campistrous et Loïc Bouchereau, de l'Occitane Cyclisme Formation, NDLR). Ils m'ont décrit la montée, ils m'ont dit là où il faudrait accélérer ou récupérer. Je pensais que Romain allait me larguer parce qu'il est plus léger que moi, lui c'est un vrai grimpeur ! Mais il a plafonné, alors j'y suis allé. Quelque part, on était réunis tous les trois dans une même aventure. On jouait la gagne sur une épreuve UCI, la plus belle course de notre région (il est originaire d'Albi, dans le Tarn, NDLR). J'avais du mal à y croire. Mais je ne me posais plus de question. Je voulais juste en finir, tellement il faisait froid.
Comment expliques-tu que tu as devancé des grimpeurs confirmés sur des pentes à plus de 15%, au-dessus de Bagnères-de-Luchon ?
Normalement, face aux « vrais » grimpeurs, je me situe dans un Top 15. Samedi, si j'étais resté dans le peloton des favoris, j'aurais probablement terminé dans le top 6 de l'étape, parce que j'ai une bonne résistance au froid. J'étais bien couvert. Mais surtout, j'ai attaqué dans la vallée, pour me réchauffer. Ma prise de risque a payé. Le plus fort, c'est que je reviens de loin : j'avais jusqu'à trois minutes de retard sur la tête de course et je suis progressivement remonté sur le plat. C'est à ce déroulement des faits que je pensais vendredi soir, au moment de m'endormir.
« LA PRESSION N'EST PLUS DANS MON CAMP »
Or, tu as remporté une deuxième étape samedi, avec le chrono par équipes...
Oui, c'est une nouvelle fois magique. Cette fois, je me trouvais avec les copains de mon club actuel. Tout le monde était revanchard : Romain Guyot était déçu de sa prestation sur la première étape, Valentin Dufour avait craqué sur la deuxième étape (tétanisé par la pluie, NDLR), Guillaume Thévenot était présent dans la bonne échappée samedi matin mais il avait perdu l'étape... On avait tous une envie énorme. Je l'ai sentie dans les passages de relais. C'est une victoire différente de la veille parce qu'elle appartient à tous les coureurs et à tout le staff. On a savouré ensemble.
Certains favoris estiment que tu es une menace pour le classement général final. As-tu l'ambition de monter sur le podium ?
Je suis actuellement sur la troisième marche, ex-aequo avec Tiesj Benoot (Lotto-Belisol U23). Mais je m'étonne qu'on me cite comme un favori. D'ailleurs, j'ai bien vu que certains me pointaient samedi matin. Je ne dis pas que je vais finir sur le podium. Avec deux étapes sur cinq remportées sur cette Ronde de l'Isard, la pression n'est plus dans mon camp. Dimanche, il pourrait pleuvoir, il pourrait faire froid. On aurait alors les mêmes conditions que lors de ma victoire samedi. Je suis plus épais que d'autres grimpeurs. C'est vrai que ça m'inspire. Mais je préfère assurer le Top 5 et surtout me faire plaisir. Louis Vervaeke me semble difficile à battre. Il est intelligent, son équipe sait gérer la course et il est robuste.
Crédit Photo : Nicolas Le Cheviller - www.radiovelo.fr