Pauline Ferrand-Prévot : « Le cœur à 200 »

Après sa troisième place sur le contre-la-montre jeudi, Pauline Ferrand-Prévot a remporté en solitaire la course en ligne du Championnat de France, à Chantonnay (Vendée). La Championne du Monde, que l'on disait diminuée par une blessure était "soulagée" après sa victoire.
 
DirectVelo.com : Comment as-tu géré ta course ?
Pauline Ferrand-Prévot : J'avais prévu d'accélérer dans le quatrième tour. Je souhaitais tester mes adversaires. C'est ce que j'ai fait, ça m'a permis d'écrémer le peloton. Nous avons ensuite collaboré à trois avec Fanny Leleu et Amélie Rivat. Fanny avait du mal sur les portions plates et elle a fini par lâcher. A ce moment là, j'ai motivé Amélie en lui "gueulant un peu dessus" (rires). J'avais peur qu'Audrey Cordon qui était partie en contre puisse revenir sur nous. Lorsque je me suis retrouvée toute seule dans la côte, je me suis dit que je n'avais plus le choix. J'ai saisi ma chance !
 
« UN IMMENSE SOULAGEMENT »
 
Quelles sensations avais-tu aujourd'hui ?
Les jambes tournaient bien. Je me suis fait mal du début à la fin. Mes pulsations cardiaques étaient toujours aux alentours de 200 par minutes et ne redescendaient pas. J'ai eu un peu peur de ne pas tenir jusqu'au bout mais je suis une fille têtue et de déterminée ! Je suis restée sur le même rythme et je n'ai pas faibli.
 
Ta sciatique ne te fait donc plus souffrir ?
Vendredi dernier je suis allée rouler à 9h, il pleuvait. Je voulais voir si j'avais encore mal. C'était peut-être une bêtise mais je suis contente de l'avoir fait parce que je me suis écoutée. J'ai quand même coupé pendant deux semaines avant de reprendre. Comme je ressentais encore une douleur, j'ai pris cinq jours de repos supplémentaires. J'ai eu la confirmation que j'étais en forme sur le chrono. Dans ce genre d'exercice, une troisième place n'arrive pas par hasard. J'ai peut-être perdu de la force sur le plat mais en montée, je n'en ai pas l'impression. Aujourd'hui je n'ai pas eu mal du tout. Je n'y ai d'ailleurs pas pensé avant le dernier kilomètre. C'est un immense soulagement !
 
« JE M’ETAIS UN PEU TROP HABITUEE A LA VICTOIRE »
 
Ce titre après ta blessure a-t-il une signification particulière ?
C'est sûr que ça fait très plaisir ! En plus c'est l'anniversaire de mon petit-ami aujourd'hui, c'est une manière de le remercier pour m'avoir supportée. Je n'ai pas été très agréable ces derniers temps... Je m'étais un peu trop habituée à viser la victoire sur toutes les courses. A tel point que lorsque je terminais sur le podium, je pleurais ou je faisais la tête. Il y a encore 2 ans, finir troisième de la Flèche Wallonne m'aurait ravie...
 
Donc quelque part, cette sciatique est un mal pour un bien...
Ça m'a permis de me remettre en question. Je pense maintenant que je suis beaucoup plus à même de tout encaisser. Je fais attention à prendre soin de mon corps. J'ai sans doute trop "tiré sur la corde" et il a dit stop. C'est possible que l'hiver prochain je raccourcisse ma saison de cyclo-cross. Peut-être aussi que je commencerai ma saison sur route un peu plus tard que d'habitude. Dans tous les cas, je me ménagerai des périodes de repos à l'avenir.
 
« LES JEUX OLYMPIQUES 2016, UN GROS OBJECTIF »
 
Comment vois-tu la suite ?
Jusqu'ici, je courais un peu au jour le jour, je faisais attention à ne pas trop en faire. Le Giro commence dans une semaine, je ne sais pas encore si j'y participerai. Il est trop tôt pour le dire. Mais pourquoi ne pas y aller, sans pression. Les Jeux Olympiques de Rio constituent aussi un gros objectif. J'ai accumulé beaucoup d'expérience à Londres et je compte bien en tirer profit !

Crédit photo : Freddy Guérin - www.directvelo.com
 

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