Vendée U dévastée

"Nous étions ultra favoris, la course restera ultra inachevée". Jérémy Cornu fait partie de ces Vendée U attristés après la ligne d'arrivée, à l'heure du déjeuner vendredi, quand le soleil a commencé à plomber ce bout de campagne.
Le Championnat de France Amateurs 2015 devait être le leur, organisé dans leur fief vendéen, près de leur siège des Essarts, pour ce qui aurait dû être le couronnement d'une saison sans ombre, une victoire d'autant plus éclatante que chaque coureur ou presque était marqué du sceau rouge du favori. Dimitri Champion, l'un des leurs en 2006, n'avait-il pas triomphé sur ce même circuit de Chantonnay ?
Mais, cette fois, le mieux classé de l'équipe, Romain Guyot, termine 12e à 46" de Clément Mary (Sojasun espoir-ACNC), inattendu vainqueur (lire ici).
 
UNE COURSE A CONTRE-TEMPS
 
"Grosse déception", "mauvaise spirale enclenchée dès le début"... Le constat était lucide, sévère, tranchant sur cet échec, exprimé à voix basse, les idées déjà claires.
"J'ai très vite compris que je ne serai pas dans le coup physiquement", regrette Lilian Calmejane, le leader du Challenge BBB-DirectVelo, qui a dû se contenter d'une 19e place samedi. "C'est vrai, personne n'était impérial. Du coup, pas grand monde n'a osé se mettre dans le rouge", observe Lucas Destang, non retenu dans la sélection et qui a souhaité encourager ses amis sur le bord de la route.
 
Un manque de fraîcheur, donc. Mais pas seulement. "Nous avons couru à contre-temps dès le départ", pointe Thibaut Macé, le directeur sportif. Il n'y avait aucun Vendée U dans l'échappée initiale de 14 concurrents. Loïc Bouchereau (42e) et Romain Guyot étaient supposés contrôler le premier tronçon de l'épreuve. En vain. Dans le même temps, Romain Cardis (78e) devait plus ou moins se ménager en cas d'arrivée au sprint, mais avec une succession d'offensives et de pièges tendus, cette issue s'est rapidement éloignée.
 
LA CHUTE DANS UNE DESCENTE
 
Puis ce fut l'entrée en action de Jérémy Cornu, qui avait fait un gros objectif de ce Championnat, presque au même titre que le Tour de Normandie. Las, il lui fallait chasser pendant trois tours pour rejoindre le groupe de tête. "Pas très rassurant", dit-il.
Un instant, les Vendéens ont cru sauver leur course, lorsque Fabien Grellier s'est porté à l'avant. Le plus saignant du club ce jour-là se trouvait aux côtés de huit concurrents jusque dans l'avant-dernier tour. Jusqu'à sa chute dans une descente, en fait, quand il a percuté la roue arrière de François Bidard (Chambéry CF), lui même déséquilibré par un bidon qu'Hugo Hofstetter (CC Etupes) avait répandu par mégarde sur le goudron.
 
"Fabien s'en veut, il se sent responsable de notre mauvais résultat, mais ce n'est évidemment pas de sa faute", plaident les collègues. Cornu refuse lui aussi les responsabilités individuelles, préférant parler d'un climat de stress collectif : "Quand tout part mal sur une épreuve, le reste est à l'avenant. La chute peut être une des conséquences d'une mauvaise course".
 
PROBLEME DE PRESSION ?
 
Avec Grellier à terre, le corps couvert d'écorchures, l'équipe a perdu ses dernières illusions. "La course était pliée, nous n'avions plus les jambes pour relancer", raconte Loïc Bouchereau.
 
Le démarrage de Calmejane dans le final avait des allures désespérées. Même s'il s'est rapproché à une trentaine de secondes de la tête à 5 km de la fin, "les meilleures équipes étaient représentées, donc personne n'allait relayer à l'arrière".
 
Reste enfin l'hypothèse que les Vendéens auraient craqué sous le poids des responsabilité. Stéphane Poulhiès (Occitane CF), classé 10e, estime que "la pression sur un Championnat, a fortiori pour une équipe qui joue à domicile, est terrible. Surtout lorsque ces coureurs sont jeunes." Thibaut Macé l'admet : "Nos coureurs se sont mis la pression".
 
DU REPOS AVANT LE PORTUGAL
 
Blessée dans son orgueil de sportif, parfois dans sa chair, le club a quitté Chantonnay à bord d'un bus Europcar, en direction du Manoir Saint-Michel, son quartier général (et celui de l'équipe dirigée par Jean-René Bernaudeau). Dans l'après-midi, le barbecue préparé par Damien Pommereau, l'autre directeur sportif, devait permettre de détendre l'atmosphère.
 
"Certes, le Championnat devait constituer une cerise sur le gâteau, explique Macé. Mais il faut rappeler que l'équipe a été excellente depuis le début de saison. Nos coureurs vont maintenant se reposer et se remobiliser pour nos prochains objectifs."
 
Après quelques jours de repos, les coureurs reprendront la compétition sur le Trofeo Joaquim Agostinho (2.2), au Portugal, du 9 au 12 juillet. Puis ils iront défendre leur position de leader sur la Coupe de France de DN1, dans un circuit où ils ont l'habitude d'exprimer le meilleur d'eux-mêmes : force individuelle, puissance collective, science de la course.

Crédit photo : Maxime Segers - www.directvelo.com
 

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