René Mandri : « Les Estoniens doivent partir en France »

Les Estoniens espèrent beaucoup du Championnat d'Europe Espoirs Hommes sur route de ce dimanche. Pour DirectVelo.com, le sélectionneur national René Mandri revient sur la préparation spécifique de ses coureurs lors des dernières semaines, et de l'éventuelle pression qui entoure son groupe. 

DirectVelo.com : Es-tu optimiste pour la course sur route Espoirs de dimanche ?
René Mandri : On ne peut jamais prédire ce qu’il va se passer sur une course, mais ce qui est certain, c’est que l’équipe est soudée et que chacun sait ce qu’il doit faire. On a des coureurs de tout type qui sont capables de faire la course sur chacune des portions du circuit. Martin (Laas) va vite au sprint. Si la course devait se terminer au sprint, il faudra espérer que Martin ne soit pas isolé et que d’autres coureurs de l’équipe puissent l’épauler jusque dans le final. Maintenant, l’idéal serait quand même d’avoir une course de mouvements. On va essayer de durcir la course en mettant des gars de l’équipe dans des échappées. On n’a pas intérêt à voir un groupe de 100 coureurs arriver au sprint. 20 ou 30 coureurs, ça pourrait aller, mais pas plus.

Comme nous l’expliquais Jaan Kirsipuu en début de semaine (lire ici), l’équipe semble avoir beaucoup travaillé ce Championnat d’Europe à domicile…
Oui, avec Jaan (Kirsipuu), on s’est dit dès l’an dernier qu’il fallait vraiment que l’on fasse le maximum pour préparer ce Championnat. Depuis 2009, nous n’avions plus de vraie équipe nationale Espoirs. C’était compliqué, avec des moyens limités. Nous n’avions par exemple qu’un seul entraineur national, pour l’équipe Juniors. La Fédération Européenne nous a donné un bus, puis nous avons eu des voitures. Tout s’est amélioré, avec le peu d’argent que nous avions à disposition. Nous avons décidé de partir en stage dès la mi-novembre, avec des tests d’efforts, avec un groupe homogène. Nous sommes allés au Portugal trois semaines, puis une vingtaine de jours en Espagne. C’était un bon travail. Il ne faut pas oublier qu’il y a peu de temps, nous n’avions que deux ou trois coureurs au niveau. Ensuite, c’était difficile de trouver de bons coureurs. Aujourd’hui, il y a une bonne dizaine d’Estoniens capables de marcher à ce niveau.

« LE NIVEAU AMATEUR FRANCAIS EST LE MEILLEUR AU MONDE »

Qu’en a-t-il été de la préparation sur les dernières courses du mois de juillet ?
L’équipe a marché fort sur la manche de Coupe des Nations en Italie. C’était une bonne préparation. On a terminé avec le Kreiz Breizh Elites. C’est une course difficile qui a pu rester dans les jambes, mais j’espère que tous auront retrouvés de la fraicheur pour dimanche.

La majorité des Estoniens présents à Tartu cette semaine courent dans des formations amateurs françaises toute l’année. Est-ce un passage obligé pour eux ? 
En Estonie, nous ne pouvons pas garder les coureurs. Nous n’avons pas d’équipes, de directeurs sportifs, de mécanos. Ils doivent partir en France. Le niveau amateur français est le meilleur au monde. On le voit avec le résultat des français à l’international. Ils sont présents toute l’année sur toutes les courses. Le fait que la France accueille tant de coureurs estoniens est une très bonne chose pour nous.

« JE NE LES SENS PAS NERVEUX »

Penses-tu Martin Laas capable de faire une belle carrière chez les professionnels comme ont pu le faire Kirsipuu, Taaramäe ou Kangert avant lui ?
Il est en constante progression depuis les rangs Juniors. Avant, c’était un pur sprinter. Il avait du mal à passer un pont… aujourd’hui, il est devenu plus complet, même un coureur de Classiques. Même sur son Top 10 en Italie, on a vu qu’il avait pu tenir avec les costauds sur un parcours difficile. S’il est bien entouré dans une bonne équipe, il pourra faire quelque chose. Il va prochainement faire le Tour du Poitou-Charentes avec le Team Marseille 13-KTM. On verra comment il se comporte là-bas et si l’équipe lui laisse l’opportunité de faire les sprints.

Le groupe ressent-il de la pression avec les attentes autour de ce Championnat d’Europe à domicile ?
C’est difficile de savoir ce qu’ils ressentent, beaucoup sont assez timides. J’ai du mal à imaginer ce qu’ils peuvent avoir dans la tête, alors j’essaie de rester près d’eux, de les épauler. J’essaie surtout de les rassurer, de leur dire que même si le résultat ne devait pas être au rendez-vous, ce ne serait pas la fin du monde. On tentera tout pour gagner. Si ça ne passe pas, ce sera simplement la course. On essaie de ne mettre aucune pression aux coureurs. Mais ils ont l’air relax finalement. Je ne les sens pas nerveux. Et puis on a quand même l’avantage du terrain. Six des sept coureurs de l’équipe ont déjà couru sur ce circuit sur le GP de Tartu. C’est rassurant. Et puis nous avons donc sept coureurs ! Avant, nous n’en avions pas autant. C’est un autre avantage. 

Propos recueillis par Nicolas Gachet et Nicolas Mabyle.

Crédit photo : Freddy Guérin - www.directvelo.com

 

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