Nouveauté 2016 : Une saison extra longue

DirectVelo fait le point sur ce qui change pour le cyclisme avec le passage à la nouvelle année

Le Qatar, c'est tard. Très tard. Trop tard ? Le décalage des Championnats du Monde sur route la mi-octobre va obliger les coureurs à jouer les prolongations. Ce changement de date d'un des principaux rendez-vous au calendrier était indispensable dès lors qu'il était attribué dans cet état du Golfe, pour éviter les 45°C qui sévissent encore en octobre (voir les autres cas particuliers de ce Mondial ici). Mais, en se déroulant deux semaines plus tard que d'ordinaire, l'épreuve au maillot arc-en-ciel va affecter le reste de l'agenda 2016. Donc la préparation sportive, et peut-être le mental des coureurs.

LE SECRET : PLANNIFIER

« Effectivement la date tardive des Championnats du Monde pose un problème de planification de l'entraînement, notamment chez les jeunes », reconnaît Julien Thollet, interrogé par DirectVelo. L'entraîneur national des Juniors français souligne « la nécessité de lever le pied au cours de la saison ». Et de citer deux exemples de réussite en 2015 chez les 17-18 ans : l'Allemand Leo Appelt, médaillé d'or dans le contre-la-montre, et le Français Clément Betouigt-Suire, qui a pris l'argent dans l'épreuve en ligne. « Ils ont été tous le deux discrets en été soit grâce à une planification basée sur la piste, soit à cause d'une blessure », observe l'entraîneur. Ce qui, au bout, a favorisé les chances de monter sur le podium. Précision de Thollet : « Mieux vaut ne pas attendre la blessure pour que les coureurs puissent 'bénéficier' d'une période de repos, mais la planifier ».

Encore plus que les autres années, il faudra être malin avec le calendrier. Par exemple rouler léger en juin et juillet pour les Juniors candidats au Mondial. « Ça tombe plutôt bien car c'est la période des examens du Bac », note Julien Thollet. La coupure pourrait être franche en juillet pour une reprise en août et un « travail important de six à huit semaines avant les Championnats du Monde », estime pour sa part Jean-Pierre Dubois, le coach des Espoirs belges.

LE RISQUE D'UN GROS DEBUT DE SAISON


Lui aussi insiste sur la nécessaire « fraîcheur mentale » des coureurs. « Le Mondial signifie traditionnellement la fin de saison pour de nombreux coureurs et sa date est déjà habituellement tardive, explique-t-il à DirectVelo. En 2016, il faudra sélectionner des garçons encore plus motivés et capables d'être compétitifs sur le tard. Ils auront certes le potentiel physique adéquat mais aussi une grosse envie de courir... ».
Pas si simple de tenir la distance. A cause notamment des calendriers des équipes qui libéreront leurs coureurs pour le Mondial. Pour Pierre-Yves Chatelon, l'entraîneur des Espoirs français, « la collaboration et le dialogue seront indispensables avec les clubs amateurs et les équipes pros » (les coureurs membres des équipes Continentales Pro et WorldTour peuvent être engagés chez les Espoirs). Les clubs de DN accepteront-ils facilement de lâcher leurs meilleurs éléments pour des stages Equipe de France en septembre, alors que se jouera la finale de la Coupe de France ? Le décalage du calendrier rapproche le Mondial de la date fatidique pour de nombreux clubs.
Autre complication : le début de saison 2016 potentiellement flamboyant de nombreux coureurs. « Nous avons eu jusqu'à présent un hiver clément, du coup les coureurs sont tentés de rouler, constate Julien Thollet. Ce qui peut être préjudiciable pour la fin de saison ». Sans doute faudra-t-il canaliser les énergies non pas cet été mais d'entrée de jeu...


DEUX GROUPES DISTINCTS EN EQUIPE DE FRANCE


Mais les entraîneurs ont déjà défini leur stratégie. Préservés, les candidats au Mondial ne disputeront pas les Championnats d'Europe, qui auront lieu un mois avant, sur les routes de Nice. C'est en tout cas l'option retenue par la France et la Belgique. Les parcours, très différents, dissuadent de piocher dans les mêmes effectifs. Doha, au Qatar, s'adresse aux routier-sprinters. Nice, aux puncheurs. Pierre-Yves Chatelon travaillera ainsi tout au long de la saison sur deux groupes Espoirs : l'un consacré aux classiques, avec le Mondial en point d'orgue (et les épreuves de Flahutes en Coupe des Nations). L'autre taillé pour les grimpeurs, en vue des Championnats d'Europe (et du Tour de l'Avenir!).

Car c'est toute la saison qui va être chamboulée, à la marge. Le rendez-vous européen est décalé, lui aussi, pour se tenir du 12 au 18 septembre, soit cinq semaines plus tard qu'en 2015. Ce changement de dates, sans rapport avec celui du Mondial (c'est plutôt l'organisation des Jeux olympiques qui est en cause), obligera les grimpeurs et les puncheurs à tenir bon après le Tour de l'Avenir. Deux semaines après leurs tribulations dans l'Est de la France et les cols des Alpes, ils devront encore être à leur pic de forme...

PARIS-TOURS ET LE TROPHEE DES CHAMPIONS PASSENT AVANT LE MONDIAL


Le reste du calendrier évite la casse. Plusieurs épreuves qui auraient pu faire les frais du Championnat du Monde en octobre auront lieu à des moments « raisonnables ». Paris-Tours Espoirs (9 octobre) conserve ainsi sa date usuelle, mais la classique se déroulera avant et non après le Mondial. Les sprinters s'en serviront d'ailleurs de répétition générale avant le Qatar... mais chez les pros seulement. Car les moins de 23 ans n'auront pas assez de jours entre l'épreuve française et le circuit de Doha, et ils seront vraisemblablement déjà au milieu du désert quand se tiendra Paris-Tours.

Même maintien de date pour le Trophée des Champions, la finale des Coupes de France DN1, DN2 et DN3 (désormais obligatoire pour les meilleurs clubs français – lire ici). La course avait lieu le 3 octobre en 2015. Elle passe au 5 octobre cette année mais là aussi au prix d'une contorsion : elle se tiendra avant (et non après) le Mondial, et surtout en semaine, un mercredi, pour éviter la « concurrence » que craint la FFC avec les Championnats de France sur piste du week-end précédent. Le bouquet final sera tiré, lui, une semaine plus tard, et c'est un moindre mal. Le Chrono des Nations aux Herbiers est a priori fixé le 23 octobre, au lieu du 18 en 2015. Une semaine après le Mondial. Les meilleurs rouleurs resteront donc en haleine pour une épreuve qui peut faire basculer le Challenge BBB-DirectVelo (Louis Louvet avait obtenu sa 3e place finale au classement grâce à sa performance des Herbiers). Ensuite, et seulement ensuite, ceux qui ne seront pas déjà en vacances pourront s'offrir un repos bien mérité.

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Crédit photo : www.dohacycling2016.com
 

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