Jérémy Lecroq s'aiguise
A la sortie du Carrefour de l'Arbre, c'était lui l'homme de tête. Selon la légende, il aurait dû alors gagner Paris-Roubaix Espoirs. Mais Jérémy Lecroq était dans un groupe de contre-attaque (avec notamment Jenthe Biermans, le Belge qui termine 2e) et non dans l'échappée : ça ne compte pas. D'ailleurs, il ne gagne pas. "Je suis hyper déçu", glissait le coureur du CC Nogent-sur-Oise, à chaud. Il a crevé deux secteurs après le célèbre Carrefour, sur le pavé de Hem. Comme on dit en pareil cas, "c'est Roubaix". Course aléatoire. On peut être l'un des plus forts de la course et franchir la ligne sur le vélodrome en 52e position.
Tout avait bien commencé, à une quarantaine de kilomètres de la fin. Au moment décisif de l'épreuve, vers Mons-en-Pevèle, Lecroq accélère. Il est l'un de ceux qui résorbent l'écart sur l'échappée matinale. Puis il part seul sur le secteur de Camphin-en-Pevèle. Les autres costauds sont postés calquent leur course sur lui. C'est une super journée qui s'annonce à 40 kilomètres, une chute qui vient tout gâcher à dix kilomètres... Oui, "c'est Roubaix".
Lecroq taille un peu plus sa stature. Son agilité sur les pavés, sa capacité à toucher la bonne forme lors de ses objectifs confirment qu'il joue parmi les coureurs de classiques (lire ici). Son palmarès l'indique aussi cette saison : 5e d'étape Paris-Arras Tour, 7e d'étape sur le Circuit des Ardennes, 8e du GP de Lillers... En Coupe des Nations Espoirs, sous le maillot de l'Equipe de France, il se classe 11e de Gand-Wewelgem et 6e d'étape d'étape sur le ZLM Tour (sans un incident de dérailleur dans le chrono par équipes, il espérait faire mieux que sa 5e place au général de l'an passé).
"Je me fais plaisir quand ça frotte, résume Lecroq. J'adore les sprints et le fait de m'y mêler dans les belles courses du calendrier UCI m'aide à progresser dans les classiques. Le sens d'un placement joue sur un Paris-Roubaix."
Hors de question d'attendre le sprint : le coureur de l'Essonne se met en branle bien avant la ligne, comme il l'a encore montré dimanche dans l'«Enfer du Nord» des 19-22 ans. Dans une sortie de virage, il hausse l'allure et il se détache du groupe des favoris, lancé aux trousses de l'échappée. Séance de rattrapage : le Tour d'Eure-et-Loir, du 10 au 12 juin, une manche de la Coupe de France DN1 propice aux coups de bordures et moins connue pour ses chutes et crevaisons. Du cousu-main pour Lecroq.