Pierre Idjouadiene : « Pas d'autres alternatives que la victoire »
Il s'en souviendra toute sa vie ! Ce samedi, Pierre Idjouadiene a remporté le Circuit des 4 Cantons-Souvenir Etienne Fabre (Allier). Une victoire au panache que le coureur du CC Etupes est allé chercher au plus profond de ses tripes et de son cœur. Il rend ainsi le plus beau des hommages à son ami Etienne Fabre, lauréat de cette même course l'an dernier et tragiquement disparu cet hiver. Pierre Idjouadiene partage son émotion avec DirectVelo.
DirectVelo : Que ressens-tu quelques minutes après l'arrivée ?
Pierre Idjouadiene : Beaucoup d'émotions et de fierté ! Je suis vraiment fier de ce que je viens de faire. Forcément, je suis passé par toutes les émotions, du moment de mon attaque jusqu'à ma montée sur le podium après l'arrivée. D'ailleurs, je dois avouer que je suis rincé : d'abord physiquement par cette course mais aussi mentalement par tout ce que je viens de vivre. Je viens de regarder tous les messages que l'on m'a envoyé sur les réseaux sociaux... c'est un grand moment.
« IL FALLAIT DYNAMITER LA COURSE »
Tu as remporté ce Circuit des 4 Cantons après 30 kilomètres d'échappée avec Grégoire Tarride : avais-tu un plan précis en tête ce midi au départ ?
J'espérais plus ou moins le même scénario que l'an passé, sachant que les conditions météo étaient, pour le coup, presque les mêmes. J'imaginais bien une bonne échappée prendre du champ puis les costauds s'expliquer derrière dans les 50 derniers kilomètres, avec des coups de bordures. Mais finalement, on s'est plutôt fait ch*er pendant près de 100 bornes et il ne s'est pas passé grand-chose (sourires). En plus, il faisait froid. Il y avait cinq coureurs devant dont Rémi Aubert pour nous. Du coup, je n'avais pas à bouger et c'était tranquille...
Pourquoi tes équipiers Edouard Lauber et Paul Sauvage ont-ils tenté de sortir en contre ?
C'est vrai qu'il fallait dynamiter la course mais à ce moment-là, je n'ai pas compris ce qu'ils ont fait (rires). En plus, nous n'étions que six de l'équipe au départ et avec un mec devant, nous n'étions déjà plus que cinq dans le peloton. Finalement, ils ont vite été repris. Le CR4C Roanne a ramené le peloton sur les échappés et une autre course a commencé. Beaucoup de coureurs ont tenté leur chance mais il y avait toujours une équipe pour rentrer. Jusqu'à ce que je sorte avec Tarride.
« J'ESPÉRAIS QUE L'ON SOIT UN PEU PLUS NOMBREUX »
Pourquoi avoir tenté le coup à ce moment-là ?
J'ai senti une ouverture. Les copains avaient bien travaillé et il fallait que je tente quelque chose. Surtout, je me doutais très bien que je n'allais pas gagner au sprint massif. Il y avait des mecs plus rapides que moi au départ de la course, alors il fallait que je tente. Le plus important pour moi aujourd'hui (samedi), c'était de tout mettre en œuvre pour essayer de gagner. Soit j'allais au bout, soit je finissais à cinq minutes en ayant tout donné mais je voulais vraiment franchir la ligne d'arrivée en ayant absolument tout donné.
Grégoire Tarride et toi avez rapidement su creuser l'écart sur le peloton...
Sur le coup, j'avais peur que ce soit trop juste à deux. J'espérais que l'on soit un peu plus nombreux mais on a roulé très fort. L'écart est monté très vite effectivement et ça m'a donné beaucoup d'espoir et encore plus de forces.
« JE ME DOUTAIS QUE TARRIDE ALLAIT TENTER QUELQUE CHOSE »
Quand as-tu compris que vous alliez pouvoir vous jouer la gagne à deux ?
On a pris 55 secondes en dix kilomètres. Quand on nous a annoncé cet écart de 55 secondes, je me suis dit qu'il allait être dur de venir nous chercher. Mais j'ai vraiment compris que c'était bon à deux tours de l'arrivée. Le circuit nous était favorable. Je savais que le seul moment où le peloton pouvait nous reprendre du temps, c'était sur le faux-plat montant à l'autre bout du circuit. Sauf que cette partie était vent de dos et du coup, on a pu y limiter la casse à chaque fois. Le peloton ne nous reprenait presque rien.
Qu'est-ce qui t'es passé par la tête dans ces deux derniers tours ?
Beaucoup de choses ! Je commençais à avoir des crampes. Je suis vraiment resté concentré sur la course. Le plus important était d'abord de garder une entente parfaite avec Tarride. C'est d'ailleurs pour cela qu'on a vite décidé de se partager les primes qu'il y avait à chaque passage sur la ligne d'arrivée. Ça nous permettait de rouler à bloc sans se prendre la tête. Malgré tout, je me doutais qu'il allait tenter quelque chose dans une portion difficile. Et ça n'a pas loupé ! Il est sorti dans le dernier faux-plat. Il a creusé un petit trou puis il a été gêné par des mecs qui étaient en train de se prendre un tour. Je dois avouer que ça m'a bien aidé à rentrer, même si j'ai quand même senti qu'il n'avait plus trop de giclette. Après ça, il était écrit que ça allait se jouer au sprint.
« CA POUVAIT PARAÎTRE PRÉTENTIEUX MAIS... »
Et là, tu ne pouvais plus être battu ?
J'avais confiance en ma pointe de vitesse, bien sûr. Tarride a lancé le sprint de très loin, aux 400m. Du coup, je suis resté dans sa roue un bon moment... j'ai décidé de le remonter petit à petit puis j'ai déboîté aux 100m. Et c'était gagné !
Finalement, il était impossible de te battre aujourd'hui ?
Je crois que oui (rires) ! Clairement, j'avais pris le départ avec une énorme envie de gagner. Sur la ligne de départ, j'ai regardé les mecs autour de moi et je me suis dit... "mais il n'y en a pas un qui va me battre les gars". Ça pouvait paraître très prétentieux mais je ne voyais pas d'autres alternatives que la victoire.
Cette victoire, tu t'en souviendras toute ta vie...
Oui, c'est sûr. Je gardais déjà de grands souvenirs de l'an dernier. Comme je l'avais raconté hier (vendredi), je me revois encore rentrer de la course avec Etienne, lorsqu'on avait fini la soirée au champagne après sa victoire (lire ici). En un an d'intervalle, je garderai deux immenses souvenirs de ces deux moments.