Les clubs s'interrogent sur les chemins de terre

Crédit photo Julie Desanlis

Crédit photo Julie Desanlis

Depuis deux saisons, le Tour du Lot-et-Garonne propose des chemins sur son parcours. Les organisateurs ont décidé de durcir la course cette année avec l’ajout de plusieurs secteurs dont le deuxième qui a causé quelques problèmes : plusieurs chutes dont celle d’une moto commissaire. Sans remettre en cause le Tour du Lot-et-Garonne dont la qualité de l’organisation et du parcours en lui-même a semble-t-il satisfait le peloton, certains clubs se posent la question du bien fondé de ces courses qui empruntent des chemins et surtout de leur impact sur la Coupe de France.

« QUATRE SUR DOUZE C’EST TROP »

"Je pense que quatre jours de course avec des chemins sur les douze de la Coupe de France, c’est trop". Le jugement est de Stéphane Bauchaud, le manager de l’Océane Top 16. "C’est déjà assez contraignant de participer à la Coupe de France DN1 et il y a déjà assez de caractère aléatoire dans la compétition pour ne pas en rajouter. Un jour oui quatre c’est trop et où sera la limite...", poursuit-il.

Avec la SportBreizh, le tiers des jours de course en Coupe de France DN1 comprendra des passages par des chemins. Soit la multiplication des risques de chutes et de crevaisons. Il y en a eu plus d’une cinquantaine sur le Tour du Lot-et-Garonne -dont six pour Bruno Armirail (Occitane CF). “La question de l’équité peut se poser sur la SportBreizh car une équipe locale pourrait mettre un assistant à la sortie de chaque secteur alors que nous qui venons de l’autre côté de la France, on sera à trois encadrants maximum”, avance Jérôme Gannat.

Le directeur sportif du CC Etupes n’est pas non plus convaincu par la sélectivité de ces secteurs. “Mis à part sur le premier secteur qui était en côte, les coureurs n’ont pas été mis en difficulté. Ce sont plus les crevaisons qui ont fait la sélection”, ajoute-t-il. "On nous interdit toute la saison de ramener les coureurs qui ont crevé mais alors là on aurait fini la course à vingt."

« JE NE SUIS PAS POUR LE SPECTACLE À TOUT PRIX »

Il y a aussi la question du budget qui est invoquée. Les clubs ont perdu plusieurs boyaux ainsi que du matériel le week-end dernier. “Aujourd’hui nous sommes à 1000€ près et nous ne pouvons pas être considérés comme des équipes professionnelles. Que ce soit au niveau du matériel ou des infrastructures”, explique Stéphane Bauchaud.

“Je peux comprendre l'argument de certains clubs par rapport à Paris-Roubaix Espoirs. Là-bas, tu choisis d'y aller alors que là, en Coupe de France, c’est une obligation qui peut avoir une incidence sur l'avenir d'un club en cas de relégation, constate Vincent Terrier, manager du Chambéry CF. Mais ces courses sont aussi une super expérience de formation selon moi”. La preuve avec le déplacement du Champion de France Amateur, Valentin Madouas, qui a fait le trajet Pays-Bas - Lot-et-Garonne, en voiture, dans la nuit pour participer (lire ici). “Je veux me tester sur différents types de course avant de passer pro”, argumente-t-il. De nombreux coureurs n'ont pas caché "adorer" le Tour du Lot-et-Garonne et ses chemins de terre.

Alors que conclure ? “De temps en temps pourquoi pas mais il ne faut pas courir sur des chemins tous les week-ends. Pour moi ça reste un retour en arrière, ce n’est pas une nouveauté même si je comprends que ça plaise”, termine Jérôme Gannat. "Je ne suis pas sûr qu’il faille ajouter du danger sans cesse pour le spectacle à tout prix", conclut Stéphane Bauchaud.

Mots-clés