Les bénévoles, meilleurs parapluies des vélodromes

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo.com

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo.com

Le vélodrome du Mans doit être né sous une étoile cachée par les nuages. Samedi 6 mai, la pluie a provoqué l'annulation de la manche piste de la Coupe de France organisée sur la piste sarthoise.

Déjà, l'an dernier, deux gros événements avaient dû être annulés à cause de la pluie : la manche piste de la Coupe de France DN1-DN2 et les Championnats des Pays de la Loire. Heureusement, cette fois-ci, une deuxième journée était prévue le dimanche avec la Coupe de France Fenioux. Après la pluie vient le beau temps et même deux arcs-en-ciel avec la présence des Champions du Monde Morgan Kneisky et Benjamin Thomas. "La seconde journée rééquilibre l'événement. Dimanche, tout le monde est parti content et les bénévoles étaient soulagés", indique à DirectVelo, Stéphane Merrien, l'organisateur.

« UN CHOIX POLITIQUE, ON S'Y TIENT »

La piste Léon Bollée est une installation de plein air comme environ 80 vélodromes et 41 anneaux recensés par la FFC en 2014. La volonté de la FFC est de maintenir une activité nationale sur ces pistes pour qu'elles ne restent pas à l'ombre des vélodromes couverts. "C'est un choix politique que j'assume. Et quand on détermine une politique, on s'y tient", affirme Yannick Pouey, le Président de la commission piste de la FFC à DirectVelo. "Si nous arrêtons d'organiser sur les pistes plein air quel message envoie-t-on aux collectivités locales ? Poser un toit sur les vélodromes existants, ou laisser tomber les vélodromes découverts ? Vu l'état des finances des collectivités je doute de la première solution", ajoute-t-il.

Nouveau membre de la commission piste de la FFC, Stéphane Merrien veut faire avancer une idée pour éviter la mésaventure des Juniors au Mans : Etaler la réunion sur plusieurs jours pour diluer le risque d'annulation à cause de la pluie. "Nous savions dans la semaine que nous risquions d'avoir de la pluie le samedi. Nous avons alors demandé aux comités si c'était possible d'avancer la réunion le vendredi. Deux comités ne pouvaient pas être présents. Or, la Coupe de France est qualificative pour le Championnat de France. En terme d'équité, nous ne pouvions pas faire sans eux. Si le règlement avait prévu d'être présent dès le vendredi midi, nous aurions pu organiser cette manche piste", affirme-t-il. "Cette solution ne demandait aucun surcoût pour nous car le vélodrome était prêt le vendredi après-midi, les bénévoles étaient prêts. Pour gérer les hébergements, c'est aussi plus facile d'anticiper que de reculer."

PERTE DE PARTENAIRES

Les annulations à cause de la pluie ont un coût pour l'organisateur. "A chaque fois, on perd des partenaires privés mais nous avons besoin de ces événements pour les attirer. Sur cette Coupe de France, nous allons perdre 3500 à 4000 euros." En revanche, les collectivités restent fidèles. "Les vélodromes de plein air ont besoin de ces grandes organisations. C'est grâce à elles que nous pouvons financer les petites réunions le reste de l'année, entre dix et douze par an au Mans", calcule l'organisateur manceau.

C'est pour maintenir ce tissu de vélodromes et de petites organisations que Yannick Pouey défend l'alternance entre vélodromes couverts et pistes en plen air pour les événements nationaux. Et de rappeler : "mais comment faisait-on avant quand nous n'avions pas de vélodromes couverts ?"

Avant, il pleuvait déjà et on annulait aussi. Si l'UCI organisait les Championnats du Monde à l'été, c'était bien pour diminuer le risque de pluies incessantes. D'ailleurs, jusqu'en 1966, la fédération internationale interdit l'organisation de sa semaine arc-en-ciel sur un vélodrome couvert. Le palais des sports d'Anvers, couvert donc, est le premier à bénéficier du nouveau règlement, en 1969. Les Jeux olympiques de Munich, Montréal et Moscou sont organisés sous un toit. Il faut attendre 1987 et le Championnat du Monde de Vienne pour voir les vélodromes d'hiver prendre le dessus. De 1987 à 1995, date du dernier Championnat organisé en plein air en Colombie, cinq fois la compétition est organisée entre quatre murs.

EN 1933 PAS DE REMBOURSEMENT EN CAS DE PLUIE

Pourtant, les titres ont toujours pu être attribués même s'il a, parfois, fallu chambouler le programme. Une seule fois, l'UCI a dû déménager son organisation. En 1922, elle a eu la folie d'attribuer le Championnat du Monde à Liverpool, en plein mois d'août. La pluie persistante empêche les finales d'avoir lieu en Grande-Bretagne. Heureusement, la France et Paris viennent à la rescousse et terminent le travail en septembre.

Parfois, ce sont les vélodromes ouverts au vent qui sauvent la mise aux vel' d'hiv'. En 1985, un incendie détruit la couverture du palais des sports de Grenoble où devait avoir lieu le Championnat de France pro. La piste de Besançon dépanne et organise la compétition, en plein mois d'octobre.

Ces pistes découvertes développaient entre 333,33m et 500m, souvent dessinées autour d'un terrain de foot. Mathématiquement, la capacité d'accueillir des spectateurs est supérieure à celle d'une cuvette de 250m couverte. Par exemple, en 1933, 30 000 spectateurs payants assistent à la finale du Championnat du Monde de demi-fond autour de la piste rose du Parc des Princes. Ces spectateurs avaient été prévenus par L'Auto -qui possède le Parc des Princes et encaisse donc les recettes- qu'aucune place ne serait remboursée en raison de la pluie.

Aujourd'hui, il est beaucoup plus difficile de remplir les tribunes malgré la qualité des plateaux présentés. "Le nerf de la guerre pour réussir une réunion sur piste, c'est le bénévolat associé à un président de comité d'organisation motivé pour aller démarcher les partenaires. Il faut une équipe soudée pour réussir", conclut Stéphane Merrien.

Mots-clés