Matthieu Boulo : « Les oubliés du cyclisme »

Crédit photo Camille Nicol

Crédit photo Camille Nicol

L'été n'est pas encore fini que, déjà, la saison de cyclo-cross approche. La Coupe du Monde va même démarrer en septembre, de l'autre côté de l'Atlantique aux Etats-Unis, dès le 17 septembre à Iowa City (lire ici). Sur la grille de départ, Matthieu Boulo sera présent, comme à toutes les manches du circuit mondial. Mais tous ces déplacements ont un coût et le coureur breton a pris l'initiative d'ouvrir une cagnotte pour financer sa saison et de créer une association, Cyclo Cross BZH. Le coureur du Team Pays de Dinan explique sa démarche à DirectVelo.

DirectVelo : Où en es-tu physiquement avant la saison de cyclo-cross ?
Matthieu Boulo : Je ne suis pas trop mal. Je sors d'un gros bloc sur la route, avec le KBE, l'Estivale Bretonne (3e de la première étape NDLR) et le Grand Prix Christian Fenioux. Je suis actuellement dans les Pyrénées à Saint-Lary pour monter les cols, travailler au seuil et prendre de la puissance en vue des premiers cross.

Quand vas-tu débuter les cyclo-cross ?
J'ai encore quelques courses sur route à mon programme : Plouay dimanche et Volvic-Feytiat, la finale de la Coupe de la France DN2. Je partirai ensuite aux Etats-Unis pour disputer le cyclo-cross de Rochester. Je courrai six épreuves là-bas.

« RENTRER DANS LES 30-40 PREMIERS MONDIAUX »

Avec quelles ambitions cette saison ?
Mon objectif est de confirmer ma saison dernière (5e de la Coupe de France, 9e du Championnat de France, 13e du Championnat d'Europe et 21e du Championnat du Monde NDLR). Je suis actuellement 52e du classement UCI et le but est de grappiller des places pour rentrer dans les 50 premiers [ce qui permet d'être préqualifié pour les Coupes du Monde NDLR] et terminer la saison dans les 30-40 premiers mondiaux. Je veux aussi bien figurer sur les Coupes de France et les Championnats, y compris celui de Bretagne.

Pour boucler ton budget, tu t'es donc lancé dans le financement participatif...
J'ai aussi constitué une association pour permettre aux entreprises de défiscaliser leurs dons car quand je les démarchais, je me suis rendu compte qu'elles étaient très demandeuses de cette possibilité.

« EMMENER AVEC MOI DES JEUNES BRETONS »

De quelle somme as-tu besoin pour une saison ?
Plus ou moins 60 000 euros, mais je ne me fixe pas de limite. Si je le peux, j'espère emmener avec moi de jeunes Bretons sur des cyclo-cross à l'étranger.

Quel est le plus gros poste de dépense ?
Les déplacements et les hôtels. Pour le matériel, je suis aidé à 90% mais il reste une petite partie à ma charge.

« ON RAMASSE LES MIETTES »

Et les prix en course représentent-ils une rentrée d'argent ?
Il faut rentrer dans les dix premiers des Coupes du Monde car derrière, on ramasse les miettes.

La concentration du cyclo-cross en Belgique est-elle un frein pour trouver des partenaires ?
Non, car le but est aussi d'exporter l'image de la Bretagne et des entreprises qui m'aident. En plus, les Coupes du Monde sont diffusées à la télévision sur L'Equipe 21, il y a donc des retombées aussi en France.

« CE SERAIT PLUS FACILE AVEC LES JO »

Pourquoi n'es-tu pas allé dans un des groupes sportifs créés cette année par l'UCI ?
Mon club, le Team Pays de Dinan, veut avoir une image du club pendant tout l'hiver. Si j'étais allé dans un groupe sportif, j'aurais dû porter son maillot et pas celui du club.

Si le cyclo-cross était un sport olympique, aurais-tu plus d'aides ?
Ce serait plus facile, il y aurait plus de portes ouvertes, rien qu'au niveau de la fédération. La FFC porte ses efforts sur les Juniors et les Espoirs. J'en ai profité quand j'étais dans ces catégories. Mais une fois passés en Elites, nous devons voler de nos propres ailes. Les cyclo-crossmen sont un peu les oubliés du cyclisme.

Mots-clés

En savoir plus

Portrait de Matthieu BOULO