On a retrouvé : Clément Mahé

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Pas facile de venir à bout du Tour de Bretagne, et Clément Mahé en sait quelque chose. Le Breton a participé à trois reprises à son tour régional, et n’est parvenu à finir l’épreuve qu'une seule fois. “Je suis toujours passé au travers et pourtant, c’est une course que je visais tous les ans. C’était notre Tour de France à nous, les amateurs bretons”, se souvient-il alors qu’il avait tout de même terminé 8e d’une étape à Saint-Avé, en 2011 (voir classement). Après avoir définitivement arrêté la compétition en DN au cours de la saison 2013, l’athlète de désormais 32 ans s’est installé en Suisse. Marchand de cycles, toujours passionné par le deux roues, il s’est depuis lancé dans de nouvelles aventures humaines et sportives, comme le Tour du Mont-Blanc ou la Transcontinentale, épreuve d’ultra distance à laquelle il participera cet été.

DirectVelo : Tu as fait l’essentiel de ta carrière en Bretagne mais aujourd’hui, tu as mis le cap à l’est !
Clément Mahé : Je suis installé en Suisse depuis cinq ans, à Aubonne, entre Genève et Lausanne, dans les vignes (sourires). Je travaille dans un magasin de cycles avec du beau matériel, haut de gamme. Quand on est passionné, c’est plaisant de travailler dans ce contexte, et dans cet environnement.

Pourquoi avoir quitté la Bretagne ?
Durant ma “carrière”, j’ai passé un an au Chambéry CF, en 2008. Je vivais là-bas et la région m’avait vraiment plu. Je m’étais dit que j’allais venir m’installer dans la région après avoir arrêté ma carrière. Et je l’ai fait ! J’ai eu une opportunité professionnelle qui m’a permis de venir dans la région en 2013, enfin en Suisse, mais c’est à côté. Je me plais beaucoup ici.

« JE SERAI LIVRÉ À MOI-MÊME »

Et tu roules toujours ?
J’ai arrêté les sorties de vélo “classiques” comme celles que je faisais à l’entraînement pendant des années. Depuis, je me suis mis à l’alpinisme, au ski, à la randonnée… Surtout, je me lance des défis et mon prochain très gros morceau, ce sera la Transcontinentale : une traversée de l’Europe à vélo sans assistance, de Grammont en Belgique jusqu’en Grèce.

Tu continues donc de t’entraîner très sérieusement ?
Pas plus tard que ce lundi, j’ai fait 300 kilomètres sur le vélo. C’est curieux car paradoxalement, je n’avais jamais fait de sorties aussi longues lorsque j’étais en DN. Et je ne pensais jamais faire 300 kilomètres dans une journée ! J’ai passé 11h30 sur le vélo pour faire ces 300 kilomètres, avec des cols ! Mais bon, je m’éclate, et je prends mon temps. Ca me permet surtout de voyager, de découvrir des paysages, d’apprécier la nature… Aujourd’hui, je ne pourrais plus faire une sortie de vélo juste pour dire de travailler des efforts courts, l’intensité etc. Ca ne m’intéresse plus. Je suis passé à une autre façon de pratiquer mon sport. 

Tu as déjà participé à ce types d’épreuves dites “Ultra” ?
Oui. L’an passé par exemple, j’ai fait le Tour du Mont-Blanc (330 kilomètres avec 8000 mètres de dénivelé entre la France, la Suisse et l’Italie, NDLR). Mais encore une fois, c’est avant tout pour me faire plaisir. Je ne recherche pas la performance à tout prix. D’ailleurs, pour la Transcontinentale, mon seul but sera de terminer l’épreuve. En tout cas, ça me prend beaucoup de temps. En ce moment, je suis en train de  tracer mon parcours pour l’épreuve de cet été. Je prépare mon vélo, mon matériel, pour le 28 juillet… Car après, je serai livré à moi-même, avec un maillot, un cuissard, une veste, un sac de couchage, un matelas… Rien de plus !

« TU NE PEUX PLUS RETROUVER CES SENSATIONS »

Tu fais donc toujours le métier, au niveau de l’alimentation par exemple ?
Ah non (sourires) ! Là par contre, j’ai complètement relâché. Je faisais des sacrifices pendant mes années de compétition mais maintenant, je ne me prive pas pour profiter avec mes amis, à table, autour d’un bon verre de vin.


Ce mercredi a débuté l’édition 2018 du Tour de Bretagne : quels souvenirs gardes-tu de cette course que tu as disputé trois fois, entre 2009 et 2011 ?

Je me souviens que j’y ai toujours été mauvais (sourires). Je suis toujours passé au travers et pourtant, c’est une course que je visais tous les ans. C’était notre Tour de France à nous, les amateurs bretons. L’approche de cette course était spéciale, en début de saison. D’abord, on attendait de savoir si l’équipe était sélectionnée. Puis ensuite, il fallait faire partie de la compo de l’équipe. Mais finalement, le plus dur, c’était quand même d’y marcher une fois que tu y étais. Bon, j’ai fait un Top 10 sur une étape… C’était sur le circuit de la Route bretonne… C’est un gros souvenir (8e à Saint-Avé, en 2011, sur une étape remportée par le Néerlandais Jetse Bol, NDLR). Une chose est sûre : quand tu es Breton, c’est la course à faire.

Ces souvenirs te semblent-ils lointains ?
Oui et non… Je me souviens très bien de certains moments, mais parfois, je réalise que ça commence à faire longtemps et je me dis : “Wahou, ça va faire dix ans !”, par exemple. Pourtant, j’ai toujours l’impression que c’était hier. Il y a eu des souffrances mais aussi tellement de moments de joies… Et puis, l’adrénaline d’un sprint, d’une bosse, de l’effort… Une fois que tu arrêtes la compétition, tu ne peux plus retrouver ces sensations. C’est ancré, en moi, pour toujours. En tout cas, je n’ai pas de regret. J’ai fait ce que j’avais à faire dans ma petite carrière et j’en suis content.

« TU ÉTAIS LÀ, TOUT CONTENT DE COURIR AVEC LES STARS »

Pour ta quatrième année Espoirs, tu avais rejoint le Chambéry CF, mais l’expérience n’avait pas vraiment fonctionné…
Je n’ai pas fait de grands résultats à Chambéry. J’avais simplement terminé 10e du Championnat de France, mais c’est vrai que j’y ai été transparent. Mais bon, c’était une expérience enrichissante, qui m’avait fait partir de chez mes parents à l’époque. Ca restera un moment important de ma vie, une nouvelle phase.

Les années suivantes, tu as porté le maillot de Côtes d’Armor-Marie Morin ou du BIC 2000, et encore celui de l'Équipe de France !
Ma première sélection, c’était au Circuit des Ardennes 2007. J’ai aussi fait le Grand Prix de Plumelec, la Côte Picarde, la Polynormande, deux fois… A y repenser, faire la Polynormande, c’était quelque chose ! C’était à la sortie du Tour de France et tu te retrouvais sur la ligne de départ avec des stars. Toi tu étais là, avec ton maillot de l'Équipe de France, coureur amateur… Et tu étais tout content de courir avec les stars que tu avais vues à la télé tout le mois de juillet, c’était chouette. Je me souviens de coureurs comme Thomas Voeckler… Ils mettaient de ces sacoches… Moi, je rigolais en regardant ça de loin, je ne pouvais pas suivre. En tout cas, porter le maillot national aura été une sacrée fierté.

Ces dernières années, on voit des coureurs très jeunes, chez les amateurs, ne plus vraiment être intimidés par “les grands”...
Je pense que ça a évolué. A l’époque, je trouvais qu’il y avait une grande différence entre nous, amateurs, et eux. On venait d’un petit club pour se confronter aux pros… Le fait que les clubs de DN se soient structurés et professionnalisés explique sûrement ce phénomène, avec des jeunes qui sont moins impressionnés, car la différence doit être moins grande. Pour nous, vraiment, c’était fou de courir face aux pros.

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