On a retrouvé : Méven Lebreton

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Ces dernières années, des garçons tels que Warren Barguil, Guillaume Martin ou Adam Yates sont montés sur le podium du Tour de Franche-Comté, lorsqu’il s’agissait encore d’une course par étapes. Méven Lebreton, lui, a remporté l’épreuve, au même titre que les désormais professionnels Tanel Kangert, Nicolas Edet ou Stéphane Rossetto. C’était en 2011. Mais contrairement à tous les athlètes précédemment cités, le Breton n’est pour sa part jamais parvenu à vivre de sa passion. DirectVelo a retrouvé la trace de l’ancien sociétaire du Guidon Chalettois, du CC Villeneuve-Saint-Germain et du VS Chartrain, qui vit et travaille désormais entre les Côtes d’Armor et l’Ille-et-Vilaine.

DirectVelo : Tu as arrêté la compétition il y a près de cinq ans. Suis-tu toujours l’actualité du cyclisme ?
Méven Lebreton : On peut pratiquement considérer que j’ai arrêté fin 2013, en effet. A la fin de ma dernière année à Villeneuve, je me suis mis à travailler. J’ai quand même repris une licence en 2014, à Chartres, mais en fait, je n’avais plus vraiment la motivation d’aller m’entraîner. Disputer des courses m’intéressait encore, mais les entraînements… Le problème, c’est que je n’ai quasiment rien fait de l’hiver alors quand je suis arrivé sur les premières courses de la saison, je me suis retrouvé dans le dur. J’ai vite laissé tomber par la suite. Depuis, j’ai donc arrêté totalement la compétition et j’ai complètement changé de vie. Je travaille en entreprise depuis cinq ans, je charge des camions. Niveau vélo, je suis un peu dépassé. Il y a plein de jeunes nouveaux que je ne connais pas du tout. Je suis toujours un peu, mais de loin. Par contre, je suis beaucoup les pros car là, je retrouve des coureurs que j’ai eu l’occasion de côtoyer dans les pelotons. Je pense notamment à Warren Barguil, Kenny Elissonde, Arnaud Démare… Ca me fait plaisir de les voir à ce niveau-là. Les amateurs, c’est donc fini, mais le calendrier me parle toujours… 

« J’AI VOULU FAIRE UNE PAUSE ET COUPER DU VÉLO »

Le calendrier ?
Lorsque je vois que tel week-end, il va y avoir telle ou telle course, ça me rappelle forcément des souvenirs : des réussites, des souffrances, de bons moments avec les copains. Je me revois au départ de ces courses-là et parfois, ça me fait quelque chose. Je repense aussi à tous ces moments partagés avec mon frère (Romain Lebreton, sociétaire de l’UC Cholet 49, NDLR), qui m’a beaucoup aidé à l’époque. C’était sympa !

En tant que Breton, tu as la possibilité de voir beaucoup d’épreuves passer non loin de la maison…
Oui mais je ne vais plus du tout sur les courses. J’ai couru après le but de passer professionnel pendant des années et ça n’a pas marché. Après ça, j’ai voulu faire une pause et couper du vélo. Depuis, je ne remets pas vraiment les pieds sur le terrain.

Continues-tu de pratiquer du sport ?
J’ai réussi à rebondir en triathlon lorsque j’ai arrêté le cyclisme. J’ai disputé quelques épreuves, pendant un an. C’était sympa. Et depuis, je fais aussi de la course à pied. Mais j’ai toujours conservé ce problème de manque de motivation à l’entraînement. J’aimerais me remettre sérieusement à la course à pied, après avoir fait une belle saison récemment. J’ai pas mal couru et j’avais de bons résultats dans la région, mais il faut que je me motive. L’entraînement n’a jamais été mon fort et ne l’est toujours pas.

« JE N’AI JAMAIS RÉUSSI À ME FAIRE TOTALEMENT VIOLENCE »

Lors de ta carrière cycliste, tu n’as jamais été accompagné d’un entraîneur personnel…
Effectivement, ça ne risquait pas d’arriver ! J’avais mon caractère et je voulais tout faire seul, sans pression et aux sensations. L’hiver, je n’arrivais jamais à me forcer à rallonger les sorties. Je n’arrivais pas à me motiver. Peut-être qu’il m’a manqué un bon groupe autour de moi pour que je me surpasse. Rouler seul, ce n’est pas évident. Je profitais simplement de l’enchaînement des courses pour avoir une bonne condition. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’étais toujours bien l’été. Avec les critériums, je pouvais enchaîner et courir très souvent. Je me souviens notamment de mes échappées successives sur les manches du Challenge d’Or. J’avais enchaîné les bons résultats et ça marchait vraiment bien, car j’avais du rythme. Mais finalement, c’était rare.

Tu expliques donc ne jamais avoir été un acharné de travail à l’entraînement. C’est problématique lorsque l’on espère faire carrière !
Oui, j’en ai bien conscience. Mes parents et mes proches m’ont souvent rappelé que je n’en faisais pas assez à l’entraînement. C’est sûrement la raison pour laquelle je n’ai pas obtenu ce que je voulais à l’époque. Sans prétention aucune, je pense que j’avais les capacités physiques pour faire de bonnes choses, mais je n’ai jamais réussi à me faire totalement violence en dehors des courses pour me donner toutes les chances de réussir.

Pourtant, tu te faisais “totalement violence” en course, justement ?
Oui, ça n’avait rien à voir. En course, il y avait cette adrénaline en plus. J’étais déterminé. Quand j’étais en course et que j’avais les jambes, je ne voulais surtout pas rater la bonne échappée. J’avais peur d’y aller trois fois et de manquer la bonne… Alors je faisais le “fou-fou” et je partais dans absolument tous les coups, en fait (rires).

« LA PLUS BELLE VICTOIRE »

Comment expliques-tu que tu n’aies jamais réussi à te motiver à l’entraînement ?
C’est difficile à dire. J’ai toujours été comme ça et c’est dommage. Pourtant, mon frère s’est toujours entraîné dur, c’est un bosseur. Même chose pour mon père, qui ne s’arrête jamais de rouler. D’ailleurs, il fait toujours une à deux sorties par semaine. Je manque sans doute un peu de courage.

Cette situation ne t’a pas empêché de remporter un Tour de Franche-Comté, en 2011…
C’est la plus belle victoire de ma petite carrière. Le seul regret que j’ai, c’est de ne pas avoir porté le maillot jaune, que j’ai pris sur la dernière étape, pour quelques secondes. D’ailleurs, je me souviens que lorsque j’avais coupé la ligne d’arrivée lors de la dernière étape, je ne savais même pas que j’avais gagné. Cela s’est joué à rien. Et j’avais battu de très bons coureurs. C’est un grand souvenir.

Tu avais également porté le maillot de l'Équipe de France lors de la Polynormande !
C’était un autre très grand moment. Je me souviens que c’était particulier car je ne pensais pas être sélectionné et j’avais prévu depuis longtemps de faire une grosse coupure à ce moment-là de la saison. L’idée, c’était de couper totalement pendant quinze jours, sans faire la moindre sortie. Au bout d’une semaine de coupure, mon directeur sportif m’avait appelé pour me dire que j’étais sélectionné pour la Polynormande. J’ai essayé de retrouver le rythme comme je pouvais mais je n’étais pas arrivé sur la course dans les meilleures conditions. C’était forcément dommage car dans ce genre de situations, tu veux montrer à tout le monde de quoi tu es capable. Mais après coup, évidemment, c’est plus marrant qu’autre chose.

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