Nicolas Rousset-Favier : « Presque un choix de carrière »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

Très en vue notamment lors de sa seconde année Junior, l’année dernière, et membre de l’équipe de France qui avait mené Romain Grégoire vers le sacre européen, Nicolas Rousset-Favier connaît des débuts intéressants pour sa première année Espoir. C’est du côté du Vendée U que l’Auvergnat donne ses premiers coups de pédale dans le peloton N1. Le moins que l’on puisse dire, c’est que les hommes de Morgan Lamoisson connaissent un début en fanfare, et dans son rôle d’équipier, le jeune homme de 19 ans répond présent. Nicolas Rousset-Favier s’est entretenu avec DirectVelo sur sa découverte du haut niveau amateurs, sa transition entre les Juniors et les Espoirs, mais aussi son choix du Vendée U et ses perspectives.

DirectVelo : Tu t’es distingué sur Manche-Atlantique, une course référence chez les amateurs, en étant à l’origine des coups de bordure du Vendée U !
Nicolas Rousset-Favier : On y était pour gagner, on avait un gros effectif. On avait aussi une pensée pour Romain Guyot, décédé il y a six ans pile, à quelques jours près. On avait à cœur de bien faire parce qu'il rêvait de la gagner. La tactique était d'être toujours représenté en surnombre devant. Sur le circuit final, on voulait favoriser les coureurs les plus frais, comme Mattéo (Vercher), Antoine (Devanne), et Thomas (Bonnet). Pour durcir la course, au km 20 on a tenté un coup de bordure. On ne pensait pas que derrière ça faisait si mal. On a vu qu’il n'y avait plus que 20 coureurs. Je me suis retrouvé devant, c'était parti. J'ai fait un gros boulot pour que les plus frais en fassent moins, je savais que ça serait un peu long pour moi. Arrivé sur le circuit, j'ai mis ce qu'il me restait, et je n’ai pas pu accrocher le groupe de la victoire, mais j’avais de très bonnes sensations.

Pour tes débuts, participer à la razzia de Vendée U doit être assez gratifiant…
C'est un réel plaisir, à chaque course on pèse sur le scénario. Tout le temps, on arrive à manœuvrer collectivement. En Junior, je n’avais pas forcément l'occasion de courir comme ça, même si j'ai pu le faire parfois avec l’équipe de France. Mais ça n’a rien à voir. On sent qu'on est fort, mais à des moments ça risque d'être moins drôle. On risque parfois de se faire battre par d'autres gros collectifs. Mais tout le monde participe.

« POUR L’INSTANT, C’EST LE CHOIX PARFAIT »

Tu parles justement des Juniors, tu dois sentir de grandes différences dans cette manière de courir ?
Ça fait une petite différence avec un peloton Junior, où le niveau est très hétérogène, il y a des coureurs qui ne sont pas forcément à leur place. Là c'est un concentré de très bons coureurs, c’est très spécial à vivre, je pense avoir plutôt bien passé cette marche. J'ai été un peu diminué par une petite grippe et une intoxication alimentaire sur les Plages Vendéennes. Ça m'a un peu contrarié, je me remettais en question de savoir si j'avais le niveau. Mais j'étais juste malade. La dynamique est très tactique, plus que physique parfois, je n’ai pas trop l'habitude de ces physionomies.

Tu ne dois donc pas regretter ton choix du Vendée U, vu le début de saison…
Pour l'instant, c'est le choix parfait. On est avec 18 coureurs, l’effectif est très homogène, on s'entend très bien. L'intégration s’est très bien passée, les mecs sont toujours là pour nous tirer vers le haut, jamais personne n’est délaissé. J'ai vite compris ce principe de famille et le fait d’être réserve de TotalEnergies nous amène des moyens importants. Niveau matériel, entraineurs, logistique… on ne s’en rend pas trop compte en tant que coureur. C'est impressionnant. Je n'ai pas ce recul, je n'ai pas fait d'autres DN, mais je vois que découvrir avec une équipe pareille, c'est incroyable.

« TOUT FAISAIT QUE ÇA DONNAIT ENVIE D’Y ALLER »

Justement, pourquoi ce choix du Vendée U ?
J'ai longuement hésité, c'est presque un choix de carrière. Il a fallu réfléchir un moment, j’avais des propositions de N1 dans ma région. C'était le choix facile car ce n’était pas trop loin de chez moi. Et Vendée U m'a proposé, je me suis intéressé à ce qu'ils faisaient. Le projet a accroché, le fait de réunir une nouvelle génération de jeunes coureurs, avec un calendrier intéressant. Tout faisait que ça donnait envie d'y aller. Le seul point négatif, c'est que c’est un peu loin, mais depuis un mois et demi ça ne me dérange pas du tout. Je suis toujours sur Clermont en BUT Mesures Physiques. Je m'entraine là-bas la semaine, suivant les courses je cours dans le coin. Par exemple j'ai couru le Bédat, là il y a Châteauroux-Limoges. Sinon je prends soit le train soit l'avion.

Tu as dû être convoité pendant l’hiver…
J'ai eu pas mal de propositions de N1, des coups de fil… il a fallu trier. Ce n’était pas facile, j'ai pris du temps pour choisir. J'en ai eu dans la région et en dehors aussi. Après avoir réfléchi et discuté avec les entraineurs, des ancien DS, je me suis fait mon avis.

« C’EST TOUT UN MÉTIER »

Toi qui te sens plus à l’aise en bosses, trouves-tu ton compte dans le calendrier du Vendée U ?
Pour le moment, le calendrier est très intéressant. On a couru à l'Essor Basque, c’est très atypique, accidenté. Aux Plages, ce sont un peu des courses où je dois courir. Je dois apprendre à frotter, faire des bordures, c'est tout un métier. Je suis obligé pour être complet. Manche-Atlantique, c'est très difficile. C’est 160 kilomètres, avec plus de 2000 mètres de dénivelé, le Bédat est très accidenté. Et le plus dur reste à venir, il y aura Liège Espoirs, le Val d'Aoste, c'est de la montagne. Je m'y retrouve bien avec le profil puncheur-grimpeur. Mais il ne faut pas délaisser le côté où on frotte etc. On sait avec mon entraineur que j'ai des lacunes techniques.

Qu’attends-tu de cette première année Espoirs ?
Je vais essayer de prendre mes marques gentiment, pour les courses Elites. C’est une autre façon de courir, il faut que j'apprenne. Ensuite, j'aurai des initiatives à prendre suivant les courses. Le projet est sur quatre ans, l’idée est de se former pour atteindre les rangs professionnels. Ce n’était pas évident avec les maladies, j'ai été retardé, mais pour l'instant on essaye d'apprendre l’aspect technique et tactique de la N1, et même des Classe 2.

« ME DÉCOUVRIR SUR DES COURSES IMPORTANTES »

Tu te sentirais prêt à jouer ta carte ?
Il y aura forcément un moment où je serai amené à disputer la gagne. Mais c'est une saison où je ne m'attends pas à avoir des résultats tous les week-ends, il n'y a aucune attente de ce côté. Je suis simplement là pour apprendre, les résultats viendront. Si un jour je suis le plus fort, ce sera pour moi. On fonctionne comme ça, avec la forme et l'effectif du jour. Je pourrai prétendre à quelque chose sur des courses peut-être un peu moins renommées, il est évident que je ne vais pas être leader au départ de Liège (rires).

Il y a un objectif ou des courses qui te font rêver dans un avenir plus ou moins proche ?
Je n'y ai pas trop réfléchi, je relativise. Quand on va courir sur les Classe 2, toutes les courses Elite, les France… il y a des prétendants plus forts pour l'instant, mais j'aimerais me découvrir sur des courses importantes. Participer à des gros mouvements de course sur des Classe 2 Espoirs. C'est ce qui m'attend. Le France Espoirs en chrono, pourquoi pas viser quelque chose, j'ai des bonnes qualités. Je ne me mets pas de pression, je n’ai pas envie d'être déçu. Espoir 1 c'est difficile, je n’ai pas envie de perdre le fil mentalement à vouloir absolument performer sur une course et ne pas y arriver. Quand on parle de courses Espoirs on pense à l'Isard, l'Avenir, j'aimerais à terme peser sur ces courses. On a été recruté un peu pour ça, pour être des acteurs majeurs de ces épreuves. Si un jour je gagne une étape de l’Isard, que je fais un podium sur Liège… Ce sera un petit objectif de réussir à décrocher des succès sur des Classe 2 et des courses Espoirs.

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