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CC Étupes : « On va sortir de cette mauvaise passe »

Crédit photo Arnaud Guillaume / DirectVelo

Crédit photo Arnaud Guillaume / DirectVelo

Le CC Étupes n’a pas connu le plus grand début de saison de son histoire et c’est un euphémisme. Au 4 avril, le club doubiste compte une victoire, deux podiums et douze Top 10, dont un seul qui ne soit pas sur une épreuve Toutes Catégories avec la 7e place de Gwen Leclainche au Bédat (Élite Nationale). En Coupe de France, les orange-et-noir sont passés totalement au travers jusqu’à présent puisqu’en trois manches, ils n’ont pas marqué le moindre point (voir classement). “C’était très, très compliqué… On n’a pas d’excuses. On est clairement encore passé à côté”, souffle le directeur sportif, Melvin Rullière, après la Boucle de l’Artois, troisième manche de la compétition. “On est rentré dans une spirale négative depuis notre échec au Grand Prix du Pays d'Aix et depuis, on a du mal à s’en remettre”.

LA SÉRIE INFERNALE À L'ARTOIS

Après deux premières manches déjà vierges de points, à Aix-en-Provence, donc, puis lors de la Vienne Classic, Melvin Rullière n’imaginait pas revivre pareil scénario une troisième fois dans le Pas-de-Calais. “Je ne m’y attendais pas parce que quinze jours avant, au GP Criquielion, sur 190 km et en Classe 2, avec pratiquement la même équipe qu’à l’Artois, on avait fait la course du Km 0 jusqu’à la fin, avec un mec devant, (Dillon) Corkery, jusque dans les tout derniers kilomètres face à des mecs de Conti Pro. Et Gwen Leclainche a fait un Top 20 à l’arrivée. C’était intéressant et dans ces conditions, honnêtement, je n’étais pas prêt à ce que l’on passe au travers comme ça”. Malheureusement, les Erbatons ont vécu un vrai cauchemar pendant trois jours. “On était à notre place sur le chrono. (Dillon) Corkery, notre meilleure carte pour le samedi, est tombé et a abandonné le matin. Mathéo Le Fur a pris une cassure après 20 bornes alors qu’il venait chercher des consignes à la voiture et il n’a jamais revu le peloton… L’après-midi, Louis (Louvet) n’a pas pris la bonne par manque de confiance alors que Mathéo l’avait poussé à y aller. Deux bornes plus tard, Louis a crevé et Mathéo lui a donné son vélo. Mathéo a fini hors-délais pour une minute alors que c’était notre carte principale pour l’étape du dimanche. On a fini à trois…”, relate l’ancien coureur vainqueur du Grand Prix de Pérenchies (1.2), incrédule face à un tel enchaînement de difficultés.

“Parfois, on n’a pas eu de chance mais on peut aussi dire que physiquement, on était un petit peu en-dessous. On cherche des solutions mais pour le moment, on n’en trouve pas. Pourtant, on a un groupe qui s’entend super bien, des coureurs qui sont très bons sur le papier”, estime Melvin Rullière, qui se creuse les méninges. Pas question pour autant de douter un moindre instant de la qualité de son effectif. Bien au contraire. La raison de ce manque de résultats actuel s’expliquerait donc sans doute par un manque de confiance du groupe, qui ne ferait que s’accentuer au fil des épreuves car en février, la saison avait débuté convenablement. “On a répondu présent dès les Boucles du Haut-Var. On y était très bien. On a gagné au Grand Prix d’Onjon devant les Wagner, le SCO Dijon ou l’AC Bisontine. On a été capable de déclencher les hostilités à la Vienne Classic même si on n’a pas su aller au bout de notre idée… On a des costauds, un mec comme Hugo Théot a été capable de faire 2e de Paris-Mantes, en Classe 2, en octobre dernier, par exemple. Ce n’est pas rien”.

MATHÉO LE FUR A PRIS LA PAROLE DEVANT LE GROUPE


Mais le doute s’est installé. “Sur le GP d’Aix, on venait pour gagner. On est reparti bredouille et on s’est mis la pression pour la suite”. Au point même de se demander si le groupe ne serait pas touché par un virus. “Depuis le premier stage, des coureurs ont des soucis de santé. Des mononucléoses qui disparaissent au bout de quinze jours, des prises de sang aux résultats anormaux… Il y a quelque chose que l’on n’arrive pas à expliquer. Victor Bosoni, Hugo Théot, Rémi Verloo… Tous ces coureurs ont été diminués”. Melvin Rullière a lui-même fini par douter de son propre travail ces derniers jours. “Ce n’est vraiment pas marrant. Tu te demandes si tu fais ce qu’il faut, si les conditions dans lesquelles tu mets les coureurs sont les bonnes. J’encaisse, en sachant que ça finira par aller mieux. Je n’abandonne pas et me concentre sur mon travail. On va sortir de cette mauvaise passe !”.

Samedi soir, au terme des deux demi-étapes de la Boucle de l’Artois, le staff et les coureurs ont débriefé pendant plus d’une heure. Le jeune Mathéo Le Fur, 20 ans, a pris la parole. Les yeux humides et la voix serrée, il a pris son courage à deux mains pour prononcer des mots qui venaient du fond du cœur. "Le club fait beaucoup pour nous, il faut se ressaisir. On ne se reconnaît pas dans ce que l’on fait actuellement", aurait notamment prononcé, en substance, le coureur Espoir. Des mots pour tenter de remobiliser les troupes. Après tout, la saison est encore longue. “Cette prise de parole m’a moi-même fait du bien”, admet Melvin Rullière pour DirectVelo.

TROUVER DES SOLUTIONS AU PLUS VITE 

Bien que le groupe soit en difficulté, tâche désormais de se relever. Et cela passera d’abord sans doute par des choses simples. “On doit prendre du plaisir sur le vélo, ça va passer par l’attaque, le temps de se remettre à l’endroit. Il y a eu des mots très forts, durs mais importants qui ont été échangés ces derniers temps. Maintenant, on va y retourner le couteau entre les dents et on va montrer à tout le monde ce dont on est capable. De mon côté, je vais faire mon maximum pour les aider et pour inverser cette spirale avec eux. J’y crois. On va trouver des solutions, ensemble. Il n’y a pas de raisons qu’on n’y arrive pas, qu’ils n’y arrivent pas. Le talent, ils l’ont. Chacun doit se remobiliser”.

Reste peut-être le plus dur : un déblocage psychologique pour s’auto-convaincre de cela. “Le niveau est très haut cette année, bien sûr. Quand je vois qu’il y a encore 40 mecs devant dans le final de la dernière étape de l’Artois, malgré le profil… C’est impressionnant. C’est super homogène. Mais on peut jouer avec les meilleurs, évidemment ! On est en-dessous du Vendée U mais pas des autres”. En ces temps pas très agréables, Melvin Rullière a pu compter sur le soutien de son prédécesseur, Boris Zimine, ou de son ancien directeur sportif au VC Rouen 76, Jean-Philippe Yon. “Boris me rappelait que ça peut vite tourner et que lui aussi, par le passé, a connu des moments pas très marrants. Que sans Axel Zingle, parfois, ça aurait été dur aussi. Et des Axel Zingle, il n'y en a pas toutes les cinq minutes dans le coin…”

LE CIRCUIT DES ARDENNES POUR SE RELANCER

L’Alsacien est passé pro en janvier dernier et vient d’ailleurs de claquer son premier succès chez les grands à Vitré, en Coupe de France Pro. Du côté de la Coupe de France N1, les Franc-Comtois n’ont, eux, plus grand-chose à jouer pour cette année. “J’ai lu l’interview de Morgan Lamoisson qui rappelait le duel que le CC Étupes et le Vendée U s’étaient livrés pour la gagne en Coupe de France en 2017 (lire ici). Tout ça semble loin aujourd’hui…”. Mais à ce stade, qu’importe, après tout. “C’est fini pour nous mais il n’y a pas que la Coupe de France dans une saison et heureusement. On va repartir sur de très belles courses, avec le Circuit des Ardennes dès mercredi, puis le Tour du Loir-et-Cher, Liège-Bastogne-Liège Espoirs. Il y aura aussi Dijon-Auxonne-Dijon pas loin de la maison avec le groupe de l’Artois. Et les gars vont montrer ce qu’ils ont dans le ventre !”.

Qu’importe aussi car le travail le plus précieux d’un club formateur comme le CC Étupes, qui a vu passer tant de coureurs brillants chez les pros, est d’abord d’accompagner de jeunes talents vers, justement, le haut niveau. Et Melvin Rullière sait qu’il peut y avoir de futurs grands coureurs dans son effectif. “On ne s’est pas trompé sur le recrutement, je n’ai aucun doute là-dessus. Après, bien sûr, on fait des choix de formation. On a beaucoup de jeunes, il n'y a que deux non-Espoirs. On n’a pas de mecs de 27 ou 30 ans qui tiennent la baraque et peuvent nous assurer de gros points en Coupe de France comme dans certaines autres équipes, c’est un choix. On est reparti sur un nouveau cycle. Le but premier est de former, même si on n’est pas une réserve d’équipe pro. Il faut de la patience, certains jeunes ont besoin de temps”.

  

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