Tour du Tarn-et-Garonne : Le résumé

« Quel chantier ! » s’exclame Carl Naïbo, le visage en sueur, assit sur le bord du coffre de la voiture familiale, entouré par sa jeune fille et sa femme. A 27 ans, le coureur de l’US Montauban, local de l’étape, vient de s’adjuger la 22ème édition du Tour du Tarn-et-Garonne, au terme d’une course serrée.

Ce matin, au départ du petit village perché de Lafrançaise, 89 coureurs de 17 équipes sont prêts à en découdre sur les 152 kilomètres du parcours arpentant les routes sinueuses et casses pattes du Quercy Blanc. Ici et là, on commente le plateau, particulièrement solide, une première depuis 2004 et la dernière édition disputée sur plusieurs étapes. L’équipe professionnelle BigMat-Auber 93, qui sort d’un stage en montagne pour préparer la Route du Sud, fait d’ores et déjà figure d’épouvantail. Pourtant, Carl Naïbo, sur la ligne de départ, explique « oui c’est sûr que c’est une grosse équipe, Johan Mombaerts a certainement le plus gros moteur du peloton. Mais ils sont ici pour préparer la Route du Sud, et même si c’est possible d’être compétitif sur les deux, nous ne devons pas avoir de complexes face à eux ». Outre l’équipe francilienne, c’est bien toute l’élite amateur du Sud de la France qui a fait le déplacement : Entente Sud Gascogne, Albi VS, GSC Blagnac, CC Marmandais, Martigues SC, CA Castelsarrasin, Mosaïc-Diffusion, CR4C Roanne et bien sur le club organisateur avec ses onze coureurs, l’US Montauban. Côté favoris, quelques noms se dégagent, autant de dossards à surveiller de très près : Carl Naïbo, Johan Mombaerts, Nicolas Crosbie, Christophe Laurent, Michael Szkolnik, Benoît Luminet, Nikolay Mihaylov (le bulgare est pressenti pour passer chez les pros à la fin de la saison), Yohan Cauquil, Sylvain Georges, Romain Sdrigotti ou Julien Mazet. En tout, on peut dénombrer pas moins de quinze professionnels ou anciens professionnels.

A 13h05, le départ réel est donné dans la vallée menant à Moissac. Yannick Ricordel (Albi Vélo Sport) et Sylvain Georges (Creusot Cyclisme) notamment, tentent de prendre la fuite. Sans succès. Le vent souffle fort de face et les tentatives d’échappées se heurtent à un peloton qui cadenasse véritablement la course. Déjà, dans la côte de Saint-Laurent au kilomètre 17, Carl Naïbo (US Montauban) tente de s’en aller. Le jeune Thomas Bonnin passe en tête mais le peloton revient dans la descente, où Anthony Langella essaie à son tour. La première heure s’achève, courue à 44 km/h, avec un peloton compact, mais étiré.

La Côte de Gasques s’offre sous la roue des coureurs après 45 kilomètres. Mespoulède (CC Marmandais) s’en va en compagnie de quelques hommes forts, dont le favori Carl Naïbo (US Montauban) et le bulgare Nikolay Mihaylov (Martigues SC), vainqueur il y a peu des Boucles du Tarn et de la Ronde du Sidobre devant… Carl Naïbo. Derrière, le CR4C Roanne embraye. Seuls Naïbo et Cauquil (Martigues SC) parviennent à creuser l’écart. Les deux coureurs ont un pécule de 40 secondes au kilomètre 68. Insuffisant à deux, ils décident d’attendre deux groupes en contre : le premier se rapproche à 25 secondes au kilomètre 70, le second navigue encore 25 secondes plus loin. Trois kilomètres plus tard, un regroupement s’opère : sept coureurs sont là, à savoir Carl Naïbo (US Montauban), Julien Mazet et Maxime Médérel (BigMat-Auber 93), Yohan Cauquil et Yann Durand (Martigues SC), Jean Mespoulède (CC Marmandais) et enfin le jeune espoir Guillaume Bonnet (Team Vulco-VC Vaulx-en-Velin). Déjà, on imagine que cette échappée de costauds ira loin, comme l’analyse Naïbo après l’arrivée « Quand une échappée se forme à la pédale comme ce fut le cas, on sait immédiatement qu’elle ira loin. C’était le cas ». Pourtant, les écarts sont très faibles quand la Côte de Roquecor se profile, à 85 bornes de la ligne. Ce kilomètre à 8% n’est pas terrible mais particulièrement étouffant après un début de course si rapide et exigeant. Naïbo passe en tête au sommet, avec un Julien Mazet particulièrement fringuant dans la roue. L’écart est de 50 secondes avec un peloton mené successivement par Roanne et l’Entente Sud Gascogne. A cet instant, les abandons se succèdent.

Entre cette Côte de Roquecor et le retour sur Lafrançaise (kilomètre 114), l’écart fait l’élastique. 50 secondes, 40 secondes, une minute, 20 secondes, quarante secondes…En réalité, il est facile de comprendre que dès que la route grimpe, les hommes de tête accroissent l’écart tandis que quand celle-ci se fait plus plate ou descend, l’écart fond comme neige au soleil, qui réapparaît à son tour par ailleurs. A Lafrançaise, l’écart est d’une minute dix secondes. Le final s’approche et le dénouement reste indécis. L’Entente Sud Gascogne fait son maximum pour revenir afin de jouer la carte de ses deux sprinteurs, Michael Szkolnik et Fabien Pantanchon. La côte du Château à Piquecos, située à quelques encablures de la résidence de Laurent Jalabert, s’enchaîne avec celle de Vialette, à Loubéjac. Ā la faveur d’un rythme très soutenu en côte dicté par Naïbo principalement et d’une descente conduite par un très affuté Julien Mazet, l’écart augmente à 1’40’’. Mais le circuit final, très venté, à parcourir à cinq reprises, maintient le suspense. D’autant plus quand le peloton revient à 40 secondes à l’issue du deuxième tour.

Quand bien même, à l’avant, l’entente est plutôt bonne. Maxime Médérel travaille pour Julien Mazet et Yann Durand pour Yohan Cauquil. Au sprint, le speaker mise sur Guillaume Bonnet, seul coureur espoir du groupe. Jean Mespoulède, déjà deuxième sur cette arrivée (ndlr : au sprint en 2007 face à Jean-Luc Delpech) semble également capable de venir jouer les trouble-fête. Le lot-et-garonnais Julien Mazet, ancien coureur chez Astana en 2007 et 2008, semble malgré tout le plus solide au sprint, avec Yohan Cauquil. Carl Naïbo, le grimpeur, voit la victoire sur le Tour du Tarn-et-Garonne, auquel il tient beaucoup, lui échapper. Ā l’entame du dernier tour, on sait que le peloton ne reviendra pas. Il navigue à une grosse minute. Dans les derniers hectomètres, Carl Naïbo lance une attaque tranchante, puissante et l’on comprend qu’il va s’imposer. Le vainqueur du Tour de l’Ain 2005 lève les bras, avec à quelques longueurs Julien Mazet et Yohan Cauquil. Derrière, Yann Durand, qui a fourni toute la journée un gros travail dans les côtes, se fait distancer, et c’est Johan Mombaerts qui s’extirpe du peloton dans le dernier tour pour venir chercher une septième place. A 51 secondes, Sylvain Blanquefort (Mosaïc-Diffusion) règle le sprint devant le Champion de Midi-Pyrénées 2010, Romain Sdrigotti, et Michael Szkolnik. Carl Naïbo devient Champion départemental et meilleur grimpeur, Julien Mazet est meilleur sprinteur, Yohan Cauquil plus combatif, Guillaume Bonnet meilleur jeune, Romain Sdrigotti meilleur coureur de l’US Montauban (deuxième derrière Carl Naïbo en réalité) tandis que Jean Mespoulède remporte le Prix du Kilomètre 82.

Sur le podium, le néo-montalbanais Carl Naïbo savoure : « c’est une très belle victoire sur une belle course, dont me parlait Max Carcy depuis mon arrivée dans l’équipe il y a deux ans. Malheureusement, l’année dernière à la même époque, je revenais de blessure. Cette année, c’est différent, je me suis préparé très sérieusement et je lui dédie ce succès. Avec les Championnats de France en Vendée dans quinze jours, c’était l’un de mes objectifs de la saison. Mais je ne suis pas encore à 100% non plus, je souhaite vraiment faire quelque chose en Vendée pour les Championnats de France ». Il ajoute « D’ailleurs, le parcours faisait dix bornes de plus que prévu ! Pas grave, la victoire est quand même là et c’est mieux pour ma préparation ! ». L’équipe de Montauban enchaîne les succès depuis le printemps et Naïbo annonce : « J’espère profiter de cette bonne série. On est solide. C’est mon septième succès de la saison (ndlr : Ronde de Queyran, Trophée Clermontois, Durtorccha, Monts-Pujols, Boucles du Causse Corrézien et Tour du Canton du Pays Dunois), j’espère faire aussi bien que l’an passé en atteignant les quinze victoires à la fin de la saison ».

Remerciements à Maxime Lafage.



Carl Naïbo (US Montauban) remporte le 22e Tour du Tarn-et-Garonne



Le podium final du 22e Tour du Tarn-et-Garonne

Crédit Photo : Maxime Lafage pour
www.directvelo.com