Le Souvenir Sébastien Boulangué à Authervernes, le 23 juin dernier, était sa dernière course sous le maillot du VC Rouen 76. A bientôt 23 ans, Thibault Huché a choisi de passer à autre chose. Depuis le début de la saison, il s'était fait discret, la faute à une préparation hivernale tronquée et également aux séquelles de sa lourde chute sur Paris-Tours (lire ici).

"Le vélo, j'en m'en suis un peu détourné au fil des semaines. Aller rouler tout seul,je n'avais plus l'envie, la tête a dit stop", confie à www.directvelo.com le Normand. D'autant qu'une opportunité professionnelle s'est offerte à lui puisqu'il reprend à son compte une société de service à la personne. "Tout s'est plus ou moins décanté en mars dernier. Après plusieurs entretiens avec la patronne actuelle, j'ai vite vu que le challenge allait m'intéresser, précise-t-il. Il faudra faire des concessions comme j'ai eu l'habitude de faire des sacrifice au haut niveau amateur."  

Réaliste, il reconnaît qu'il "était en échec cette saison sur le vélo." Avant d'ajouter : "Pour passer pro, de toute façon, il me manquait quelque chose, je n'aurais pas pu." Alors qu'il avait été titré Champion de Normandie Espoir en 2011 et qu'il s'était adjoint les services d'un nouvel entraîneur en la personne de Niels Brouzes, l'ancien sociétaire du VC Bourgtheroulde. s'attendait à mieux. "Au Souvenir Jean-Masse, j'ai pris une claque. Lorsque la bagarre a commencé, aux alentours du 80e kilomètres,  j'ai pété comme un nul. Là j'ai vu l'écart de niveau entre moi et les autres, je devais passer à autre chose", avoue-t-il.

A cours de forme, il a dû renoncer au Tour de Normandie qui lui tenait à cœur. Par la suite, il s'est transformé en équipier sur toutes les courses auxquelles il a participé : "J'ai changé d'optique. J'allais sur les épreuves pour rouler pour Alo Jakin ou Jeroen Hoorne, pour aider l'équipe surtout."

De ses années au VC Rouen 76, Thibault Huché retiendra que du positif. C'est là qu'il a découvert que le cyclisme était un "métier". Il explique : "La notion d'équipe inculquée par Jean-Philippe Yon à Rouen m'a conquise. Notre force c'est le collectif, nous ne sommes pas une bande de potes mais chacun sait ce qu'il a à faire et est prêt à se dépouiller pour les autres. L'équipe est restée quasi inchangée en deux ans, on se connaît tous très bien !" Parmi ses plus beaux souvenirs, outre le collectif rouennais, il retient son titre de Champion de France Junior de poursuite par équipes avec Julien Duval, Emmanuel Kéo et Enzo Hollville.

Sa "carrière" a surtout été marquée par deux victoires consécutives au général du Maillot des Jeunes. En 2010, il s'était imposé à Torigni-sur-Vire et avait conservé sa place de leader jusqu'au bout. Alors que ce n'était pas un objectif, il s'était retrouvé en position favorable en 2011 dès son succès à Montfort-sur-Risle et conservé son bien pour un petit point aux dépens de Benoît Jarrier, actuellement pro chez Bretagne-Séché Environnement.

Désormais, une page se tourne et même s'il sait qu'il ne pourra pas remonter sur le vélo de si tôt - "je dois travailler 50 à 60 heures par semaine au début, je veux me donner tous les moyens de réussir"- , il gardera un œil attentif sur les résultats de ses anciens coéquipiers. "Le vélo est une passion mais aussi un sport ingrat quand tu n'es pas un champion. Je ne veux pas rester en échec pendant encore deux saisons, j'ai d'autres ambitions !", termine-t-il.

Crédit Photo : Léa Guesdon

Par Pauline Baumer et Patrice Meunier.