Guillaume Gaboriaud : « Pas le moment de s'enflammer »
Guillaume Gaboriaud est un homme heureux. Pour sa deuxième participation - 19e en 2014, le coureur de 23 ans a remporté dimanche dernier le Grand Prix de Montastruc (Elite Nationale). Dans un début de course (très) rapide où personne ne parvient à créer de différence, une échappée finit par se former. Puisque aucun coureur de l'Occitane n'est présent à l'avant, Gaboriaud prend ses responsabilités et décide de boucher le trou tout seul. "J'ai lâché une bonne cartouche pour rentrer", explique le Champion de France Universitaire à DirectVelo.
Alors qu'il est en train de récupérer de l'effort violent qu'il vient de produire, le groupe dans lequel il figure est finalement repris par le paquet. Presque immédiatement un groupe ressort et, une nouvelle fois, les coureurs de l'Occitane manquent le coche. Ces derniers décident donc de rouler en force derrière les fuyards, d'abord par l'intermédiaire de Mathieu Caramel, puis avec l'implication de l'équipe toute entière. Pendant 30 à 40 kilomètres de poursuite, la formation occitane parvient à maintenir l'écart aux alentours des 30 secondes.
Protégé tout comme Fabien Fraissignes, Guillaume Gaboriaud sent que la course ne va pas tarder à se décanter. "Je me suis dit qu'avec tout le travail fourni, je n'avais pas le droit de décevoir l'équipe", confie-t-il.
UNE HISTOIRE DE MARQUAGE
Le peloton est revenu à dix secondes des hommes de tête et Louis Chavanes (Occitane CF) fait le « jump ». Il est imité par Clément Saint-Martin (Océane Top 16) et Alexis Guérin (GSC Blagnac VS 31), immédiatement suivis par Guillaume Gaboriaud. "Pour moi ils étaient les deux favoris. J'ai donc répondu directement, sans hésitation", raconte-t-il. Un groupe de huit en tête à 60 bornes de l'arrivée, le puncheur sait que désormais cette échappée ira au bout. La course prend la direction du circuit final que les coureurs doivent parcourir à cinq reprises. Principale difficulté, le Mur d'Angalinat (300 mètres à 16%) provoque un écrémage.
A deux tours de l'arrivée, ils ne sont plus que cinq à rouler pour la gagne. Dans la dernière boucle Guillaume Gaboriaud a encore des jambes et porté par un public déchaîné, il accélère au pied du mur. Guérin résiste et en profite pour contrer mais Saint-Martin et Gaboriaud ne lâchent rien et reviennent ensemble. Alors qu'un sprint à trois se profile, Alexis Guérin tente sa chance au kilomètre.
"Juste après le passage d'un pont, il y avait un petit raidard. Guérin avait déjà attaqué deux fois dans le dernier tour mais nous sommes encore revenus avec Saint-Martin", explique l'ancien coureur de l'UV Aube-Club Champagne Charlott'. Au sommet de la bosse, Gaboriaud contre à son tour et ne relâche pas son effort dans la descente. "J'ai roulé sans m'arrêter. Derrière ils se sont marqués et j'ai pu filer vers la victoire, mais je n'oublie pas que sans l'énorme travail de mes coéquipiers rien n'aurait été possible", assure-t-il.
« PAS FAIT MON MEILLEUR HIVER »
A Montastruc, Guillaume Gaboriaud a signé sa première victoire en Elites. Un succès important qui pourrait bien le débloquer. "C'est vraiment une grosse satisfaction parce que j'ai souvent échoué près du but. L'an dernier j'ai remporté un certain nombre de premières catégories mais il me manquait toujours une victoire en Elites. Ça faisait deux ans que je sentais que j'en étais capable, c'était donc on véritable objectif", sourit-il. Et d'ajouter : "La structure n'avait jamais gagné cette course et ça lui tenait vraiment à cœur. Tout le monde parle du « Championnat du Monde de Midi-Pyrénées » pendant l'hiver donc cela ajoute une dimension supplémentaire à la victoire".
Le sociétaire de l'Occitane CF avoue d'ailleurs être le premier surpris par son solide début de saison - il a terminé 13e du GP du Pays d'Aix et 14e du GP Souvenir Jean-Masse –. Souvent en forme lorsque les beaux jours reviennent, l'étudiant en école d'ingénieur (lire ici) s'attendait davantage à être performant en avril-mai. "Je n'ai pourtant pas réalisé mon meilleur hiver parce que j'étais en stage. J'ai notamment eu beaucoup de boulot en janvier et en février où j'ai travaillé 35 heures par semaine", précise un Guillaume Gaboriaud un peu perplexe.
Comme il ne s'estime pas encore à 100%, le coureur de 23 ans imagine pouvoir confirmer sa montée en puissance dans les mois à venir. De quoi le faire réfléchir quant à son avenir dans la discipline. "J'ai toujours fait du vélo pour le plaisir, sans me poser de question. Je n'ai jamais imaginé en faire mon métier parce que je n'avais pas le niveau. C'est pour ça que j'ai toujours privilégié mes études, mais peut-être qu'une très belle saison pourrait m'ouvrir des portes. En tout cas je vais tout faire pour continuer de progresser sans me prendre la tête. Ce n'est surtout pas le moment de s'enflammer", conclut-il.
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