Steven Henry : « Les derniers réglages seront importants »
A mi-piste de la qualification pour les Jeux olympiques, le Championnat du Monde de Pruszkow revêt une importance stratégique pour le groupe endurance de l'équipe de France. Les équipes de poursuite, qui sont la voie la plus "rentable" pour qualifier à la fois les poursuiteurs mais aussi une paire d'Américaine, sont actuellement en dehors des huit premières places qui ouvrent directement les portes du vélodrome d'Izu pour les Jeux 2020 : 12e pour les Hommes et 9e pour les Femmes.
L'entraîneur national Steven Henry fait le point avec DirectVelo avant le départ pour le Championnat du Monde.
DirectVelo : La préparation de tes coureurs est-elle conforme à ce que tu espérais ?
Steven Henry : Chez les garçons, nous avons réussi à ce que tout le monde fasse de l'activité piste dans l'hiver que ce soit au stage d'Anadia, à Hong-Kong, à Bourges et à Gand. Le seul regret c'est de ne pas les avoir fait rouler ensemble avant de partir. Pour compenser nous partons plus tôt et dès jeudi les coureurs rouleront sur le vélodrome de Pruskow. En revanche, nous avons pu avoir les filles quand nous le voulions.
Justement, les filles ont montré de beaux progrès en poursuite par équipes... (voir ici)
Les postes sont maintenant bien déterminés et les jeunes s'acclimatent au niveau Elites. L'objectif est de rentrer dans les huit premières équipes et s'approcher des 4'20". Cela nous maintiendrait dans le match de la qualification olympique. Nous sommes sous la menace de pays qui disputerons des Championnats continentaux avec moins de concurrence qu'un Championnat d'Europe (par exemple la Corée, la Chine et le Japon NDLR). Mais c'est à nous de performer au Championnat du Monde et de continuer de progresser.
PAS DE POURSUITE POUR LAURIE BERTHON
En dehors de la poursuite, quelles seront les ambitions chez les filles ?
Nous avons choisi avec Samuel Monnerais de ne pas engager Laurie Berthon dans la poursuite mais dans le scratch le premier jour, avant qu'elle dispute l'Omnium, son objectif de ce Championnat. Pour l'Américaine, l'équipe n'est pas encore définie même si on a des petites idées. Cela dépendra de la récupération des athlètes avec l'enchainement du programme qui est un peu difficile cette année. Nous avons plusieurs options entre Clara Copponi qui a progressé cette année, Laurie, Coralie Demay et Pascale Jeuland.
Les garçons ne seront réunis qu'à partir de jeudi en Pologne. N'est-ce pas un handicap pour être prêt dès la qualification ?
C'est toujours mieux de les avoir avant mais leurs courses sur route les aideront aussi pour la poursuite. Et puis ils ont de l'expérience maintenant. Pruszkow n'est pas la piste techniquement la plus dure. On va commencer à travailler le jeudi, ça ne fait pas beaucoup de jours en moins par rapport à d'habitude.
Comment seront répartis les postes ?
Les six coureurs sont bien opérationnels, on affinera en fonction des derniers entraînements. Au poste de démarreur, nous pouvons compter sur Adrien Garel ou Aurélien Costeplane. Clément Davy a aussi tenu ce poste en Coupe du Monde, il peut occuper tous les postes.
ESSAYER BRYAN COQUARD EN DEMARREUR APRES LE MONDIAL
Quel poste occupera Bryan Coquard ?
Il démarrera en "3", derrière Benjamin Thomas. Mais après le Championnat du Monde, on l'essaiera aussi au poste de démarreur.
Quelles seront les ambitions de l'équipe de poursuite ?
Le minimum syndical c'est le Top 8 mais ça sera très serré. Si les Australiens se dégagent, derrière eux ça sera assez ouvert entre l'Italie, le Canada, les Allemands, les Néo-Zélandais, les Danois qui, souvent, ne sont pas super au mondial. La Belgique aussi est à surveiller. Il faudra réaliser 3'56"-3'55". Les derniers réglages seront importants pour être propres dès les qualifications.
Les deux équipes de poursuite vont bénéficier d'un nouveau cintre...
C'est un guidon que les garçons ont déjà utilisé à la Coupe du Monde au Canada et à Hong-Kong et les filles l'auront au Championnat du Monde également. Ce guidon Look peut être réglé dans tous les sens. On peut l'adapter à la position de chaque coureur et donc personnaliser le poste de pilotage. Il permet d'avoir les avant-bras très relevés comme le font les Anglais.
UN CHOIX HUMAINEMENT DIFFICILE
A l'Américaine, tu présenteras une paire inédite au Championnat du Monde
Benjamin Thomas et Bryan Coquard feront équipe. Ils ont déjà roulé ensemble et ont assez d'expérience. Ils n'ont pas besoin de nombreuses d'heures d'entraînement ensemble. Quand Bryan est devenu Champion du Monde avec Morgan en 2015, ils n'avaient roulé ensemble seulement la semaine d'avant. Dans la continuité du travail de l'Américaine, Florian Maître disputera la course aux points. C'est important pour lui qu'il courre une grosse course en peloton. Benjamin visera une médaille à l'Omnium où ce sera aussi assez serré.
Donc Morgan Kneisky sera absent du Championnat du Monde...
C'est un choix humainement difficile. Morgan a subi deux grosses chutes : une à la Polynormande en août 2017 et une autre cette année à A Travers les Hauts-de-France. Il va avoir un beau programme sur la route avec la Groupama-FDJ pour revenir en super condition. Mais c'est un plus d'avoir le choix dans les sélections, ça tire tout le monde vers le haut.