Lizarte : « Être parmi les meilleures équipes de développement »
Le matin, au départ des étapes du Tour de Bretagne (2.2), la formation Lizarte ne passe pas inaperçue. Non pas en raison de ses tenues rose et blanche, mais plutôt grâce à la bonne humeur qui s’y dégage. Chez les Ibériques, musique et sourires accompagnent l’attente du départ. En dépit de cette attitude détendue, les Espagnols, qui figurent tous dans les rangs Espoirs, ne sont pas ici en touristes. "L’équipe grandit chaque année. On veut encore améliorer la formation de nos coureurs. On cherche donc les meilleures courses pour former nos jeunes afin qu’ils soient au top et puissent être performants dans le WorldTour dans quelques années. On cherche à avoir un beau calendrier avec des belles épreuves internationales. Le Tour de Bretagne en fait partie’’, explique leur directeur sportif, Juan-José Oroz, à DirectVelo en marge de la cinquième étape.
« LA FORMATION PLUTÔT QUE LE PRÉSENT »
Chevauchement du calendrier oblige, la formation Lizarte est obligée de trancher. Entre le Tour de Bretagne et les deux dernières manches de Coupe d’Espagne Elites et Espoirs (le 1er et le 5 mai) où Roger Adria Oliveras et Francisco Galvan occupent actuellement les deux premières places, une priorité se dégage. "Le Tour de Bretagne va peut-être pénaliser les résultats de l’équipe en Coupe d'Espagne. Mais pour nous, le plus important reste la formation et la performance de nos coureurs dans le futur, notamment en 2021 et 2022, plutôt que le présent", explique-t-il.
Dans l’optique de former les talents de demain, la réserve de Movistar a choisi de s’exporter sur des épreuves internationales, contrairement à la majorité des autres formations espagnoles. L’expérience acquise, notamment sur le sol français, permet aux sociétaires de Lizarte de sortir de leur zone de confort et de se diversifier. "Les qualités qui permettent de bien figurer sur une épreuve comme le Tour de Bretagne constituent des éléments importants pour les coureurs qui souhaitent intégrer Movistar. Ce qu’ils apprendront sur le Tour de Bretagne sera utile pour eux dans le futur". En terre bretonne, les coureurs ibériques sont ainsi contraints de se faire violence dans la plaine et le vent. Sur une course où les montées se font rares, le dépaysement est total tout au long des sept jours. "En Espagne, il y a des montées et des parcours exigeants, mais il manque la possibilité d’avoir des courses longues et des rivaux avec de l’expérience et un niveau suffisant pour défier nos coureurs".
« CONTINUER À GRANDIR »
De l’autre côté des Pyrénées, les coureurs de Lizarte disposent d’un statut différent. Si en Espagne, ils occupent le haut de l’affiche, en France, ils restent relativement méconnus au sein du peloton. Sur ce Tour de Bretagne, ils composent avec des schémas de course inhabituels pour eux. "Chez nous, on a toujours un rôle important pendant les courses. On doit faire la course dans le final. Au niveau international, on essaie de découvrir des scénarios de course différents. On est très chanceux d’avoir l’opportunité de nous exprimer dans des domaines différents’’, résume Juan José Oroz. Tout au long de la semaine, les Espoirs de Lizarte ont l'opportunité de se mesurer au très haut niveau. Et de voir les progrès qu’il leur reste encore à accomplir. "C’est important. Il est propable qu'Iñigo Elosegui et Alberto Dainese vont se confronter dans quelques années au niveau WorldTour. Si Iñigo (Elosegui) peut déjà se mesurer à Alberto Dainese ici, c’est bon pour eux deux", enchaîne-t-il en parlant de son coureur, Champion d'Espagne sur route Espoirs en titre.
Pour ce faire, Lizarte élargit actuellement ses horizons. À l’avenir, l'équipe continuera à se déplacer en Europe afin de croiser le fer avec les meilleurs Espoirs. "On a beaucoup développé notre calendrier international avec des courses comme le Tour d’Italie Espoirs, le Tour du Val d’Aoste ou encore le Tour de Bretagne. On pense que c’est indispensable si l’on veut être parmi les meilleures équipes de développement. Il faut faire ce calendrier si l’on veut continuer à former des coureurs comme Oscar Rodriguez, Andrey Amador, Marc Soler et Richard Carapaz’’. Bien qu'ils se montrent ambitieux, les Espagnols ne souhaitent toutefois pas griller les étapes. Leur travail s'inscrit dans le long terme. "On aimerait disputer à l'avenir une course comme Liège-Bastogne-Liège Espoirs. Cependant, on souhaite continuer à grandir d’une façon pérenne’’, conclut-il.