Bourg-en-Bresse AC : « Il faut nous laisser participer à la fête »

Crédit photo Aurélien Regnoult - DirectVelo

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Ce dimanche, à l’occasion du Tour des 4B Sud-Charente, Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme va remettre en jeu son titre de vainqueur de la Coupe de France N1. Auteur d’une saison 2023 faste, le club bressan a vu cet hiver quatre de ses coureurs rejoindre le peloton professionnel. Ce qui veut dire qu’il a fallu recruter pour compenser, et faire avec la concurrence de plus en plus importante des Continentales de développement. Alors que les N1 s’inquiètent de leur avenir si rien ne change, Christian Milesi, directeur sportif du « BAC », a fait le point avec DirectVelo sur la situation de son club.

DirectVelo : Faut-il considérer Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme comme le favori de la Coupe de France N1 ?
Christian Milesi : Pas forcément et ce pour deux raisons. Il y a tout d’abord le profil des manches qui nous correspond moins cette année, avec a priori plus d’arrivées massives. C’est plus pour les routiers-sprinteurs même s’il y a des manches un peu compliquées. La seconde raison, c’est que nous sommes dans un nouveau cycle de formation, avec beaucoup de très jeunes, des Juniors sortants…

La Coupe de France reste tout de même un rendez-vous coché par le club ?
Oui, elle est toujours au premier plan. Ça reste important pour le club et dans la formation d’un jeune. Elle permet d’affronter les meilleurs coureurs amateurs du pays, il y a aussi l’arrivée des équipes étrangères qui va apporter du niveau. Les manches de Coupe de France se courent de manière collective donc c’est intéressant pour un jeune. Ce sont de très belles courses, toujours importantes. Et puis l'appétit vient en mangeant. L’an passé, le classement général, on n’y pensait pas avant le Tour du Gévaudan. On a ensuite organisé la suite de la saison autour de ça, en reconnaissant les manches par exemple. Cette saison, on part avec un certain réalisme mais on fera les choses de manière soignée. Les manches ne tombent pas face à des rendez-vous importants pour nous. 

 « ÇA NE CHANGE PAS LE QUOTIDIEN »

Quatre coureurs sont passés pros pendant l'intersaison, le recrutement hivernal a-t-il été plus facile du coup ?
Le fait d’avoir quatre pros, ça a plus crédibilisé l’équipe que transcendé l’image qu’elle peut avoir. Depuis quelques années, on a un recrutement orienté grimpeur, avec le savoir-faire qu’il y a ici autour de ça. Sur ce créneau, on a des facilités depuis environ trois ans. Maintenant, il faut faire avec les Continentales de développement. Ça complique le recrutement des tout meilleurs, notamment des Juniors sortants. Mais j’estime que c’est plus dur pour d’autres que pour nous. On a dû faire des choix cette saison.

Outre les quatre pros et la N1, vous aviez brillé en Classe 2 l’an passé… Ce sera compliqué de faire aussi bien cette année..
En 2023, on a sorti quatre pros, on a gagné quatre fois en Classe 2 et on a remporté deux classements par équipe (à l’Alpes Isère Tour et au Tour du Pays de Montbéliard, NDLR). Ce sera différent cette année, avec un effectif de départ plus jeune. Mais aujourd’hui, on a quelques coureurs prêts à passer pro, comme Victor Guernalec et Joris Chaussinand, et beaucoup qui peuvent aussi être sur les listes mais pas forcément cette année. On reste sur le créneau de la formation au monde pro. Nous avons quelques paris. Ce qui fait le charme et la difficulté d’une saison, ce sont les incertitudes. On aura des réponses après les premières courses difficiles. 

Avoir quatre coureurs promus chez les pros, ça change quelque chose pour un club ?
C’est très sympa pour l’image du club. On a un merci franc et réel de la part des coureurs. Ça s'est bien passé avec les équipes Arkéa-B&B Hôtels (pour Louis Rouland et Martin Tjotta, NDLR) et TdT-Unibet (pour Baptiste Huyet et Charlie Paige, NDLR). Il y a une vraie reconnaissance. Il faut l’apprécier, on fait ce boulot-là pour ça mais ça ne change pas le quotidien. Baptiste Huyet et Charlie Paige, quand ils sont arrivés, ils n’étaient pas spécialement sur la liste des coureurs qui potentiellement pouvaient être pros. Alors c’est agréable…

« IL FAUDRAIT DES PASSERELLES »

Comment peut évoluer dans un futur proche un club comme Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme ?
C’est lié au statut des N1 dans les prochaines années. La FFC met des choses en place pour le valoriser. Il va falloir que le travail des clubs amateurs soit valorisé pour que ça dure. On sent qu’on existe auprès des équipes pros, que notre travail de formation est important pour elles. Maintenant, il faudrait des passerelles, qu’on puisse aller ponctuellement sur des Classe 1, être sur des Classe 2 plus facilement… Les équipes de N1 devraient avoir accès à des épreuves de haut niveau.

Est-ce nécessaire pour la survie des N1 ?
Je ne néglige pas le calendrier Élite mais c’est difficile d’avoir une reconnaissance uniquement par rapport à ces courses-là. On aimerait se retrouver dans un système qui permet de faire du haut niveau, d’avoir une vraie place. Je ne parle pas que pour Bourg-en-Bresse. Plein de clubs travaillent bien. Mais derrière des résultats, on doit pouvoir capitaliser, ne pas se retrouver en difficulté financière et sportive, et ne pas avoir juste un merci. On doit avoir une vraie reconnaissance. On ne veut pas une médaille, les indemnités c’est très bien mais c’est tellement peu de choses dans un budget. Ce n’est pas ce qui va nous figer à notre niveau. On ne veut pas un passe-droit mais plutôt un droit. Aujourd’hui, il faut parfois négocier pendant des heures au téléphone pour aller sur une Classe 2…

Ton vœu, est-ce d’avoir un jour Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme au départ du Tour de l’Ain ?
Pour nous, c’est le Tour de l’Ain, pour l’AVC Aix le Tour de la Provence, pour l’AC Bisontine et le CC Etupes les courses de Besançon… Nous, on est dans un département où il y a beaucoup d’épreuves professionnelles. On est un peu déconnecté de ça et c’est logique qu’on aimerait s'exprimer sur certaines épreuves du coin. Faire deux Classe 1 par an, ça serait déjà génial et peut-être même suffisant. Ça doit être au bon vouloir de l’organisateur. Avoir une N1 ne lui coûterait rien. On n’inventera pas de l’argent, là on a un levier qui ne coûte rien à personne… Sur le principe, c’est super simple. À nous de nous débrouiller une fois qu'on a mis ces choses en place. C’est une des clés pour que les N1 puissent continuer d’être attractives. Il faut nous laisser participer à la fête.

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