Eli Iserbyt : « Je ne veux pas prendre de risque »

Crédit photo QuentinphotographieBE

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Présent la semaine dernière sur les routes du Tour de Wallonie, Eli Iserbyt prolonge sa studieuse préparation qui doit l’emmener vers le début de la saison de cyclo-cross en octobre. Considéré comme l’actuel meilleur “fulltime crosser”, expression utilisée en Flandre pour désigner un coureur qui ne se concentre que sur le cyclo-cross, le coureur de 26 ans espère surtout continuer son chemin estival sans pépin physique. Le double vainqueur de la Coupe du Monde s’est entretenu avec DirectVelo.

DirectVelo : Quel est ton sentiment sur ce Tour de Wallonie ?
Eli Iserbyt : Le tracé des étapes est le plus souvent difficile. Notre objectif est de suivre le plus longtemps possible, puis d’étudier les possibilités qui s’offrent à nous. J’ai fait beaucoup d’efforts sur plusieurs étapes. Et mercredi, j’aurais vraiment voulu accompagner les meilleurs. Malheureusement, le Col de Haussire (ascension irrégulière de 4,1 kilomètres avec une moyenne de 7,8%, souvent considérée comme la plus dure de Belgique, NDLR) était un peu trop dure pour moi. J’ai aussi le sentiment que les étapes de près de 200 kilomètres sont trop longues pour ma condition actuelle. Je suis occupé dans un bloc de préparation depuis début avril. C'est donc logique que la forme soit en pente descendante pour le moment.

CHAMPIONNAT DU MONDE DE GRAVEL EN OCTOBRE

Tu es loin de ton meilleur niveau ?
Pour le moment, je suis à 90% de mes capacités. Je crois que j’étais mieux au Tour de Belgique. Nous avons couru un bon programme durant cet été avec la Flèche du Sud et le Tour de la Mirabelle notamment.  Ce Tour de Wallonie est la dernière course du premier bloc. On va maintenant prendre un peu de repos. Le parcours en Wallonie est plutôt exigeant cette année. Heureusement, les jours qui arrivent seront plus calmes avec un peu d’entrainement. Ensuite, on va reprendre des blocs plus exigeants en stage d’altitude puis un autre stage, plus spécifique cyclo-cross.

Tu auras encore d’autres compétitions à ton programme sur la route ?
Oui, quelques courses entre la fin août et la mi-septembre. Puis, je serai au départ du Championnat du Monde de gravel début octobre. Et puis, très vite, on arrivera aux premiers cyclo-cross de l’hiver…

Tu cours souvent à l’arrière du peloton. Par prudence ?
Oui, vraiment. Je ne veux pas prendre de risque. Une chute, c’est toujours ennuyeux quand on est en phase de préparation. Avec notre équipe, on n’a pas les moyens de tirer le peloton et d’être tout à l’avant de celui-ci. Et comme je n’aime pas être au cœur du paquet, je préfère courir à l’arrière. Un accident, ça peut évidemment toujours arriver, que l’on soit devant ou derrière. Cependant, je pense minimiser les risques.

« LA COUPE DU MONDE VA DEVENIR LA COMPÉTITION LA MOINS IMPORTANTE »

Tu as entièrement modifié ta préparation par rapport à l’été dernier...
L’été dernier, j’ai fait beaucoup de VTT. Il a fallu pour cela adopter une autre position qu’en cyclo-cross ou en cyclisme sur route. Je souffrais du dos durant les courses. Avec le staff, on a donc décidé de retourner vers plus de certitudes. On a donc choisi une préparation plus traditionnelle pour un cyclo-crossman.

Quels sont tes objectifs pour l’hiver à venir ?
L’an dernier était l’une de mes meilleures saisons. Je voudrais pouvoir faire aussi bien cette année. Mais, ce ne sera pas simple. Il y a des jeunes qui arrivent. Il faut continuer à bosser à fond et ne pas se dire qu’il est normal de faire aussi bien. Puis, devenir Champion du Monde est un rêve. De manière réaliste, je reconnais que lorsque Mathieu Van der Poel et Wout van Aert sont au départ, c’est très compliqué de décrocher ce titre. Mais je suis plus jeune qu’eux. Je veux bien attendre jusqu’à mes 34 ans s’il le faut.

De quelle manière veux-tu répartir ton hiver ?
Cet hiver, la Coupe du Monde est construite pour permettre à Mathieu Van der Poel et Wout van Aert de l’emporter. Par la force des choses, pour nous les crossmen qui font toute la saison, cela va devenir la compétition la moins importante. À l’inverse, le Trophée X2O et le Superprestige vont redevenir primordiaux. Moi, je vais quand même tout courir. Comme d’habitude, il faudra avoir une bonne forme tout l’hiver. Et s’il le faut, lorsque Mathieu ou Wout seront partis vers la victoire en Coupe du Monde, alors je me mettrais peut-être de rejoindre la ligne d’arrivée en mode économie d’énergie. .”

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