Arthur Meyer : « Un mal pour un bien »

À 23 ans, Arthur Meyer se rapproche de la victoire. Récent 11e du Kreiz Breizh Elites (2.2) et 2e à Longes (Toutes catégories), le sociétaire de Bourg-en-Bresse Ain Cyclisme se livre au micro de DirectVelo sur sa saison, ses récents résultats et ses prochains objectifs.

DirectVelo : Quel était ton sentiment après ta 11e place au général du Kreiz Breizh Elites ?
Arthur Meyer : C’était l’une des dernières grosses courses à ce niveau pour l’équipe. Je savais que j'étais bien, et je voulais vraiment m’appliquer car je n’avais pas trop eu ma carte jusque là. Ce week-end-là, ils m’ont laissé un peu faire ma course, et être si proche du Top 10, c’était une belle satisfaction. 

« ON ÉTAIT DANS UN ENTRE-DEUX »

En arrivant sur l’épreuve, tu te sentais en forme ?
J’étais plutôt confiant parce que j’avais déjà fait 3e sur une Toutes (Prix de Cuiseaux, NDLR). Ce n’était pas grand chose, mais je me disais que ça allait pas mal car j’avais fait une course solide. J’avais de bonnes sensations, et je suis arrivé là-bas détendu et motivé. J’avais vraiment hâte de voir ce que ça allait donner car tout le monde me parlait de Carhaix comme un circuit difficile, mais je savais qu’un circuit avec des montées courtes pouvait me convenir. J’avais même un peu axé ma préparation du mois de juillet là-dessus. Je me sentais plutôt bien et ça l’a fait.


Quel était ton objectif personnel en allant sur cette course ?
En Classe 2, je ne savais pas vraiment quoi espérer. Je suis habitué de l’Alpes Isère Tour mais là c’était encore une manière différente de courir. Je savais que sur un parcours comme ça je pouvais faire un truc solide, mais je ne savais pas où j’allais me situer. C’était un peu un test. Finalement, je suis agréablement surpris de jouer le Top 10. Une victoire d’étape, c’était peut-être un peu trop ambitieux, mais j’espère une victoire en Elite d’ici la fin de saison. En Classe 2, un Top 10 m'allait déjà pas mal. 

Quelle était la stratégie de l’équipe ? 
Au départ, on ne savait pas trop quand Victor (Guernalec) allait bouger. On est resté placés tous les deux en début d’étape. Finalement, il bouge rapidement à Carhaix, et moi derrière c'était prévu que je fasse ma course. Il m’avait bien briefé sur le fait que ça allait se faire à l’usure et qu’il allait falloir lever ses fesses de la selle sur les derniers tours. J’ai réussi à m’extirper à un tour et demi de l’arrivée, et ça m’a permis de prendre une petite avance sur le peloton. C'était parfait. Le lendemain, une fois tous les deux placés au général, c’était un peu plus difficile de manœuvrer. Lui voulait garder sa place voire essayer de renverser le général, mais il ne voulait pas trop que je l’aide car je l’avais déjà aidé un peu toute la saison. C’était limite lui qui voulait m’aider à garder ma place, voire l’améliorer. On était dans un entre-deux. 


Victor Guernalec voulait donc te récompenser pour ton travail de sape...
Toute la saison, il m'encourage pour que j’aille faire des résultats car je l’aide la plupart du temps. Là, il voyait que j’étais placé donc il ne voulait pas me laisser trop l’aider, il ne voulait pas me demander d’aide car je jouais aussi quelque chose et ça lui faisait plaisir que j’arrive à jouer à ce niveau là. On restait un peu en bloc tous les deux à l'avant, on se relayait. Dans le final, il a essayé d’attaquer et moi je m'accrochais le plus possible. On s’aidait mutuellement, c’était particulier. Au briefing, on m'a même dit d'essayer de garder ma place, et que Victor (Guernalec) allait plus se débrouiller seul. 

« ALLERGIQUE AUX POINTS »

Le week-end dernier, tu as de nouveau frôlé la victoire avec une 2e place à Longes, tu continues de tourner autour...
Je tourne autour depuis quelque temps, et je pensais que Longes était le bon jour, que ça allait le faire. Je savais que j’avais une bonne occasion de gagner ce week-end là car tout le monde avait fait son résultat dans l’équipe. Chacun faisait sa course, et moi j’étais désigné pour aller scorer. Quand je me suis retrouvé devant avec de bonnes jambes et une arrivée qui me correspondait vraiment bien, il ne fallait pas que je me loupe car des occasions comme ça je n’en aurai pas à chaque fois. Je pensais avoir fait le trou à 500m de la ligne, mais il (Tom Lambert Wetzel, NDLR) n’était pas loin, et à 50m de la ligne il a réussi à passer. Bien joué à lui mais ça m’a fait un peu chier. Je me rapproche de la victoire et j’espère que ça va finir par le faire d’ici la fin de saison.


Est-ce que tu sens une réelle progression depuis ton arrivée à Bourg-en-Bresse en janvier 2023 ?
À l'entraînement, je vois que j’ai vraiment progressé. Il y a un tel niveau dans l’équipe que ça me tire vers le haut. Sur des courses où j’aurais peut-être baissé les bras car je ne pouvais pas faire de résultats, là il y a toujours quelque chose à jouer avec les autres cartes de l’équipe donc je dois toujours être à mon top niveau. ça me tire vers le haut. Par contre en termes de résultat, c’était un peu plus compliqué car avec l’équipe qu’on a c’est bien plus dur d’avoir sa carte. En début de saison, j’ai vraiment eu du mal à aller chercher des résultats. On faisait des blagues là-dessus en disant que j’étais allergique aux points. J’arrivais vraiment pas à scorer, alors que je voyais qu’à l'entraînement je faisais des trucs bien plus solides qu’avant, mais je savais que ça finirait par arriver. Maintenant que tout le monde est plus détendu car chacun a un peu scoré, c’est un peu plus simple. 


Est-ce que le fort collectif de l'équipe n’est pas une barrière pour toi ?
L’an dernier, on avait un gros collectif et j’ai appris ce que c’était de jouer les classements généraux, défendre un maillot….C’était vraiment enrichissant pour moi mais jouer sa carte était un peu plus difficile. J’avais fait tout un été, quasiment, avec la sélection d’Auvergne Rhône Alpes sur le Championnat de France, au Tour de l’Avenir notamment, et ça allait bien physiquement. Cette année ça refait la même, on a Victor (Guernalec) qui est vraiment solide, Joris (Chaussinand) aussi… Souvent, j’ai eu le rôle de les aider et ça m’allait car je sentais que je n’avais pas encore le truc qui pouvait me permettre d’aller jouer un gros résultat. C’est vrai que c’est un peu frustrant. Certes tu sens que tu ne peux pas aller jouer la gagne car il y a un gros niveau, mais rien qu’en m'accrochant je pense qu’il y avait des courses où je pouvais faire des Top 10 sauf que je me sacrifiais pour le collectif. Ce n’est pas évident mais ça fait partie du job, et je savais que ça allait finir par payer un jour avec ce bon top en Classe 2. Si je n’étais pas passé par toutes ces périodes d’équipier, je ne serais pas arrivé là donc c’était un mal pour un bien. 


Quel regard portes-tu sur ta saison pour le moment ?
Mon début dé saison est un peu décevant sur les résultats mais pas sur le comportement et le collectif où c’est super satisfaisant. Je pense que j’ai fait deux/trois petites erreurs à l'entraînement qui ont fait que je n’étais pas super en course. J’ai rectifié le tir un peu avant l’Alpes Isère Tour, et à partir de là ça allait vraiment bien. Je savais que ça allait être une question de temps avant de pouvoir scorer. Je sais aussi que l’été est plus propice à faire des bons résultats car il y a un peu moins de pression, moins de monde. Sur la dernière période, de l’Alpes Isère Tour au Kreiz Breizh, je peux dire que je suis satisfait. J’espérais un peu mieux sur les résultats mais en même temps si on me demande comment j’ai trouvé cette saison, je vais dire incroyable. On a eu plein de super moments, plein de super courses, des gros coups collectifs. Je n’ai pas des résultats exceptionnels mais c’était une saison sacrément cool, et il reste de belles choses à faire. Je me fais vraiment plaisir dans cette équipe, on a vraiment une équipe de potes. On habite tous plus ou moins autour de Chambéry, c’est vraiment du luxe. On se fait plaisir. Moi il me manquait encore ce petit truc pour que j’aille jouer quelque chose dans le final, et c’est le cas depuis un mois à peu près donc là c’est vraiment full plaisir. 


Quelles sont tes ambitions pour la fin de saison ?
Je vais couper un peu avant de me concentrer sur le mois de septembre qui va être bien dense. Je ne sais pas encore où je vais, soit à la Coupe de France, le Tour de Moselle ou le Côte d’Or. Il y a un gros mois pour essayer d’en gagner une. C’est une coupure prévue car je n’avais pas fait de réelle pause avant. Le mois d’août est vraiment light donc c’était l’occasion de souffler un coup, de prendre un peu de vacances avant de se concentrer sur la rentrée. 

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