Laurie Berthon dans la cour des grandes
Quatrième du Championnat d’Europe à Granges (Suisse), où une chute sur l’élimination l’avait privée d’un second podium (2e du scratch en 2014 à Baie-Mahault en Guadeloupe), Laurie Berthon s’était déjà immiscée dans le gratin mondial sur les manches de la Coupe du Monde cet hiver en terminant 2e à Cali (Colombie) derrière la Britannique Laura Trott mais devant l’Américaine Hammer puis 3e à Hong-Kong derrière Trott et Hammer.
"Laurie est en progression constante depuis cet hiver, confie Samuel Rouyer son entraîneur qui l’a façonne au quotidien à Saint-Quentin-en-Yvelines depuis janvier 2014. Elle a gagné plus de dix secondes en poursuite mais surtout elle est devenue plus régulière à un bon niveau de performance. Avant elle pouvait claquer un bon temps et en réaliser trois mauvais derrière. Encore à Londres, elle a signé son meilleur temps en poursuite (7e) et sur le 500m (2e). Sa gestion du scratch (4e) et de l’élimination (4e)ont été intéressantes et elle a vraiment affiché une nouvelle maîtrise tactique sur la course aux points."
Seule la Hollandaise Wild (3e en 2011 et 2015) avait su s’immiscer précédemment sur un podium que Laura Trott (1ere en 2012, 2e de 2013 à 2015), Sarah Hammer (3e en 2012, 1ere en 2013, 2014) et l’Australienne Annette Edmondson (2e en 2012, 3e en 2013 et 2014, 1er en 2015) - dans cet ordre aux Jeux Olympiques de Londres -ont fermé à triple tour depuis 2011. "Ce sont des filles habituées à la poursuite par équipes qui ont un gros potentiel, une grosse expérience et de grand talent, ajoute Samuel Rouyer. Ce n’est pas rien de jouer les yeux dans les yeux avec elles."
Et pour le Lorrain, féru de chiffres, rien n’est figé, mais tout est programmé. "Depuis deux ans, on travaille pour la médaille d’or de Rio. A ce niveau, on connaît l’ensemble de nos rivales, il y a peu de surprises sur les chronos. Dans l’idéal, elle doit refaire le même scratch en devançant Trott cette fois-ci, la même élimination en gagnant une place face à la Danoise. Elle peut gagner un rang en poursuite et il faudra gagner le 500m et le tour lancé. A Rio, elle aura quatre heures de récupération entre les deux, ce qui va l’avantager. Car comme c’est elle qui signe le meilleur chrono, elle va plus loin dans l’effort, c’est logique. Tout ça peut nous amener à récupérer 10 points. Et une fille comme Trott devant son public a peut-être gagné deux dixièmes sur ses chronos, ce qui peut lui enlever 2 ou 4 points. Pour moi, elle n’est pas imbattable. Mais il ne faudra commettre aucune erreur et Laurie devra être aussi régulière sinon plus."
Si la Rhodanienne (24 ans) veut garder sa place sur ce podium de très haut niveau et connaître éventuellement un immense bonheur, ce sera à ce prix.
N.B.