On a retrouvé : Aurélien Duval

Crédit photo Jean-Marie Doerler

Crédit photo Jean-Marie Doerler

Comme un météore, Aurélien Duval a traversé la galaxie cyclisme. "Je venais d’arrêter le motocross et j’ai commencé à 16 ans. J’ai tout de suite gagné, je savais que j’avais des capacités physiques au-dessus de la normale". Champion de France Juniors de cyclo-cross après un an de vélo, il enchaine les victoires sur la route avant de confirmer en devenant une nouvelle fois Champion de France chez les Espoirs en 2008. Un an plus tard, il prend la médaille d’argent sur le Championnat du Monde de cyclo-cross. Des succès qui le mènent jusqu’à la FDJ qu’il intègre en 2009. Il a alors 21 ans quand tout s’arrête en octobre à cause d'une suspension de deux ans*. Fin 2011, il reviendra le temps d’une campagne de cyclo-cross qu’il conclut par un titre de Champion de France Elites. Malgré ce titre, les portes restent fermées et Aurélien Duval annonce, un an plus tard, le 12 février 2013 la fin de sa carrière. DirectVelo l’a retrouvé, gérant d’une supérette qu’il a montée avec sa femme. Sans dossard et loin du cyclo-cross.

DirectVelo : As-tu suivi le dernier Championnat de France de cyclo-cross ?
Aurélien Duval : Je n’ai pas regardé la course mais je suis toujours les résultats et l'actu sur DirectVelo. J’ai couru avec les gars donc je suis toujours ça de près. Pas facile de dire si je pourrais encore jouer la gagne (rires).

« IL AURAIT FALLU QUE JE SOIS CINQ FOIS CHAMPION DU MONDE »

Est-ce que ça te manque ?
Non j’ai tourné la page. Aujourd’hui, en tout cas, elle est complètement tournée. Je m'y intéresse surtout car j’ai côtoyé des gars comme Arnold Jeannesson ou Francis Mourey par exemple. Mais je n’y pense pas vraiment. Même l’adrénaline de la compétition ne me manque pas plus que ça. C’est surtout quand tu es à fond dans la saison que ça te manque entre les courses mais plus maintenant.

L’annonce de ton arrêt avait été plutôt soudaine, est-ce que tu l’as regretté ?
C’est une décision que j’avais prise à chaud après le Championnat de France de cyclo-cross en fait. Je savais plus ou moins que j’arrêterais car je voyais bien que toutes les portes m’étaient fermées. J’ai bien eu des contacts dans des équipes belges mais pour dire la vérité, je trouvais les offres pas intéressantes. En tout cas pas assez pour continuer à faire tous ces sacrifices. Les gens ont dit que j’étais têtu ou que j’avais mauvais caractère mais je pense surtout qu’il aurait fallu que je sois cinq fois Champion du Monde pour retrouver une équipe ! J’estimais que ça ne valait pas le coup de continuer donc je n’ai jamais regretté ma décision.

« C’EST DANS UN SAC AU SOUS-SOL »

Qu’est-ce qu’il te reste de ces années ?
Surtout de bons souvenirs. Que ce soit mes premières sélections avec le comité de Champagne-Ardenne, le Championnat de France Juniors et je dirais que mon titre en Elite devant les deux coureurs FDJ a été la cerise sur le gâteau. Il y a encore des personnes qui m’ont suivi et qui me reparlent de telle ou telle course. Ça ne me dérange pas, j’aime bien me rappeler de tout ça. Bien sûr, il y a de plus mauvais souvenirs après… Mais, je ne pense pas que ma carrière m’ait apporté quelque chose dans la vie. C’est plutôt mon éducation et les valeurs de travail, de courage, transmises par mes parents qui m’ont servi pour le vélo.

Et tes maillots ou tes médailles où sont-ils ?
J’ai gardé seulement mes médailles, les maillots de Champion de France et un maillot de Champion de Champagne-Ardenne. C’est dans un sac au sous-sol. J’ai jeté tout le reste. A quoi ça m’aurait servi de garder tout ça ? Je préfère regarder vers l’avant.

« LE SPORT LOISIR NE M’INTERESSE PAS »

Tu ne fais plus de sport ?
Non ça ne m’intéresse pas. Je ne fais pas du tout de sport en loisir. Avant, je voulais simplement gagner. C’était mon truc. Et j’étais prêt à me faire mal sur le vélo et à faire des sacrifices dans la vie pour y arriver. Mais le sport loisir ça ne m’intéresse pas.

Aujourd’hui qu’est-ce que tu te dis quand tu te retournes sur ces années ?
Finalement, ça représente assez peu de temps. J’ai fait des choses pas mal mais j’aurais pu faire mieux... En tout cas, j’étais capable de beaucoup mieux. Ça j’en suis sûr.

Ton contrôle positif, tu y penses encore ?
Non. Je ne sais toujours pas d’où vient cette substance ni comment j’ai pu être positif. Ça a stoppé ma carrière. Enfin, ma courte carrière ! Peut-être que sans ce contrôle je serais encore sur la route. Peut-être que j’aurais été Champion de France dimanche dernier ou que j’aurais arrêté le cyclo-cross… Je ne saurai jamais ce qui aurait pu se passer. Mais je n’ai pas de regret, je suis père d’une petite fille, marié. Je suis comblé.

*En octobre 2009, il est contrôlé à un produit stimulant, la norfenfluramine. Il est alors suspendu deux ans.

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