Tour de l'Avenir : Patrick Müller tout schuss
Mais à quelle vitesse Patrick Müller a-t-il été flashé dans la descente du Cormet de Roselend ce samedi, sur la 8e étape du Tour de l'Avenir ? Le mystère demeure sur ce tour de force commis sur les 16,7 km de route qui plongent vers Bourg-Saint-Maurice. Côté montée, le Tour de l'Avenir est dominé par le Colombien Egan Bernal, encore vainqueur d'étape à Sainte-Foy-Tarentaise (Savoie). Côté descente, il faut rendre justice au Suisse Patrick Müller, le bolide du jour dans Roselend. "Ma pointe de vitesse ? Mon compteur indique 131 km/h, donc il doit y avoir un problème...". A l'arrivée, où il se classe 21e, le quadruple Champion de Suisse sur route (Cadets, deux fois Juniors et Espoirs) a senti la force du vent à travers son casque. Il interroge son coéquipier Gino Mäder, qui indique : "Je suis descendu à 91 km/h". Donc, pour Müller, c'est beaucoup plus.
« JE ME SUIS FAIT PLAISIR »
Ce grand plongeon, beaucoup de coureurs en rêvaient. Les Belges et les Américains parlaient d'attaquer juste avant le sommet, afin de se lancer à corps perdu dans la descente. Les Français aussi, qui avaient étiré le peloton au même endroit en 2016, dans l'idée de mettre David Gaudu sur orbite avant la montée de Tignes (lire ici) – un plan très bien exécuté mais gâché par une chute. Aurélien Paret-Peintre et Valentin Madouas sont d'ailleurs passés à l'attaque pour préparer leur descente (voir vidéo). Mais c'est Müller qui a régalé.
"Je sais que je ne suis pas capable de gagner en bosse, alors je voulais lâcher un maximum de grimpeurs en descente, raconte ce spécialiste des classiques (3e du Grand Prix de Francfort, 4e du Tour des Flandres cette saison). La descente, c'est un terrain que j'aime beaucoup. Avec mon expérience du VTT et du cyclo-cross, je sais prendre les virages. Je me suis élancé... J'ai rattrapé les coureurs en tête (Pavel Sivakov, Daniel Martinez, Florian Cam) et je les ai dépassés. Une fois seul, je me suis fait plaisir...".
« ÇA SE JOUE DANS LA TETE »
Le coureur suisse, 21 ans, membre de la BMC Development en temps normal, a pris les bonnes trajectoires. "L'astuce, c'est de suivre le motard de la gendarmerie devant toi, ajoute-t-il. Quand il freine, le feu arrière s'allume et tu te prépares à donner un petit coup de frein, au bon moment."
Mais la descente reste peut-être avant tout une affaire de confiance, comme Müller le définit : "Ça se joue dans la tête. Au mois de juillet, j'ai bien fait dans cet exercice pendant le Tour du Val d'Aoste. Ça m'a donné un déclic. Ici, sur le Tour de l'Avenir, j'ai eu envie de tout donner."
En bas de la descente, le Suisse intrépide est repris par Bernal et les autres favoris. Son écart n'a sans doute pas dépassé la vingtaine de secondes, ce qui est déjà une petite référence dans cette descente où d'autres très bons techniciens ont tenté le forcing. "Je n'ai pas réussi à provoquer l'échappée, mais je n'ai pas de regrets", conclut-il. Où les sensations comptent plus que la question des kilomètres-heure. Patrick Müller s'amuse : "Je m'entraîne sans compteur, la vitesse n'est pas le sujet le plus important !"