Roxane Fournier : « A moi de changer... »

Crédit photo Thomas Maheux - FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope

Crédit photo Thomas Maheux - FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope

Roxane Fournier y a cru, mais elle est une nouvelle fois passée à côté. 5e du Championnat de France sur route de Mantes-la-Jolie (Yvelines) samedi dernier alors qu’elle semblait en position favorable à une dizaine de kilomètres de l’arrivée, la leader de la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope a finalement laissé Aude Biannic (Movistar) filer vers le sacre à l'instant décisif. Déçue de manquer le titre, l’athlète de 26 ans compte bien tirer des enseignements de cette énième place d’honneur. Surtout, Roxane Fournier veut vite se concentrer sur la suite et les nouvelles opportunités qui se présenteront à elle, notamment lors des prochains Championnats d’Europe.

DirectVelo : As-tu digéré la déception du Championnat de France sur route ?
Roxane Fournier : Je suis déjà passée à autre chose, il faut avancer. Sur le coup, bien sûr, j’étais déçue… Mais c’est la course. Je n’ai pas grand-chose à regretter. Aude (Biannic) a attaqué au bon moment et derrière, ça n’a pas bougé tout de suite. Les filles n’ont pas réagi à son accélération. Après ça, c’était compliqué de mettre la poursuite en place et on ne l’a plus revue.  

L’ensemble de ton équipe avait travaillé tout au long de la course : n’était-ce pas à toi d’aller chercher Aude Biannic dans cette dernière difficulté ?
J’ai essayé d’y aller ! Mais j’ai tout de suite vu et compris que tout le monde avait sauté dans ma roue. Je me suis dit qu’il fallait que je me relève un peu, et que je laisse une autre fille relancer. Si j’avais bouché le trou, j’aurais ramené tout le monde et en plus, j’aurais grillé une cartouche, juste avant le sprint. De toute façon, mon rôle était de sprinter.

Tu devais donc attendre le dernier moment ?
Oui, c’est ce que m’ont demandé les directeurs sportifs. Je devais faire le sprint, c’est tout. Je m’en suis tenu au rôle que l’on m’avait donné, à savoir celui de rester au chaud jusqu’au sprint. Je n’ai pas de regrets dans ces conditions. De toute façon, avec des si, c’est facile de refaire la course.

Durant ce Championnat de France, plusieurs filles de l’équipe se sont retrouvées en position de jouer quelque chose d'intéressant. A commencer par Victorie Guilman, qui s’est mise à rêver du titre de Championne de France Espoirs (lire ici). Mais tu étais donc la leader unique de l’équipe ?
Avant le départ, pas forcément. On pensait à jouer ma carte mais en fonction de la course. Lorsque le gros groupe est sorti (seize filles dont Coralie Demay, Maëlle Grossetête, Victorie Guilman et Evita Muzic pour la FDJ-Nouvelle-Aquitaine-Futuroscope, NDLR), il y avait des filles comme Pascale (Jeuland-Tranchant), Juliette (Labous) ou Aude (Biannic) devant. C’était compliqué de laisser ce groupe-là se jouer la victoire devant. Nous avions des jeunes devant et nous ne savions pas si les filles allaient pouvoir s’accrocher lors d’une attaque d’Aude dans une bosse par exemple. Est-ce qu’elles auraient pu battre Pascale au sprint ? Pour ce qui est du titre chez les Espoirs, c’était du bonus. On visait le titre Élites ! Qu’est-ce qu’on aurait fait si Victorie avait été déposée par Pauline-Ferrand Prévot, qui sort en contre dans une bosse ? On aurait pu jouer d’autres cartes que la mienne, mais en fonction de la composition du groupe de tête. Si on pensait que l’on pouvait gagner devant, on aurait laissé faire.

« ON ME DEMANDE SOUVENT D’ATTENDRE »

Vous n’aviez donc pas confiance dans les filles présentes à l’avant ?
A 30 kilomètres de l’arrivée, les directeurs sportifs ont décidé de jouer la carte de l’arrivée groupée, pour moi, de façon définitive. Et on est bien resté sur cette idée jusqu’en fin de course.

As-tu senti une coalition des autres filles contre la FDJ ?
Je ne l’ai pas forcément ressenti comme ça, non. Mis à part Pauline et Aude, je trouve que les autres filles n’ont pas beaucoup attaqué ou durci la course. Pauline nous a obligées à mener une course poursuite pendant vingt kilomètres, c’est vrai. Pour le reste, je n’ai pas vu beaucoup d’attaques dans le final, alors que je m’attendais à ce scénario. Peut-être que les filles avaient peur de tenter de trop loin. En tout cas, je ne peux pas du tout parler de coalition contre nous.

Après ce nouvel échec, n’as-tu pas peur de ne jamais réussir à décrocher ce titre ou cette grande victoire qui manque encore à ton palmarès ?
Disons que je me rends compte que le Championnat de France n’est pas forcément une course qui me correspond. On me demande souvent d’attendre, mais je me rends compte que ces courses sont débridées. Il faudrait peut-être aborder le Championnat différemment, sans attendre. Ce n’est pas une course comme les autres, où on assiste à un rouleau compresseur avant le sprint. Bien sûr, cette course, j’aimerais la gagner un jour, mais ce n’est pas ce que je préfère…

Tu envisages donc de te montrer plus offensive à l’avenir ?
A moi de changer… Enfin, changer ma façon de courir quoi… Oui, sans doute. Ce Championnat m’aura beaucoup apporté, c’est sûr. Cela dit, je suis très contente pour Aude. C’est une super copine et elle a beaucoup travaillé pour les autres durant sa carrière. C’est mérité. De mon côté, il y aura vite d’autres courses et d’autres objectifs. Je pense par exemple aux Championnats d’Europe. J’y serai encore ambitieuse après ma quatrième place l’an passé. J’ai bien conscience que ça se joue toujours à des détails… Pour gagner, il faut que tout soit réuni. Mais je n’ai pas dit mon dernier mot. Je veux concrétiser. Je suis régulière, dans les Top 5, les Top 10, mais il faut gagner. 

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