Direction Verbania (Piémont) pour Marion Bessone. La Provençale de 29 ans va participer à partir de ce vendredi au Giro Rosa, la principale course par étapes du calendrier féminin. Tout va très vite pour celle qui a débuté le cyclisme en compétition en 2016 et qui a signé,mi-juin, avec l'équipe UCI italienne Servetto-Stradalli Cycle-Alurecycling. Avant le Tour d'Italie, DirectVelo a voulu en savoir plus sur la 24e du récent Championnat de France.

DiectVelo : Te voilà au départ du Tour d'Italie !
Marion Bessone : A défaut d'avoir un Tour de France, le Giro Rosa est la plus grande course pour une féminine ! Comme dit mon directeur sportif, ce sont les Championnats du Monde mais pendant dix jours ! Je suis donc fière de pouvoir participer à ce monument du cyclisme féminin. Je n'aurais pas rêvé de ça l'année dernière. Il y a un peu d'appréhension de courir à un tel niveau et pendant aussi longtemps !

« PAS LA PRESSION DU RÉSULTAT »

Qu'attends-tu du Giro ?
Je n'ai pas la pression du résultat. J'y vais dans un rôle d'observatrice afin de prendre de l'expérience. J'espère pouvoir aider mes leaders et pourquoi pas me glisser dans une échappée pour tenter quelque chose !

As-tu préparé l’épreuve spécifiquement ?
Tout s'est passé très vite. J'ai su mi-juin que j'allais participer à ce Giro. Je n'ai pas eu beaucoup de temps pour m'y préparer. J'ai augmenté mon volume d'entraînement pendant dix jours. J’ai enchaîné les sorties avec un groupe de cyclistes d'Aubagne, surnommé "le paquet" pour les connaisseurs. Le groupe roule à 35 km/h et fait même un peu de derrière-scooter.

Tu viens de rejoindre Servetto-Stradalli Cycle-Alurecycling. Comment t'es-tu retrouvée dans cette équipe UCI ?
Mon compagnon, Rémi Chenu, travaille depuis longtemps dans le vélo (PDG de CKT et directeur technique des vélos Héroïn notamment, NDLR). Il a donc quelques contacts dans le milieu. J'avais contacté cette équipe en novembre mais la saison des transferts était déjà close. J'ai tout de même relancé en mai, et la réponse a été positive. L'équipe cherchait une coureuse pour le Giro. J'ai ainsi signé avec eux mi-juin. Le DS, Dario Rossino, pense que cette saison me servira à observer et qu'après une bonne préparation hivernale, je pourrai faire des choses l'an prochain. Cette seconde partie de saison me permettra aussi de voir si cela me plaît et si je peux conjuguer ma pratique sportive avec mon travail.

VENUE DU SKI DE FOND

Quel a été ton parcours pour arriver si tard à la compétition ?
Je viens du ski de fond. Habitant vers Gap (Hautes-Alpes), j'en faisais en compétition depuis l'âge de quatre ans. Et l'été, pour ne pas perdre la forme, je pratiquais la course à pieds, la randonnée et le VTT. C'est seulement vers mes 16 ans que je me suis mise au vélo de route, en loisir. Pendant plusieurs années, j'ai roulé avec des pneus slicks montés sur mon VTT... Il y a mieux pour le rendement ! A 18 ans, je suis partie faire mes études de pharmacie à Marseille, et à défaut d'avoir de la neige, j'ai troqué mes skis pour un vrai vélo de route. Les années d'études étant assez prenantes, autant au niveau scolaire que festif, je n'avais jamais guère plus de 1000 kilomètres à l'année.

Depuis combien de temps pratiques-tu réellement le cyclisme ?
Je me suis réellement mise au vélo, il y a deux ans, après avoir fini mes neuf années d'études. J'ai trouvé un poste de pharmacienne en clinique. J'ai pu aménager mon temps pour m’entraîner. Mon compagnon m'a entraîné dans sa passion. J'ai pris ma première licence à la Roue d'Or Sanaryenne, en 2016. La bonne ambiance dans ce club présidé par Luc Nicolaieff m'a permis de prendre goût à la compétition. En plus des cyclosportives, j'ai ainsi commencé les courses UFOLEP et FFC. Je me suis même pointée aux Championnats de France Elites à Vesoul pour ma première saison ! Depuis 2017, j'ai enchaîné les podiums sur les cyclosportives. J'ai participé à plusieurs manches de la Coupe de France ainsi qu'au Tour de l'Ardeche Féminin, avec l'équipe Lares Waowdeals.

ECHAPPÉE À MANTES-LA-JOLIE

Quelles sont tes qualités sur le vélo ?
Je suis plutôt une grimpeuse mais quand ce n'est pas trop raide... Disons grimpeuse-puncheuse. Le parcours du Championnat de France de Mantes-la-Jolie me convenait plutôt bien, même si j'aurais préféré des bosses plus longues.

Tu t'es retrouvée justement dans une échappée à ce Championnat de France !
Trois jours avant la course, je ne pensais pas y participer en raison d'un problème de licence dû à mon changement de statut. Je sortais aussi d'une grosse semaine d'entraînement en vue du Giro ! Finalement, j'ai pris le train de Marseille le vendredi. Je n'avais donc pas de réel stress car ce n'était pas vraiment un objectif. Je n'avais rien à perdre ! Lorsque que j'ai vu l'échappée se former, j'ai bondi dans les roues car j'avais des bonnes sensations. C'était la bonne ! Mais je pense que nous étions un peu trop nombreuses à l'avant pour que ça s'organise bien...

Comment vis-tu ce qui t'arrive  ?
Ça fait plaisir ! Je ne réalise pas encore ! Il y a deux ans et demi, je n'avais encore jamais fait une course FFC. Je n'avançais pas un caramel, et me voilà maintenant dans une équipe UCI ! Je sens que je progresse de saison en saison. Courir au niveau WorldTour devrait me faire encore passer un cap !