Maxence Moncassin : « Ca m’a fait peur »
Visiblement, Maxence Moncassin ne s’attendait pas à de tels débuts chez les professionnels. Pour sa première saison parmi l'Élite, le sociétaire de l’équipe Amore & Vita-Prodir s’est retrouvé propulsé leader de sa formation en ce début d’année. Une situation à laquelle il avoue ne pas avoir été préparé, mais qu’il compte bien assumer. Encourageant 7e à Palma, sur le Challenge de Majorque, l’ancien athlète du GSC Blagnac Vélo Sport 31 vient de boucler sa première Étoile de Bessèges. Le coureur de 22 ans a fait le point avec DirectVelo juste après en avoir terminé de son contre-la-montre à Alès.
DirectVelo : Comment se sont déroulés ces quatre jours de course sur l’Etoile de Bessèges ?
Maxence Moncassin : Le premier jour, j’ai fait une erreur en arrivant sur le circuit final, alors que j’étais bien placé. Je voulais éviter de prendre le vent et je me suis remis un peu derrière mais malheureusement, ça a fait la boule et du coup, je n’ai jamais pu remonter par la suite, et je n’ai pas pu disputer le sprint. Sur la 2e étape, j’ai tout fait pour être bien placé mais cette fois, justement, j’étais un peu trop devant, avant que le sprint ne se lance. Je me suis retrouvé en deuxième position à la sortie du rond-point, juste avant la dernière ligne droite… J’ai lancé bien trop tôt, du coup (22e). J’ai quand même pris du plaisir à frotter et à me placer. Ca reste rassurant pour la suite. Je suis un peu déçu, mais il y aura d’autres occasions de faire des sprints.
Tu as également pu te tester, ce dimanche, sur un contre-la-montre individuel !
C’était vraiment dur, je ne voyais pas la fin de ce chrono… Mais je m’étais promis de le faire à fond. J’espère le refaire l’an prochain avec plus d’ambitions. Pour l’instant, je suis là pour apprendre et l’équipe le sait. Ils n’ont pas mal pris le fait que je me rate sur les deux sprints. Ils m’ont dit que c’était normal. Pour le chrono, on n’attendait rien de spécial, évidemment. Maintenant, je vais faire le Tour La Provence, puis les courses en Belgique, avec notamment le Mémorial Samyn.
Sur la 3e étape autour de Bessèges, les 158 kilomètres ont été parcourus à près de 46 km/h de moyenne. Certains coureurs très expérimentés ont expliqué avoir battu leurs records en terme de Watts développés. Tu as donc, en quelque sorte, été baptisé sur cette étape ?
(Rires). Malheureusement, je n’ai pas fait 46 de moyenne, moi ! J’ai pété dans une bosse et après, j’ai terminé dans le deuxième peloton. J’avais quand même prévu le coup en faisant un peu de rouleau avant l’étape. Je savais que ça risquait de partir vite. Mais je n’imaginais pas que ça roule à bloc toute la journée, sans ne jamais débrancher. C’était fou. Dans le GPM, j’ai regardé le compteur et j’ai vu qu’on était à 40 km/h… Je n’avais jamais connu ça. Je me suis accroché, et accroché encore… Puis j’ai vu qu’il restait un kilomètre de montée, et j’ai compris que je n’allais pas tenir jusqu’en haut. Une fois dans le deuxième peloton, ça ne s’est pas calmé non plus : ça roulait à bloc, à 50, 60… Et on perdait du temps ! Même quand on était à 3’30”, les mecs roulaient toujours à bloc. J’ai passé une sale journée ! J’étais vraiment déçu, quand j’ai vu que ça arrivait au sprint… Normalement, je passe assez bien les bosses, mais là, c’était du haut-niveau.
Tu as un calendrier intéressant en ce début de saison !
On a un super programme, même ! Franchement, je n’aurais pas pu espérer mieux. A Majorque, je suis tombé sur la 2e étape. J’ai été pris dans une grosse chute, sur des routes très glissantes. J’avais simplement quelques plaies, mais rien de plus. Sur la dernière manche, j’ai fait 7e au sprint. Ca m’a fait du bien. Les deux dernières années, chez les amateurs, j’avais galéré avec pas mal de pépins de santé mais maintenant, c’est derrière moi et j’espère que tout ira bien cette année. Je suis vraiment content d’être ici. Par rapport aux grandes équipes, on est un niveau en-dessous, c’est sûr, mais on va se battre avec nos armes.
« ON NE M’AVAIT JAMAIS DIT ÇA »
T’attendais-tu à jouer ta carte dès les premières compétitions de l’année ?
Pas du tout. J’ai de la pression, quand même. Au stage de pré-saison, j’étais un de ceux qui marchaient le mieux. Du coup, la veille du début du Challenge de Majorque, le staff est venu me dire que c’était pour moi, et qu’ils comptaient sur moi. On ne m’avait jamais dit ça et franchement, ça m’a fait peur. J’ai appelé mon père, j’étais un peu en panique… Ca m’a fait bizarre mais en même temps, ça m’a fait plaisir. Je ne m’attendais pas du tout à avoir ces responsabilités-là, même si j’ai envie de faire des résultats. Je suis néo-pro et comme je l’ai dit, j’ai tout à apprendre.
Te voilà donc dans le grand bain...
J’attendais depuis longtemps de pouvoir courir avec des mecs comme ça. Ces coureurs, je les regardais à la télé, ou je les avais dans mon équipe à Pro Cycling Manager (rires). Ça fait bizarre.
Tu évoquais ton rôle dans l’équipe : est-ce à dire que tu auras des responsabilités tout au long de la saison ?
Pour l’instant, on a mis des choses en place pour que l’équipe m’emmène au sprint. Je disputerai d’autres sprints cette année, mais je ne serai pas le seul. Je sais qu’il y a notamment un Argentin dans l’équipe qui va très vite (Federico Vivas, NDLR). Je n’ai pas encore couru avec lui, et je ne le connais pas, mais il paraît qu’il est très bon, donc ça risque de tourner. Peut-être que parfois, je le lancerai, ou l’inverse. On va apprendre à se connaître, ça peut être intéressant.
Qu’attends-tu du Tour de La Provence ?
Je crois que comme à Bessèges, ça va faire mal ! En plus, il y a un beau plateau. Je pense notamment à l’étape de La Ciotat, avec la route des Crêtes. Pff.. Ca va être dur. Mais il faut passer par là, c’est ce que je voulais. Sur des courses comme ça, on se fait taper dessus mais c’est le meilleur moyen de prendre de la caisse. J’ai senti qu’il m’en manquait encore à Majorque et à Bessèges. Ça va venir !