Théo Delacroix : « J’ai mis la pression de côté »
C’est après une magnifique course de mouvements et suite à un dernier sprint royal à trois que Théo Delacroix a arraché, ce vendredi, le titre de Champion de France Espoirs sur route, à Beauvais (Oise). Auteur d’une course parfaite d’un point de vue tactique, le Jurassien - qui peine d’ordinaire à conclure - n’a jamais craqué dans le final, assumant même l’essentiel du travail dans le trio de tête, lors des ultimes kilomètres. L’habituel sociétaire du CC Etupes est aussi celui qui a pris ses responsabilités aux 200 mètres en lançant le sprint le premier. Le stagiaire de Wanty-Gobert, qui revient tout juste du Tour du Burgos, s’est finalement fait violence et se voit récompensé par le titre national, alors qu'il n'avait plus levé les bras depuis les rangs Juniors (voir classement). DirectVelo a recueilli la première réaction du coureur de 20 ans après l’arrivée.
DirectVelo : Tu n’avais pas encore gagné de l’année, et te voilà Champion de France !
Théo Delacroix : Je suis super content, je ne réalise pas encore. J'ai gagné cette course avec un vélo cassé (rires). Mon vélo a été abimé au niveau du hauban arrière, durant le vol retour de mon voyage à Burgos. Cette victoire, c’est une récompense pour le travail en amont des années précédentes. Je crois que le scénario avait sensiblement été le même l’année dernière. C’est une course qui se fait par l’avant. Quand on est derrière, c’est compliqué de rentrer par la suite. Il y a peu de parties qui permettent de faire le saut. Mais j’ai couru devant et je me suis retrouvé dans les bons coups.
« J’AVAIS PEUT-ÊTRE CETTE FAMEUSE PEUR DE GAGNER »
Le premier moment clé a été la constitution de ce groupe imposant d’une trentaine de coureurs à l’avant…
Il ne fallait pas attendre, ni se faire piéger. Il fallait essayer de s’isoler avec les meilleurs, et c’est ce que j’ai réussi à faire. Par contre, il restait encore à conclure.
On t’a senti maître de la situation tout au long de ce Championnat. Ton rôle d’homme fort du CC Etupes, en cette saison 2019, t’aide-t-il pour ce type de très grands rendez-vous ?
Le fait d’être dans une position de leader chaque week-end permet d’acquérir de l’expérience et de la confiance en soi. Jusqu’à présent, j’ai quand même toujours eu du mal à gagner… Et ça m’a porté préjudice plus d’une fois. J’avais peut-être cette fameuse peur de gagner. Je sais que mentalement, j’ai encore des choses à travailler. Mais aujourd’hui (vendredi), c’est simplement une journée durant laquelle tout s’est bien passé. J’ai mis la pression de côté. À trois devant, on assurait au moins la médaille, alors tout le monde a fait le boulot. Il y avait une récompense pour chacun, même si ce n’est pas le maillot. Cela a pesé dans le final, mais je suis content d’avoir “survécu” à cette situation.
« JE NE VOULAIS PAS ARRIVER RINCE AU MOIS DE SEPTEMBRE COMME L’AN PASSÉ »
Ce sprint final à trois a été particulièrement disputé, jusqu’à la ligne !
Au sprint, je ne me considérais pas forcément comme le meilleur. J’ai essayé de garder ma ligne. Je m’étais mis sur la droite, et je regardais ce qu’il se passait sur la gauche. Je voulais lancer au dernier moment, et ça l’a fait. Personne ne m’a débordé.
Tu décroches ce titre après ta première expérience professionnelle, en tant que stagiaire de la Wanty-Gobert, sur le Tour du Burgos. Qu’en as-tu retiré ?
C’était une superbe expérience, pour aider l’équipe. Guillaume (Martin) était leader de l’équipe là-bas. Il était content du boulot que j’ai réalisé. J’ai aussi pu profiter de la présence de Fabien (Doubey), qui est également Jurassien. On s’était d’ailleurs rendu sur place ensemble. C’est une superbe personne. ll m’a bien aidé dans l’approche du monde professionnel.
Tu es donc arrivé dans des conditions optimales sur ce Championnat de France ?
Au mois de juillet, je n’avais pas beaucoup couru, volontairement. On avait décidé ça avec Boris (Zimine) pour que je sois frais sur le mois d’août, avec l’enchaînement du Tour Alsace, du Tour de Burgos, du Championnat de France et du Tour du Poitou-Charentes. Cette montée en puissance était voulue. Je ne voulais pas arriver rincé au mois de septembre, comme l’an passé.
« J’AI TOUJOURS PROGRESSÉ RÉGULIÈREMENT »
Ce titre semble aussi être un aboutissement de ta progression constante depuis de longues années…
C’est vrai que depuis les Minimes, j’ai toujours progressé régulièrement. Cette année, j’avais plus de responsabilités au CC Etupes. J’ai essayé de cocher les gros rendez-vous de la saison : les Classiques, ou les manches de Coupe de France, où je voulais marquer des points pour l’équipe. Je suis étonné de gagner mais je sais que certains ne le sont pas, comme Boris.
Et maintenant ?
On verra bien. Je vais d’abord profiter, et essayer de bien finir mon stage avec Wanty-Gobert. Pour demain (samedi), on verra si je dispute toujours le contre-la-montre (sourires).
C’est le deuxième titre du comité cette semaine, après celui d’Evita Muzic ce jeudi, chez les Espoirs Femmes !
Les Cadets du comité ont bien tourné ce matin également, mais ils n’ont pas eu la réussite. Le staff nous avait mis la pression hier soir, en ouvrant la bouteille de champagne. Ils nous ont incité à faire la même chose que les filles (sourires). C’est fait.