Michel Callot : « Le Championnat n'aurait pas été représentatif »
Il n'y aura pas de Cadets ni de Juniors au Championnat de France de cyclo-cross de Pontchâteau, le 10 janvier prochain (lire ici). Michel Callot explique à DirectVelo son choix pour les Juniors et rappelle aussi les règles qui s'appliquent pour les compétitions avec des mineurs. Entre l'espoir de retrouver des compétitions en janvier, un Championnat de France pour les jeunes en février et l'épée de Damoclès de la crise sanitaire et des décisions préfectorales, le Président de la FFC fait le point.
DirectVelo : Pourquoi n'y aura-t-il que deux catégories, Élites et Espoirs, au Championnat de France à Pontchâteau ?
Michel Callot : Pour se remettre dans le contexte, ce sont les deux catégories dans lesquelles on trouve un nombre conséquent de coureurs de haut niveau, pros et assimilés, concernés par la dérogation pour l'entraînement et pour lesquels la compétition n'est pas interdite. Même si les conditions n'évoluent pas, ces catégories resteront autorisées comme aujourd'hui. Dans mon esprit, les signaux sont au vert pour que leur Championnat de France ait lieu, sous réserve d'un aléas que je ne souhaite pas pour le pays. C'est aussi grâce à la contribution très forte du comité d'organisation de Pontchâteau pour respecter le protocole sanitaire, alors qu'ils n'auront pas droit à la fête qu'ils avaient imaginée quand ils s'étaient portés candidat.
« RIEN NE PERMET À UN PRÉFET D'AUTORISER DES COMPÉTITIONS DE JEUNES »
Pourquoi n'y aura-t-il pas de Juniors le 10 janvier à Pontchâteau ?
Il y a bien quelques Juniors qui sont sur les listes de haut niveau et qui ont le droit de courir. Cependant, il aurait été anormal de maintenir un Championnat de France alors que l'immense majorité des Juniors n'aurait pas la possibilité de participer. Il n'aurait pas été représentatif d'une catégorie d'âge où la hiérarchie est mouvante. Il n'y aurait pas de sens sportif à un Championnat de France réservé à quelques unités.
Et pour les Cadets ?
Les mineurs peuvent avoir une activité encadrée sur la voie publique (lire ici), comme un entraînement en club. Mais aujourd'hui, rien ne permet à un préfet d'autoriser des compétitions de catégories de jeunes. Depuis la semaine dernière, les indicateurs sanitaires ne s'améliorent plus et l'incertitude risque de se prolonger sur le moment où ces catégories vont pouvoir reprendre la compétition.
« SI PONTCHÂTEAU LE DÉSIRE »
Pour les jeunes, vous avez annoncé un Championnat de France reporté au 21 février. Avez-vous déjà un organisateur candidat ?
Le premier point était de sécuriser l'événement avec les Espoirs et les Élites. Ensuite, les services de la FFC se mobilisent activement à programmer un Championnat de France des jeunes vers le 21 février. Nous avons voulu trouver le moment le plus propice. Je suis en contact constant avec les présidents de comité régionaux. Ils travaillent à établir un calendrier à partir de janvier. Cela ferait un peu moins de deux mois de pratique pour ces jeunes avant leur Championnat de France. Si Pontchâteau le désire, il n'y a aucun problème d'organiser chez eux la deuxième moitié du Championnat de France, fin février. Mais si ce n'est pas possible, on ouvrira plus largement la recherche d'un site d'accueil.
Qui pourra participer au Championnat de France du 10 janvier ?
Ceux qui sont concernés par les dérogations de participer à une compétition, c'est-à-dire ceux qui sont assimilés à des professionnels (GS UCI, N1, collectif France, 1ère catégorie, NDLR). Nos services travaillent aux critères de qualifications.
« LA RÈGLE DU 6 S'IMPOSE TOUJOURS DANS L'ESPACE PUBLIC »
Avez-vous peur que des Cadets se détournent du cyclo-cross ?
Je ne suis pas inquiet si, par bonheur, notre pays sort de la crise sanitaire. Si on peut retrouver un circuit de compétitions régionales en janvier ou, on espère, dès les vacances de Noël, on retrouvera l'engouement du mois d'août dernier à la reprise. Il y aura de l'affluence et de l'effervescence au niveau des Cadets. Notre stratégie est de retrouver le plus rapidement possible la compétition mais ça ne dépend pas de nous.
Quelles conditions doivent être réunies pour organiser de nouveau ?
Il faut séparer les problèmes selon les catégories. D'abord pour les mineurs. On pourrait imaginer des entraînements dirigés dès aujourd'hui. Mais pour passer à la compétition, il faut que le ministère l'autorise de nouveau pour ensuite obtenir l'autorisation de la mairie ou de la préfecture. Nous sommes plusieurs fédérations à le demander au ministère. Pour les majeurs, la règle du 6 s'impose toujours. On ne peut pas être plus de six personnes dans l'espace public, en dehors des coureurs de haut niveau. Tant que cette restriction existe, il ne peut y avoir de compétition. Ce souci s'applique aussi dans la pratique pour les mineurs. Comment fait un organisateur pour qu'il n'y ait pas plus de six parents qui se réunissent au départ ? Il faut que les textes s'allègent pour l'espace public.
« SUBORDONNÉ À UNE DÉCISION DU MAIRE OU DU PRÉFET »
Qui a le dernier mot pour autoriser une course ?
Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que dans l'espace public, on est subordonné à une décision du maire ou du préfet. Même s'il y a un accord du maire, le préfet a le pouvoir d'interdire. Le préfet doit s'assurer du respect des textes des six personnes. En théorie des courses auraient pu avoir lieu avec seulement les Élites autorisés mais nous n'avons pas trouvé d'organisateur capable de supporter un événement avec peu d'engagés et sans entrées, sans buvette, et avec le respect des règles de regroupement de personnes.
Le Championnat de France sur piste a été annulé (lire ici). Pourquoi ne pas l'avoir réservé aux coureurs de haut niveau comme pour le cyclo-cross ?
Juridiquement, on pouvait l'organiser avec seulement des Élites mais il y avait plusieurs problèmes malgré tout. Le principal était lié au fait d'avoir lieu dans un vélodrome couvert où on réunit du monde : l'encadrement, les arbitres, en plus des coureurs. Les vestiaires auraient été fermés par exemple. L'évaluation du risque qu'une seule personne provoque un foyer de contamination était important. Au regard des risques qu'on m'a présentés, j'ai pris la décision d'annuler ce Championnat. Et même si on avait voulu s'affranchir de ce risque, nous restions à la merci d'une décision préfectorale.
LES COMITÉS EXONÉRÉS D'ASSURANCE POUR LES ORGANISATIONS
Dans le cadre de votre plan de relance, la FFC va exonérer les comités régionaux de leur contribution à l'assurance fédérale...
Chaque année, la prime d'assurance liée à l'organisation de courses est payée par la Ligue, la FFC pour ses organisations, le calendrier fédéral et une dernière partie par les comités régionaux. Chaque comité prévoit un droit d'organisation et un montant d'assurance pour les épreuves régionales. Pour 2020, la fédération a exempté les comités régionaux de toute remontée d'assurance, sachant qu'ils ont perdu deux tiers de leurs organisations. Pour l'année prochaine, les comités sont donc exonérés à 100 %. Ils sont libres ensuite de pratiquer la politique de relance la mieux adaptée à leur situation pour aider les organisateurs.
Comment allez-vous le financer ?
Pour 2020, l'assureur nous a accompagnés (la prime a été renégociée en raison de la baisse de sinistres liés à la baisse du nombre d'organisations, NDLR). 2021 sera la dernière année de contrat avec cette compagnie. Il n'y a rien de définitif avec lui, mais nous avons intégré au budget de la FFC une somme d'1,5 millions d'euros. Cette somme ne recouvre pas seulement l'exonération d'assurance pour les comités. Il y a aussi les 10 euros de remise pour chaque jeune licencié (jusqu'aux Juniors, NDLR) qui renouvelle sa licence et, pour les clubs, un intéressement de 100 euros par tranche de cinq nouveaux jeunes licenciés par rapport à l'effectif de 2020.