Tour de France Femmes : Les Conti françaises dans l’expectative

Crédit photo Aurélien Vialatte / ASO

Crédit photo Aurélien Vialatte / ASO

Cinq : c’est le nombre de formations françaises féminines qui pourraient participer au Tour de France en juillet prochain. Sur ce quintette, seule la FDJ-Nouvelle Aquitaine-Futuroscope est assurée d’en être, grâce à son statut d’équipe membre du WorldTour. Pour les quatre autres groupes sportifs, rien n’est fait mais deux d’entre eux sont plus en confiance que les autres. Le Team Arkéa, tout d’abord. On n’a aucune certitude mais on va se préparer, comme si. En tant qu’équipe française, on a bon espoir d’y être. On se doit quand même de faire un bon début de saison. Si on y parvient, ce sera un gage de réussite vis-à-vis d’ASO”, considère Franck Renimel, le directeur sportif de la formation bretonne. “Le Tour de France a toujours été notre phare. Pour l’équipe masculine, ne pas y participer ces dernières années aurait été une catastrophe. C’est la même chose pour nous, maintenant. On se doit d’y être”.

Ces dernières semaines, le Team Arkéa a reçu plusieurs bonnes nouvelles avec des invitations sur la plupart des plus grandes courses du calendrier, et notamment celles organisées par ASO. De quoi aborder l’avenir avec optimisme. Gaël Le Bellec est sensiblement dans le même état d’esprit. Certes, son équipe Cofidis fait son apparition dans le peloton cette année, mais la nouvelle-née peut d’ores-et-déjà s’appuyer sur son nom - présent dans le peloton masculin depuis 1997 - et sur un effectif prometteur. D’ailleurs, les rouge-et-blanc sont, comme le Team Arkéa, invitées partout ou presque, à tel point que le directeur sportif des Nordistes est même contraint de décliner certaines invitations pour ne pas surcharger le programme de ses filles. “Oui, on est confiant”, admet ainsi Gaël Le Bellec auprès de DirectVelo en évoquant une future participation à la Grande Boucle. “On est invité sur les autres grosses organisations d’ASO, ce sont de bonnes nouvelles. Pourtant, on vient de créer l’équipe donc on pensait que ça prendrait du temps”.

LE STADE ROCHELAIS A TRIPLÉ SON BUDGET… POUR LE TOUR


Sans prétention aucune, l’ancien technicien du Stade Rochelais - qui a façonné ce groupe de la Cofidis - s’est déjà projeté sur l’éventualité d’une invitation. Afin d’être apte en juillet. “On a décidé de gérer notre calendrier comme si le Tour de France était à notre programme. L’idée, c’est d’avoir de premiers gros objectifs au moment de Paris-Roubaix et des Ardennaises, puis d’avoir un calendrier un peu moins fourni en mai/juin pour préparer au mieux le Tour, notamment via un stage en altitude”.

S’il apparaît difficile d’imaginer ASO laisser sur le bord de la route les équipes Arkéa et/ou Cofidis, qu’en sera-t-il des deux autres Conti françaises, le Stade Rochelais Charente-Maritime et St Michel-Auber 93 ? Celles-ci ont une histoire plus longue mais ne jouissent pas de la même aura. Pour Jean-Christophe Barbotin, le manager de la structure charentaise, une présence au Tour est primordiale. “Si on ne fait pas le Tour de France, ça va mettre un coup de cutter terrible au projet. Ce serait catastrophique pour notre projet et notre développement, pour les partenaires qui ont fait l’effort de tripler le budget cette saison. Nous avons maintenant dix salariés, entre le staff et les filles. On a fait beaucoup d’efforts et on continuera d’en faire. Je ne sais pas si l’on sera pris, rien n’est acquis. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on met tout en œuvre pour se développer suffisamment”.

PLUS DE CERTITUDES POUR ARKÉA ET COFIDIS ?

À l’instant-T, 17 équipes sont certaines de pouvoir participer au Tour de France : les quatorze formations du WorldTour, ainsi que les trois meilleures Conti, invitées d’office, à savoir Ceratizit-WNT, Parkhotel Valkenburg et Valcar-Travel & Service. Ce qui laisse donc la place pour cinq invitations. Sur le papier, ASO a donc la possibilité d’inviter la totalité des équipes françaises et une autre formation étrangère. Mais il n’est pas dit que l’organisateur privilégie nécessairement toutes les candidatures tricolores. Alors, Jean-Christophe Barbotin a décidé de monter à Paris, prochainement, pour rencontrer les dirigeants d’ASO et leur rappeler l’importance d’une participation au Tour de France, mais aussi le projet global de sa structure. “L’idée n’est pas d’aller pleurer mais de rappeler ce que l’on a construit, petit à petit, depuis quatre ans, les efforts financiers qui ont été faits, et notre 23e place au classement mondial l’an passé. Mais le plus gros du travail se fera sur le terrain et c’est normal. On compte bien prouver qu’on a notre place via nos résultats”.

Enfin, St Michel-Auber 93 espère également être de la partie pour la nouvelle grand-messe du cyclisme féminin. Après la déjà “agréable surprise” de sa sélection pour le prochain Paris-Roubaix, le collectif francilien rêve du Tour. Mais la directrice sportive, Charlotte Bravard, tient à rester humble et particulièrement prudente. “On espère être dans les clous mais il ne faudra pas relâcher les efforts tout au long de la première partie de saison et décrocher de bons résultats pour montrer qu’on est légitime. On voit qu’Arkéa et Cofidis sont invités partout. Je me doute qu’ils ont un cran d’avance sur nous mais ça ne veut pas dire que l’on n’y sera pas. Cette participation au Tour est forcément dans un coin de notre tête, on en parle entre nous, mais on ne veut pas se baser que sur le Tour. C’est notre première saison à ce niveau et on doit aussi se concentrer sur tout le reste”.

TOUTES LES FILLES AURONT LEUR CHANCE D’Y PARTICIPER


Reste un sujet important pour ces quatre formations : comment faire la sélection - en cas de participation - alors que la totalité des filles de chaque équipe rêve de disputer ce Tour de France féminin, du pied de la Tour Eiffel jusqu’au sommet de la Super Planche des Belles-Filles ? Le tout alors que chaque équipe ne sera composée que de six éléments. Chez Cofidis, la sélection finale serait donnée fin mai. Malgré tout, Gaël Le Bellec admet que plusieurs filles ont déjà une place assurée. “On a recruté des filles en vue d’une participation au Tour. Nos deux/trois leaders le savent sans le savoir, mais elles se doutent bien que c’est comme si c’était fait. De par leur vécu, leur expérience et leurs résultats passés, il est normal qu’elles y soient”. Ainsi, les places restantes vaudront leur pesant d’or dans les mois à venir. “J’espère qu’on aura des surprises et des révélations. Pour celles qui n’y seront pas, il faudra se dire qu’elles auront encore le temps d’y participer les années suivantes”, ajoute le technicien, tout en précisant que les onze concurrentes de l’équipe Cofidis connaissent déjà leur calendrier prévisionnel jusqu’aux Championnats nationaux, fin juin. 

Son de cloche sensiblement identique chez Arkéa. “On ne veut pas écarter qui que ce soit pour l’instant, promet Franck Renimel. Chacune des onze filles aura sa chance. Forcément, l’expérience va compter. On parle du Tour de France. Il vaut mieux avoir déjà de la bouteille. Mais si une toute jeune de nos athlètes fait de gros résultats en début de saison, il n’y aura pas de raison de ne pas lui donner sa chance. Dans tous les cas, il faudra bien évidemment prendre les plus fortes car sur ce Tour de France, toutes les meilleures mondiales seront là”.

LA TURQUIE POUR COMPENSER LES REFUS

Du côté du Stade Rochelais, on n’en est pas du tout au stade d’imaginer qui pourrait être dans la sélection. Pour l’instant, la priorité est de briller en début d’année pour mériter sa place. “Nos filles sont au courant de la situation et des enjeux mais ça ne leur met pas plus de pression pour autant. On n’en parle pas trop. Le vrai problème, c’est que l’on est supposé jouer notre place sur les premiers mois de la saison mais que nous ne sommes invités pratiquement nulle part. On n’est pas pris à Valence cette année, en février, alors qu’on avait fait 5e du général et meilleure jeune avec Noemi Rüegg l’an passé. Même chose pour les épreuves belges, où l’on est refusé quasi-systématiquement. Entre le nombre de WorldTeams qui a grandi, les trois Conti invitées automatiquement et toutes les autres équipes UCI du pays, ça n’aide pas mais c’est le jeu. Il faudra composer avec… On n’est pas les seuls à en faire les frais. Tant pis, on enchaînera les stages de préparation”, résume Jean-Christophe Barbotin.

“Le problème, c’est que les occasions de briller ne seront pas nombreuses. On va débuter notre saison sur la Vuelta CV puis on ira en Turquie avant le Samyn. Ensuite, il se pourrait que l’on ne court pas du tout entre le 6 mars et le 17 avril, pour Paris-Roubaix… On a été refusé sur plusieurs courses comme À travers les Flandres. Ne pas courir pendant si longtemps au niveau UCI, c’est forcément problématique”, enchaîne le manager des jaune-et-noir. Charlotte Bravard connaît les mêmes difficultés avec St-Michel-Auber 93. Il y a de plus en plus d’équipes UCI et les places sont chères. On sent que c’est dur de se faire inviter. On a d’ailleurs dû modifier notre programme de rentrée. On ira en Turquie les 19 et 20 février car on n’est pas pris en Belgique”. Pour l’ancienne Championne de France Élites, il n’est pas question de se plaindre, mais uniquement de s’adapter. C’est stressant d’attendre constamment les réponses des organisateurs mais il ne faut pas se focaliser sur le WorldTour. On a des paliers à franchir, c’est notre première saison à ce niveau. Tout est nouveau pour nous, on a besoin de prendre nos marques”. Avec, pour sa formation comme les trois autres Conti françaises, ce rêve de disputer le Tour de France en juillet. En attendant, place à la reprise.

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