Gladys Verhulst rassurée par ses piliers
Gladys Verhulst a plusieurs cordes à son arc et un palmarès qui s’est épaissi au fil des années mais il est impossible de citer l’athlète normande sans immédiatement penser aux Championnats de France. Parce qu’elle y a toujours brillé avec une régularité déconcertante. C’est, tout d’abord, lors de la course au maillot bleu-blanc-rouge, aux Pieux (Manche) en 2015 - photo ci-dessous -, qu’elle s’est révélée une première fois en décrochant la médaille d’argent des Juniors derrière Typhaine Laurance (lire ici). Trois ans plus tard, à Mantes-la-Jolie, elle décrochait le titre U23 en terminant 2e au scratch, seulement battue par Aude Biannic. Avant d’être encore vice-Championne de France Espoirs l’année suivante, puis 2e - décidément… - chez les Élites, en 2020 derrière Audrey Cordon-Ragot. Sans oublier sa 3e place à Épinal l’an passé lors du sacre d’Évita Muzic. Avant une nouvelle médaille d’argent, en juin passé, sur le circuit de Cholet (Maine-et-Loire). Autrement dit, ces cinq dernières années, Gladys Verhulst a toujours terminé sur le podium du Championnat de France. Une statistique impressionnante qui confirme à quel point elle est capable de répondre présent le Jour-J, sur une épreuve qui a toujours été une priorité pour elle. “J’espère que ça va lancer ma carrière, mais je veux que ça se fasse tranquillement, sans brûler les étapes”, déclarait-elle par exemple après son titre Espoirs à Mantes-la-Jolie (lire ici).
La jeune femme originaire de Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime) - et désormais installée à Saint-Laurent-du-Var, tout près de Nice - a toujours connu une ascension linéaire. Ses choix de carrière l’illustrent parfaitement. D’abord licenciée au VC Aiglon, elle a successivement porté les maillots du Team Leopard Normandie, de la Charente-Maritime WC, du Team Arkéa et désormais de la structure britannique Le Col-Wahoo. Une décision de partir à l’étranger mûrement réfléchie et qui ressemble parfaitement au tempérament de Gladys Verhulst. “Quand elle a décidé quelque chose, elle fait tout pour que ça marche et que ça se passe comme elle l’a décidé. Elle est têtue mais, surtout, acharnée”, synthétise son compagnon, Damian Wild. “C’était son choix, elle voulait apprendre l’anglais et découvrir une nouvelle culture. Elle a vite progressé. Elle est capable de tenir une interview en anglais alors qu’en début d’année, ça aurait été impossible. Elle s’est bien intégrée à l’équipe même si ce n’était pas facile au début. Elle est très heureuse de cette décision”, appuie le sociétaire de l’AVC Aix-en-Provence.
« ELLE SE DONNE LES MOYENS DE RÉUSSIR »
“Elle avait besoin de changer d’air pour continuer d’évoluer. J’ai été dans son sens, je l’ai confortée dans son choix”, ajoute pour sa part Sébastien Chavanel. L’ancien coureur professionnel entraîne Gladys Verhulst depuis maintenant cinq ans et joue un rôle important dans sa progression. “C’est une compétitrice, travailleuse et rigoureuse. Elle n’abandonne jamais. Avec toutes ces qualités, c’est le genre d’athlète que l’on adore entraîner. Comme je le dis toujours, beaucoup de coureurs ne réalisent pas à quel point il est difficile de performer et à quel point il faut s’impliquer. Le cyclisme, c’est 99% de souffrance pour 1% de bonheur. Beaucoup ne sont pas prêts pour ça. Gladys l’est, elle se donne les moyens de réussir. Et elle aime relever des challenges, c’est sa force. Elle progresse d’année en année et devient très solide”.
La Normande fonctionne beaucoup à l’affect et a besoin d’être entourée de personnes de confiance. En ce sens, elle tenait absolument à conserver Sébastien Chavanel comme entraîneur au moment de signer au Team Arkéa, en 2020. Une condition renouvelée lorsqu’elle s’est engagée outre-Manche, l’hiver dernier. “Elle travaille toujours avec lui depuis le Championnat de France de Mantes-la-Jolie. Il est très important pour elle. Ils ont une grosse complicité et je sais qu’il est là pour la rassurer. C’est un appui extérieur à l’équipe qu’elle voulait absolument garder”, confirme Damian Wild.
« ÇA N’A PAS ÉTÉ FACILE TOUS LES JOURS »
Pour autant, cette nouvelle aventure chez Le Col-Wahoo n’avait pas débuté de la meilleure des façons puisque Gladys Verhulst a chuté sur les routes de Dénia, dans la province d’Alicante, lors du dernier stage de pré-saison, début février. “J’ai l’habitude de considérer qu’on ne tombe jamais par hasard. C’était dix jours avant sa reprise. Sans doute s’interrogeait-elle sur le début de saison, sur la façon dont ça allait se passer. Elle était dans une période d’instabilité”, analyse Sébastien Chavanel. Damian Wild a ensuite été marqué par la période des Classiques du printemps. “Elle est restée un mois en Belgique sans rentrer à la maison. C’est une situation qui ne lui était jamais arrivée jusque-là. Et ça lui a fait du bien, elle a beaucoup appris, mais je sais que ça n’a pas été facile tous les jours car elle a dû sortir de sa zone de confort”.
L’athlète de 25 ans s’est fait violence, mais à chacune de ces expériences, elle continue d’apprendre et de progresser. “Malgré cette fracture de la clavicule, elle a continué de croire en elle et a rapidement gagné pour son retour”, tient à souligner son entraîneur, en référence au succès de sa protégée à Veenendaal, aux Pays-Bas. Mais Gladys Verhulst a-t-elle véritablement confiance en ses capacités ? “Je ne me suis pas trop vue gagner, c’est quand même un niveau vraiment au-dessus. Je n’ai peut-être pas encore assez confiance en moi”, lâchait-elle par exemple pour DirectVelo après un autre moment marquant de sa carrière, sa 2e place sur le Grand Prix de Plouay, l’été dernier (lire ici). “Je ne dirais pas qu’elle manque de confiance en elle mais plutôt qu’elle a besoin d’être rassurée”, répond Sébastien Chavanel, qui entraîne également, notamment, Victorie Guilman. Damian Wild développe : “elle a besoin qu’on la rassure, tout le temps, et qu’on la remette en confiance si nécessaire. Sinon, elle peut vite douter. Si ça ne va pas à l’entraînement, même une seule fois, elle peut se poser des questions. Le plus important, c’est qu’il y ait toujours une personne de confiance autour d’elle pour la soutenir”.
« ELLE A FAIT EN SORTE D’ÊTRE AU TOP POUR LE TOUR DE FRANCE »
Cette situation peut amener Gladys Verhulst à vite stresser, en compétition. “Il est rare qu’elle ne connaisse pas un moment de panique. Même lors de toutes ces réussites sur les Championnats de France, il y a toujours un moment dans la course où elle va avoir l’impression - et la peur - que ça lui échappe. Elle n’est jamais sûre d’elle. Il y a toujours cette crainte que quelque chose n’aille pas”, ajoute son compagnon. Ce qui ne l’a pas empêchée d’être, une fois encore, impressionnante à Cholet. “Elle s’était fixé l’objectif de ce Championnat de France et elle a encore fait 2e en étant, je pense, la plus forte de la course, considère Sébastien Chavanel. Elle en a fait beaucoup trop, mais je préfère quand même la voir offensive plutôt qu’attendre bêtement. Elle n’a pas peur de prendre des risques”.
Sa performance lors du Championnat de France a d’ailleurs fini de convaincre sa formation de lui offrir une place sur les routes du Tour de France. “Elle a toujours eu l’espoir d’y aller mais elle doutait quand même. Plusieurs fois, elle m’a dit qu’elle ne savait pas si elle y serait. Finalement, elle l’a su il y a deux/trois semaines”, précise Damian Wild. Face à toutes les meilleures mondiales, il n’est pas impossible de voir Gladys Verhulst réaliser un joli coup lors d’une étape. “Elle a fait en sorte d’être au top pour le Tour de France. Il y a deux-trois étapes qui lui correspondent. Elle peut se créer des opportunités, j’en suis persuadé. Ce sera encore une autre paire de manches, en comparaison avec toutes les autres courses, il n’y aura pas beaucoup d’opportunités, mais elle en est capable”, conclut Sébastien Chavanel. Pas encore connue du grand public, pas spécialement surveillée par les meilleures mondiales, Gladys Verhulst espère bien leur jouer un mauvais tour sur l’une des étapes qu’elle a sans doute dû cocher pour cette fin juillet.
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