Edward Ouellet : « Cette fois, j’étais aux avant-postes »
Entre les deux représentants du Team Bricquebec Cotentin, Corentin Ermenault et Louis Pijourlet, Edward Ouellet s’est intercalé le week-end sur le podium des Boucles de la Charente-Maritime, deuxième manche de la Coupe de France N2 (voir classements). “Je suis très content. C’est ma deuxième année en France. Avant d’arriver, j’avais fait à peine quinze courses de vélo au Québec. La saison dernière, sur cette même épreuve, je subissais, j’étais toujours pris dans les chutes et en queue de peloton. Cette fois, j’étais aux avant-postes. J’ai pris les bons coups et les bonnes décisions pour aller chercher une place. Ça montre une très bonne progression après une année“, se réjouit auprès de DirectVelo le sociétaire du Team Macadam’s Cowboys.
DU TRIATHLON AU CYCLISME
Lors de la deuxième étape, derrière un groupe de 19 coureurs où il y avait trois de ses coéquipiers, le Canadien de 25 ans est sorti à deux tours de l’arrivée. “Le peloton n’était qu’à 20“ et je voyais que ça ne s’entendait pas. Personne ne voulait ramener. J’ai réussi à rentrer assez rapidement sur l’échappée. Une fois rentré, je suis ressorti directement et on est revenu sur Charel Meyers (Schwenheim). On ne m’a pas laissé partir, je me suis fait reprendre à trois kilomètres de la ligne“. 13e au général avant le contre-la-montre final, il savait qu’il pouvait remonter. “L’an passé, j’avais fait 4e. Le chrono est toujours une valeur assez sûre pour moi, j’avais une bonne carte à jouer. Le parcours me correspondait un peu moins car il y avait beaucoup de changements de rythme et c’était très technique avec un bitume entamé, tandis que je préfère quand c’est constant. Finalement, j’ai tiré mon épingle du jeu“.
L’habitant de Drumondville (Québec) a commencé par le triathlon à presque 18 ans. “Avant, je faisais juste du snowboard et du skateboard pour m’amuser. J’ai commencé le sport sur le tard, j’ai appris à nager à 17 ans. Mon père a été un bon triathlète au niveau provincial. Pour ma part, j’ai évolué sur le circuit continental panaméricain, mais j’ai décidé d’arrêter au moment de la pandémie de coronavirus. Tout d’abord, je n’étais pas assez fort en course à pied et tu as beau être costaud en vélo, si tu perds trop de temps en course à pied, tu ne peux pas espérer un podium. Ensuite, avec le Covid, on n’avait plus accès aux piscines. J’ai fait beaucoup de Zwift en intérieur. Je me suis dit que je devais avoir un certain potentiel en cyclisme“.
Edward Ouellet s’est alors lancé en 2021 avec la formation continentale Yoeleo Test Team p/b 4MIND Project. “Avec la pandémie, je n’ai participé qu’à quinze courses de juin à septembre“. Suffisant durant ce laps de temps pour obtenir la médaille d’argent au Championnat du Québec contre-la-montre et surtout terminer 5e du Championnat du Canada dans cette même spécialité. “À la suite de cette performance, j’ai rencontré Pierre Hutsebaut (entraîneur très reconnu au Canada, NDLR) dans son bureau. Vu mon âge, on a décidé qu’il fallait que j’aille directement dans une équipe N2 sans pression pour aller chercher le retard que j’avais sur les autres coureurs et exprimer ma forme physique le plus rapidement possible“.
« JE VISE UN BON CLASSEMENT GÉNÉRAL AU TOUR DE LA MIRABELLE »
L’adaptation dans l’Hexagone n’a pas été évidente. “Quand tu passes de pelotons de 40-50 mecs à près de 200 gars, ce n’est pas facile. J’ai mis du temps avant de pouvoir me distinguer. L’an passé, de février à avril, je manquais d’habileté, je tombais à pratiquement toutes les courses, j’étais en queue de peloton. Le Tour de la Mirabelle m’a débloqué psychologiquement. J’ai appris à courir à l’avant et à me rendre compte que j’avais quand même les capacités“, reconnaît le Québecois qui loge dans une maison à Dombasle-sur-Meurthe, avec ses deux compatriotes Charles Duquette et Léonard Peloquin, à 200 mètres de chez son directeur sportif, Valéry Vermion. Début juillet, il s’était classé 2e du chrono du Tour du Pays Roannais. “Mais je commettais encore beaucoup d’erreurs de placement. J’étais très costaud mais j’entamais tout le temps les bosses dans les dernières positions et je le payais à la fin. Cette année, ce n’est pas la même chose, je suis capable de bien me placer au pied des côtes“.
Il compte bien le prouver à l’occasion de la course UCI organisée par son club, le Tour de la Mirabelle (2.2). “Mon résultat du week-end lance ma carrière. Je veux confirmer et montrer que ce n’était pas juste un coup de chance. Ce sera très important. La deuxième étape dans les Vosges sera décisive, j’irai la reconnaître après le Chrono Champenois. Je connais déjà bien la troisième dans les vignobles. Je vise vraiment un bon classement général, je risque d’être de la partie“. À la fin de cette semaine, il aura donc ce Chrono Champenois, troisième acte de la Coupe de France N2. “On a une très belle équipe homogène. On veut créer la surprise et aller chercher la plus haute marche du podium. C’est un gros défi face à l’armada Bricquebec. On veut creuser l’écart sur le 3e au général de la Coupe de France (voir classement). Ce seront les mêmes mecs que l’an passé avec Lorenzo (Marasco), Maël (Savignard) et Guillaume (Stopa) auxquels s’ajoutent Simon Bolot et Léonard Peloquin. La saison dernière, on s’y préparait toutes les deux semaines. On y est encore retourné il y a quinze jours, c’est le même parcours. C’est un exercice qui fait partie de mes forces“.
Edward Ouellet se considère comme un grimpeur-rouleur. “En chrono, je peux toujours exprimer mes capacités car je roule seul. Il n’y a pas cet aspect tactique. J’aime les longues montées mais il n’y en a pas souvent. À Annemasse-Bellegarde dont le parcours est difficile, j’étais présent dans le groupe de tête mais j’ai malheureusement été percuté par une moto à 40 bornes de l’arrivée“. À l’issue du Tour de la Mirabelle, il retournera au Québec du 1er au 24 juin pour disputer le Tour de Beauce (2.2), mais il fera l’impasse sur le Championnat canadien. “Je reviendrai en France avant car le Tour du Pays Roannais et le Tour de Côte d’Or ont plus d’importance et mon but est de rejoindre une équipe Continentale ou une N1 l’an prochain“.