Morbihan Fybolia GOA a vécu toutes les émotions
Déjà sur la deuxième marche l’an dernier, avec un Pierre Thierry qui disputait son premier Championnat de France Elites, Morbihan Fybolia GOA a réitéré cette même performance cette année, à Cassel, grâce à Baptiste Gillet. Mais en bonus, Yoann Paillot a décroché la médaille de bronze. Les deux coureurs de l’équipe bretonne n’ont été battus que par Mathias Ribeiro Da Cruz (voir classement). "Je suis super content parce que j’étais venu pour un Top 5, se réjouit Baptiste Gillet. Quand je suis parti, j’ai bien géré et puis arrivé dans les bosses j’ai commencé à tout mettre sans trop réfléchir pour donner le meilleur de moi-même. Si on m'avait dit que j’allais faire un podium aujourd’hui, j’aurais signé tout de suite. Je ne pensais pas y arriver".
Ce matin, comme depuis le début de l’année, Léo Moréac était derrière son protégé. "Ce n’est clairement pas une surprise pour nous. C’est moi qui le suivais ce matin. Lorsque j’ai fait le briefing je lui ai dit « personne ne t’attend, tu peux être la grande surprise du jour ». Il y avait un mec qui était plus fort mais ça aurait pu être son jour. Il a très bien géré son effort. Il a eu 18 ans au mois de décembre, franchement chapeau", applaudit le directeur sportif, qui raconte la capacité de son coureur à se détacher des grands événements. "Ce qui m’impressionne, c’est sa simplicité. On avait l’impression que ce matin il ne savait même pas qu’il prenait le départ du Championnat de France. Là il est sur le podium, c’est pareil. C’est du Baptiste tout craché, il prend les choses simplement. Il écoute les conseils et progresse à vitesse grand V. À 18 ans, faire ça, c’est costaud".
« VOIR YOANN PAILLOT SUR LE PODIUM EST DÉJÀ SUPER »
Derrière lui, c’est un tout autre profil qui monte également sur la boîte en la personne de Yoann Paillot. Très expérimenté, et déjà Champion de France Amateur du chrono en 2012, l’ancien professionnel était cité parmi les favoris. "Je suis à la fois satisfait et déçu. Ça aurait pu être mon dernier titre, mais c’est super pour l’une de mes dernières saisons. Avec la perte de mon fils en début d'année, ça a été un peu dur de retomber sur mes jambes et de rebondir. Mon fils et ma femme m’ont poussé à continuer le vélo", s’émeut-il en conférence de presse. Léo Moréac et son staff ont tout fait pour l’accompagner dans cette période difficile. "Ce n’est pas facile. Un grand coup de chapeau à lui parce que revenir comme ça, c’est incroyable. Il s’est fracturé la clavicule, il n’a jamais baissé les bras. Ce qu’il a vécu est dramatique mais il a prouvé qu’il avait un mental d’acier. Ça me fait plaisir. Il avait envie de gagner aussi mais le voir sur le podium est déjà super", s’incline son directeur sportif.
Récemment, Yoann Paillot a retrouvé des couleurs. "J’ai senti que ça revenait à la Route Vendéenne, donc à partir de ce moment-là j'ai pu travailler le chrono. J’avais peut-être un peu moins de fraîcheur mais plus de force pour ce contre-la-montre. Je me suis fait deux-trois frayeurs dans le final. J’ai failli tout perdre dans la dernière descente. Je me suis bien rattrapé. J’aurais pu terminer un peu plus vite mais je n'aurais pas gagné 30 secondes". Après un petit passage dans l’herbe, il s’est remobilisé. "Normalement je suis capable de faire la différence sur des bosses comme ça. Je sentais qu’en arrivant en bas je n’étais pas totalement cramé". Yoann Paillot avait dans la voiture son coéquipier Mickaël Guichard. "Ce n’était pas par défaut, on a trouvé cette idée très bonne parce qu’au niveau des trajectoires c’est un expert. Il le connaît très bien", explique Léo Moréac.
« IL FAUT SAVOIR ÊTRE BON PERDANT »
Seule ombre au tableau, la meilleure carte de la N1 bretonne, Pierre Thierry, n’était pas dans un grand jour. "Il n’avait clairement pas les jambes. Il a vite vu que ça n'allait pas être du grand Pierre. Pour être Champion de France, il fallait qu’il soit très en forme. On n’y était pas, il finit à une minute. Il n’y a jamais cru et nous non plus parce que les sensations n’étaient pas là. Ce n’est qu’une journée, samedi il peut très bien rattraper sa semaine à Cassel. Ce n’est pas une mauvaise passe, c'est juste un jour sans". L’ancien vice-Champion de France Amateur de chrono a retrouvé le sourire pour le podium de ses deux coéquipiers. "Après la ligne, forcément, avec la fatigue et le fait de passer à côté de son objectif ça met un coup au moral. Il va rebondir vite, c’est un coursier", pense Léo Moréac, qui est bon joueur. "On venait clairement pour gagner, on ne s’en était pas caché. On est tombé sur plus fort, il faut savoir être bon perdant. Déçu, oui, mais on n’a pas de regrets".
Au vu des temps et des données, chacun est à sa place. "La gestion a été bonne. Nos temps sont linéaires dans le classement. Si c’était à refaire, je ne vois pas ce qu’on pourrait changer. Ce n’était pas notre jour pour être Champion de France". C’était en tout cas le jour de montrer à un éventuel sponsor que l’équipe a des arguments à faire valoir, après le retrait de Fybolia. "C’est un bon message d’envoyé même si on ne ramène pas le maillot bleu-blanc-rouge. C’est dans la continuité de ce qu’on fait depuis un moment. Aujourd’hui ça passait à la télé. Ça montre le sérieux du travail qu’on fait, l’homogénéité du groupe. Tout le monde s’entend très bien et il faut que ça continue. Il faut être optimiste, comme quand on prend le départ d’un contre-la-montre", sourit Léo Moréac. Un optimisme aussi valable lorsqu’on s’attaque à la course en ligne, comme ce samedi.