David Han : « C'était un objectif de carrière »

Crédit photo Zoé Soullard - DirectVelo

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Il ne reviendra peut-être plus jamais assister à un Championnat de France. Absent sur la course en ligne pour la première fois depuis son arrivée au sein de la Groupama-FDJ, David Han n’était pas présent à Cassel ce dimanche pour vivre le sacre de Valentin Madouas. Pour DirectVelo, le Troyen parle de sa relation avec le coureur breton qu’il entraîne depuis son passage chez les professionnels en 2018. 

DirectVelo : Tu n’étais pas sur place pour assister à la victoire de Valentin Madouas !
David Han : L’équipe avait décidé que les membres du staff présents sur le Tour ne viendraient pas au Championnat de France. J’avais fait la demande pour suivre, jeudi, le chrono de Bruno (Armirail) mais aujourd’hui (dimanche), je me reposais chez des amis, au bord de la piscine avec quand même le téléphone et la télé branchée. J’ai vécu tout ça de manière plutôt sereine. Ils ont pris la course du bon côté. Je pense que c’était la bonne tactique d’être devant. On a vu que tous les coureurs qui ont eu un trou à boucher l’ont payé à un moment donné. Ça a été le cas de Clément Champoussin et Benoît Cosnefroy. Tony Gallopin a fait l’effort plus tôt donc il a pu récupérer.

Quelle a été son approche du Championnat de France ? 
En mai, il a fait un stage à Teide mais ce n’était pas un copier-coller par rapport à l’an passé. En 2022, le Championnat de France à Cholet n’était pas fait pour lui. Le plan était qu’il soit en grande forme à partir de la deuxième semaine du Tour. Cette année, on visait le Championnat et il y a la première semaine du Tour qui lui correspond bien. Il a coupé après les Ardennaises comme l’an passé mais l’approche du stage a été différente et à Teide, on a mis un cran supplémentaire.

« IL ÉTAIT PEUT-ÊTRE MÊME PIRE QUE L’AN DERNIER »

Son Dauphiné a été compliqué… 
On a pu voir à ce moment-là qu’il n’avait pas bien assimilé le stage en altitude, comme l’an passé. Il était peut-être même pire que l’an dernier au Dauphiné. Mais on avait vu qu’il avait été bien ensuite au Championnat de France. Je ne vais pas dire que j’étais sûr, tu as toujours une part de doute. Tu te demandes si ça va aller, si tu ne t’es pas trompé… Là, l'objectif ce n’était pas le Tour mais le Championnat. Après le Dauphiné, on n’a pas paniqué, on est resté sur ce qu’on avait prévu. On aurait pu se dire qu’on en faisait plus mais on est resté calme. On a fait une seule séance de tests, avec des rappels PMA notamment. Quand j’ai vu le résultat, j’ai été vite rassuré. Il a battu ses records sur cinq et dix minutes. Je savais qu’il serait prêt, pas imbattable mais qu’il jouerait les premiers rôles. 

Est-il un coureur facile à entraîner ?
Depuis le Dauphiné, il n’a mis que la sortie, celle du test, sur notre plateforme. J’aimerais bien qu’il en mette plus. Même quand il fait des exercices, ça ne lui parait pas nécessaire si ça s’est bien passé. Je lui fais un peu la guerre sur ça mais c’est un garçon intelligent, acteur de ses entraînements. Il sait ce qu’il veut. Quand je vois l’alerte d'une nouvelle sortie mise sur la plateforme, je sais qu’il attend un retour et que c’est important pour lui. Il n’est pas du genre stressé, pas demandeur… Ça le polluerait psychologiquement d’en parler tous les jours. Il y a en revanche des périodes où je dois être présent. C'est quand il a des objectifs. Mais la semaine après le Dauphiné, j’ai décidé de le laisser tranquille. Je n’ai pas eu de nouvelles de lui ou de David (Gaudu). Il faut savoir se décharger mentalement, c’est ma façon de voir les choses. 

« COMME UNE CLASSIQUE »

Que peut changer ce titre ?
Il en avait besoin. Un titre de Champion de France, c’est comme une Classique. Quand tu as ça à ton palmarès… Marc Madiot disait récemment que Valentin n’en gagnerait pas beaucoup mais des belles. Il est très attaché à la France, à la Bretagne… Ce titre, c’était un objectif de carrière. Ça lui tenait à cœur, il avait déjà gagné en 2016 chez les Amateurs. Ça peut être un déclic quand tu gagnes à la pédale de cette façon. J’avais peur d’une course d’attente. Si ça s'était décidé dans la dernière montée, je ne suis pas certain qu’il aurait été en mesure de gagner. Il fallait une course d’usure et ça a été le cas…

As-tu parlé avec lui depuis son sacre ?
Je l’ai eu en visio vers 19h. J’ai aussi eu avant sa copine par messages. Il mange au restau avec ses proches, il reste sur place (il devait initialement rentrer en avion en Bretagne, NDLR). Ce soir, j’ai tous les Bisontins de l’équipe qui viennent chez moi pour fêter ça autour de bonnes andouillettes. On le rappellera dans la soirée. 

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