Arkéa : « Il faut leur laisser encore un peu de temps »
Qu’il aura été difficile d’exister sur ce Tour de France pour l’équipe Arkéa. La Conti bretonne n’est jamais parvenue à accrocher le moindre Top 20 lors de l’ensemble des huit étapes de la course. Les trois représentantes françaises de l’équipe ont tour-à-tour abandonné la course - problèmes physiques ou hors-délais -. Les rouge-et-noir quittent tout de même le Tour avec un joli sourire, celui de Clara Emond. La Québécoise aura été l’une des belles révélations de la compétition. Régulière toute la semaine, elle termine le Tour à la 23e place du classement général. Un résultat qui peut sembler anecdotique mais qui est prometteur pour l’avocate de profession, qui ne pratique le cyclisme en compétition que depuis deux ans. DirectVelo a fait le bilan de ce Tour de France avec Franck Renimel, le directeur sportif de l’équipe, dans les rues de Pau à l’occasion du chrono final.
DirectVelo : Que retiens-tu de cette semaine passée sur le Tour de France ?
Franck Renimel : Je pense à Clara (Emond) qui s'est découvert de grosses aptitudes sur une course d'une semaine avec un niveau international. Certes, le résultat peut paraître anecdotique, mais elle est très perfectible. On l'a vu sur le placement qui peut être une de ses lacunes. On sait pertinemment qu'elle a perdu du temps en abordant les bosses en fin de peloton, ça lui a causé préjudice. Ce qu'elle a fait hier (sur l’étape du Tourmalet, 24e, NDLR), c'est vraiment grandiose. Elle a eu une crevaison dans l'Aspin. On a dû la dépanner sachant que derrière, j'étais enquiquiné par des barrages. Et à ce moment-là, elle était avec le groupe maillot jaune à mi-pente de l'Aspin. C'est vraiment bien. Elle a des aptitudes pour la montagne.
« FRANCHIR LES ÉTAPES LES UNES APRÈS LES AUTRES »
T’a-t-elle surpris ?
Non, on sait qu'elle a de grosses capacités. Mais c'est toujours compliqué de concrétiser sur des épreuves de ce niveau-là car il y a une partie de stress inhérente.
Elle a été le meilleur élément de l’équipe cette semaine mais pourtant, elle n’était initialement pas retenue pour le Tour et a profité du forfait de dernière minute de Megan Armitage…
J'ai une petite pensée pour Megan qui n'a pas pu être présente. Elle a eu beaucoup de mal à accepter qu'on ne puisse pas l’aligner… Mais elle avait un traumatisme crânien. Elle s'est fait heurter par un bus. Il lui était d'interdit de pratiquer le vélo de compétition durant quinze jours. Pour la sélection, on avait fait des choix. On avait discuté ensemble. Au bout du compte, les choses se sont déroulées différemment. C'est une bonne chose qu'elle ait été avec nous, on est forcément contents. Elle va se rendre compte de ses capacités et de ses lacunes, de là où elle doit évoluer. Il faut qu'elle continue de travailler en prenant confiance, notamment en allant sur des courses d'un niveau inférieur. En ayant acquis tout ce que ça nécessite pour être un athlète de haut niveau...il ne faut pas oublier qu'elle n'est réellement athlète de haut niveau que depuis l'an dernier. Ce Tour de France va lui permettre de passer un cran. Il faut franchir les étapes les unes après les autres.
« UNE BONNE COHÉSION »
Concernant les trois françaises de l’équipe, Marie-Morgane Le Deunff, Amandine Fouquenet et Anaïs Morichon, aucune d’entre elles n’a vu Pau ni même le Tourmalet. Que s’est-il passé ?
Sur l’ensemble de tout le peloton de ce Tour de France, on a vu que certaines Françaises s'en sortent mais qu’elles ne sont pas si nombreuses que ça. On avait de jeunes coureuses avec notamment Amandine et Marie-Morgane. Il faut leur laisser encore un peu de temps. Amandine est tombée malade, c'était compliqué à gérer. Au bout d'une journée, c'était déjà très difficile. Elle a jeté l'éponge, mais ce n'est pas parce qu'elle n'avait plus envie de continuer, mais car elle n'en pouvait plus. Elle était à bout de forces, ça s'est fait très tôt dès le début de la deuxième étape. Pour Marie-Morgane, il faut qu'on analyse pourquoi elle n'a pas été à la hauteur sur ce Tour. Elle n'était pas à son vrai niveau, elle est capable de faire beaucoup mieux. Peut-être qu'elle en a trop fait avec sa préparation dans les Pyrénées avant le Tour ou qu'elle s'est mise trop de pression. Quand elle est arrivée hors-délais, ça s’est joué pour moins de trois minutes. Elle a fait 75 bornes toute seule. Mentalement, il faut le faire ! Quant à Anaïs, on pensait qu’elle était débarrassée de tous ses pépins physiques mais ce n’était visiblement pas encore le cas.
L’équipe reste toujours en pleine évolution et en apprentissage…
On a une bonne cohésion d'équipe, il faut le retenir. C'est la volonté chez Arkéa d'avoir une équipe structurée, avec une manière de courir très professionnelle. On veut tout mettre en place pour apporter aux filles un fonctionnement optimal. On regarde vers l’avenir.