Jason Tesson : « Une chance et beaucoup de stress »
L’hiver est toujours actif pour Jason Tesson. Si certains au Team TotalEnergies s’exercent dans les sous-bois, le sprinteur a lui choisi la piste pour occuper ses journées de janvier. Comme c’était le cas, la semaine passée, au Championnat de France de Saint-Quentin-en-Yvelines. Pour le routier pro ce sont des retrouvailles régulières avec le vélodrome, lui qui n’a pas perdu la passion de la discipline. Présent sur l’Omnium et la course aux points, il va désormais pouvoir se mettre en condition route, avec un stage d’équipe, puis une reprise fixée à Valence (1.1), le 20 janvier prochain. Jason Tesson revient sur cette fin d’intersaison avec DirectVelo.
DirectVelo : Tu as fait beaucoup de piste cet hiver ?
Jason Tesson : J'ai toujours adoré ça, quand j'étais jeune je l'ai un peu oubliée sur les années Juniors et début Espoir. Je suis un peu déçu parce que j'aimais vraiment ça. Je me suis concentré sur la route, mais là j'ai la possibilité d'en refaire l'hiver. L'équipe m'accorde ce droit. Je n'en fais pas un objectif mais je m'en sers en préparation, ça change de la route uniquement.
Ça t'aide pour la vitesse et tes sprints ?
Oui, on peut jouer avec les braquets. On va plus loin dans l'effort que sur la route. Il y a toujours des facteurs à surveiller entre les trous, les graviers, les voitures, les stop etc. Là sur la piste on peut aller loin dans l'effort et j'aime ça. C'est complémentaire avec mon profil. Et même dans le courant de la saison je vais continuer la piste.
« PROUVER QUE JE SUIS CAPABLE DE FAIRE DES SPRINTS AU HAUT NIVEAU MONDIAL »
Tu connais les grandes lignes de ton programme pour la route ?
Jusqu'à fin mars je fais Valence, puis le Saudi Tour avec pas mal de sprints. Je retourne en Espagne pour Murcie et Almeria. Puis il y a les Classiques, je vais en faire une ou deux. Puis il y a les manches de la Coupe de France entre Cholet, Vitré etc. J'aimerais bien prouver que je suis capable de faire des sprints au haut niveau mondial. Je suis pressé d'avoir encore plus d'opportunités que les années d'avant. L'année dernière j'ai fait une ou deux WorldTour, c'est ce qui me manque un peu cette année pour passer un cap. Je suis motivé pour prouver que je peux faire partie des meilleurs sprinteurs.
Qu'est-ce qui fait que tu as besoin d'une adaptation en WorldTour ?
C'est vraiment la vitesse, et la stratégie des équipes. En Coupe de France on a tendance à avoir moins de trains et de vitesse. Car il y a moins de gros sprinteurs. Donc les équipes axent plus sur l'attaque que le sprint pur. À chaque fois il y a un ou deux mecs qui aident le sprinteur, mais en WorldTour on ne voit pas ça. Si ce jour-là c'est sprint, c'est sprint à 100%, avec cinq ou six mecs qui sont là pour ça. Et c'est là que les gros trains se créent et font la différence avec les courses Classe 1.
« JE SUIS ASSEZ TERRE-À-TERRE »
C'est important de se faire un nom face aux autres équipes ?
Bien sûr. Le but d'un coureur comme moi est de faire un maximum de résultats et de se faire reconnaitre. C'est le rôle où on peut le plus percer. Il faut être conscient que cette capacité d'avoir un profil type est à la fois une chance et beaucoup de stress. Une chance car on fait pas mal de résultats, mais un stress parce qu'on n'a pas le droit à l'erreur. Quand on fait 2e, on a perdu. Le métier est difficile, et à l'intérieur il y a encore d'autres métiers. Grimpeur ou sprinteur, c'est le même sport mais pas le même métier.
Finalement, on te demande la gagne ou rien...
Ça peut paraitre comme un discours de leader, mais un baroudeur on sait qu'il va aider l'équipe toute sa carrière, il a un profil où il est important mais il a sa place où il est un peu dans un confort. Mais quelqu'un qui est grimpeur ou sprinteur, il a toujours besoin de faire des résultats pour prouver qu'il est le meilleur et qu'il faut lui faire confiance.
Dans ce sens, est-ce qu'il est nécessaire d'être suivi mentalement pour un sprinteur ?
C'est vraiment individuel. Moi je suis assez terre-à-terre. J'arrive à me motiver tout seul, à me mettre des claques. Peut-être que c'est un tort. C'est peut-être un défaut de ne pas avoir un suivi, mais je pense que c'est propre à chacun.