David Gaudu : « C’est le destin qui veut ça »

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

Crédit photo Nicolas Gachet - DirectVelo

David Gaudu serre la main en tendant le bras gauche. Les restes de sa chute qui l’a écarté du Tour du Pays Basque dès la troisième journée de course la semaine passée. Mais huit jours plus tard, le leader de la Groupama-FDJ est déjà prêt à reprendre la compétition même s’il lui reste encore quelques points de suture à la main droite. Il va enchaîner ces deux prochains jours la Classic Grand Besançon Doubs et le Tour du Jura avec l’objectif de lever les bras, ce qu’il n’est pas parvenu à faire depuis une étape du Critérium du Dauphiné 2022. C’est détendu que le Breton de 27 ans a fait le point avec DirectVelo, ce jeudi midi, en marge de la présentation de la Conti Groupama-FDJ.

DirectVelo : Ta dernière apparition date de ta chute le 3 avril dernier lors de la troisième étape du Tour du Pays Basque, comment vas-tu ?
David Gaudu : Il me reste quelques points de suture, j’ai quand même de la mobilité dans la main. J’ai été opéré le mardi soir à Biarritz, je suis rentré chez moi mercredi et le vendredi, j’étais déjà sur le vélo, je pouvais tenir le guidon. C’est presque un lointain souvenir. Je n’ai qu’une envie, c’est de mettre un dossard. L'entraînement c’est bien, mais la course c’est mieux. J’ai envie de retrouver l’adrénaline de la course, d’aller frotter, d’être acteur dans le final… 

Tu enchaînes les deux premières épreuves du triptyque franc-comtois…
Ce sont de belles courses qui nous attendent ce week-end. Ça va me faire un bon bloc car j’enchaîne avec la Flèche Wallonne, Liège et j’ai demandé à faire le Tour de Romandie. C’est la dernière course par étapes avant le bloc Dauphiné-Tour. Ce sera un passage important, qui n’a pas été fait du coup sur le Pays Basque. J’espère monter en puissance jusqu’au Tour de Romandie.

Ce week-end, ça devrait te plaire…
Je ne connais pas la Malate, j’ai vu à la télé. Mais on va y aller cet après-midi (ce jeudi, NDLR). J’ai demandé aux coureurs de la Conti si ça leur disait d’aller voir, Lenny était forcément partant. On va aller voir ça de près. Le Poupet est une belle arrivée, dans une belle région. C’est très difficile. Ça va être deux belles courses pour remettre en route car je n’ai pas pu faire grand chose cette semaine, le temps que l'œdème à la main parte. Lenny est là aussi, l’objectif est de gagner ce week-end.

« LA ROUE NE PEUT QUE TOURNER »

Tu es tombé à Paris-Nice, au Tour de Pays Basque… Le doute ou la peur se sont installés ?
Quand on est coureur cycliste, on a toujours des doutes ou de la peur sauf peut-être (Tadej) Pogacar. Au départ d’une course, j’ai toujours peur de savoir comment ça va se passer, de savoir si je suis en bonne forme. Mais c’est de la bonne peur, ça veut dire que je suis intéressé par la course. Avec l'expérience, on apprend à prendre les choses comme elles viennent. Je suis quelqu’un qui croit beaucoup au destin. Peut-être que le destin fait ces choses là pour l’avenir… Il y a encore de belles courses qui arrivent. 

Comment vis-tu tout ça ?
Forcément, ce n’est pas le début de saison espéré, pas la préparation souhaitée pour le Tour de France mais on ajuste, on fait autre chose. Le Romandie remplace le Pays Basque. Le bloc qui arrive va me servir. Comme je le disais, j’ai envie d’être acteur. Je fais tout à 100%, aussi bien en course qu’à la maison. La roue ne peut que tourner. La chute à Paris-Nice, c’est de ma faute, je dois lancer ma veste avant. Au Pays Basque, je n’y suis pour rien si un coureur m’embarque. Ça fait partie du sport de haut niveau, et encore plus dans le vélo où on court avec du monde autour de nous. C’est le destin qui veut ça. Si je ne voulais pas que ça arrive, j’aurais arrêté pour faire du trail (sourire). Mais quand je me lève le matin, je pense vélo. Idem le reste de la journée. C’est ma passion, c’est mon sport, c’est ma vie. 

Tu évoquais l’expérience dans la gestion de ces moments moins bien. Tu as l’impression de revivre certains moments ?
Oui, 2022. J'étais blessé à Paris-Nice, j’ai eu mal au dos tout le Tour du Pays Basque et je n'avais pas disputé les Ardennaises. Je me suis retrouvé au départ du Dauphiné en me demandant un peu ce que je faisais là. J’ai eu une journée sans à la fin, je me suis pointé au départ du Tour sans certitudes et je fais 4e. C’est une expérience qui m’a poussé vers le haut et qui me maintient là actuellement. J’y pense.

« CE QUI PEUT SAUVER MA SAISON, C’EST LE TOUR »

Tu te sens en retard dans ta préparation ?
Non, ça ne l’est jamais vraiment. J’ai fait des entraînements avec un très gros bloc avant le Pays Basque et ça allait très bien. J’ai pu faire de belles sorties à la maison avec des exercices, des bonnes données. Même si ça reste de l'entraînement. J'ai repris à Vitré et j’y ai fait une bonne course. C’est une Coupe de France très dure. La course ne me convenait pas forcément sur le papier mais j’ai pu faire des efforts. Puis j’ai fait un très bon chrono au Pays Basque qui était encourageant et j’étais bien à la première étape. La forme n’est pas partie en une semaine. J’ai deux courses pour remettre en route. Même si je ne suis pas à 100% demain, le temps de décrasser le moteur, avec tous les antibios que j’ai eus pendant une semaine… S’il fait un peu chaud, c’est bien, ça va me faire transpirer et ça va faire du bien (sourire). Ça ira probablement mieux au Poupet, mais si je suis 30e demain je m’accrocherai car je sais que j’ai besoin de faire des efforts. 

Le Tour de France est déjà demain…
Je n’ai qu’une envie, c’est de faire du vélo. Jusqu’au 25 mai je n’ai qu’une journée à la maison parce que j’ai dit que je voulais courir, partir en stage, faire ci, faire ça. J'ai mon planning exact dans la tête jusqu’au Tour, que ce soit sur du sportif ou de l’extrasportif. C’est sûr que si je fais une perf' à Liège ça peut être une belle chose, mais ce qui peut sauver ma saison, c’est le Tour. Je l’ai vu en 2022. Je fais 4 du Tour, tout le monde m’a dit que j’avais fait une super saison, alors qu’elle n’était pas folle. J’ai gagné à Algarve et au Dauphiné, mais avoir fait 4e de ce Tour a sauvé ma saison. Je sais qu’on ne parle que de ça, la preuve, on est au 11 avril et on en parle déjà. Ma saison peut être sauvée autrement avec un super Romandie, des super Ardennaises, un super Dauphiné etc. Mais réaliser une performance exceptionnelle sauvera la saison dans tous les cas. C’est là qu’il y a le plus d’enjeu. J’ai envie de performer même si ça ne sourit pas. Ça me met encore plus les crocs, et je sais où je vais aller, comment, avec qui, pourquoi… C’est du tableau noir, maintenant il faut que ça suive et que ça aille dans le bon chemin. 

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