Marc Madiot : « Je pense qu’on sait faire »

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Crédit photo Hervé Dancerelle - DirectVelo

Pour la première fois depuis sa création en 2019, la Groupama-FDJ a présenté jeudi dernier la quasi-intégralité des coureurs de sa Continentale devant quelques élus, partenaires et médias. Et ce au Complexe d'Optimisation de la Performance Sportive (COPS) de Besançon, où vivent les jeunes coureurs de la structure française. Alors que les Romain Grégoire, Lenny Martinez ou autre Laurence Pithie, passés par la Conti et qui font depuis l’an passé les beaux jours de la WorldTeam, sont très sollicités, Marc Madiot a fait le point pour DirectVelo sur son équipe de jeunes. 

DirectVelo : Quel regard portes-tu sur la Conti de la Groupama-FDJ un peu plus de cinq ans après sa création ?
Marc Madiot : Si c’était à refaire, je le referais. Je voulais la faire bien avant, à l’époque c’était un problème de moyens et de timing. L’arrivée de Groupama nous a permis de faire ça dans de très bonnes conditions. J’ai envie de dire que le résultat est au-delà de nos espérances. À tel point que tout le monde nous copie. Je tiens quand même à le faire remarquer car on a tendance à dire que c’est mieux à l’étranger, mais je pense qu’on sait faire. 

Être copié, est-ce frustrant ou flatteur ?
C’est plutôt flatteur car quand on est copié, on a encore un coup d’avance. J’espère bien qu’on l’a toujours. La Conti, c’est un outil de développement et de formation. Quand un gars de la Conti passe dans la WorldTeam, c’est une fierté.

« C’EST DU BIDON DE DIRE QU’UN JEUNE VA ÊTRE CRAMÉ »

De plus en plus jeunes de la Conti, même des Espoirs 1ère année, évoluent avec la WorldTeam sur le calendrier français. N’y a-t-il pas une crainte d’en cramer certains ?
Il faut arrêter avec ça. Le côté trop jeune que tu crames, ça n’existe pas. Je me rappelle il y a bientôt 30 ans de (Jean-Patrick) Nazon et de (Nicolas) Vogondy, on m’a dit qu’ils allaient être cramés. Regardez leur palmarès. Nazon a été maillot jaune du Tour, vainqueur sur les Champs-Elysées et eu de nombreuses victoires. Vogondy, il a été deux fois Champion de France et fait seize ans chez les professionnels. La réponse est donc toute trouvée. C’est quand on est jeune qu’on se forme le mieux, qu’on prend de bonnes habitudes… C’est du bidon de dire qu’un jeune va être cramé, je n’y crois pas une seconde.  

Est-ce que tu essaies d’inculquer une philosophie globale qui concerne aussi la Conti comme ça peut-être le cas dans les sports collectifs ?
Oui. On est une équipe très tournée vers les jeunes, qui donne des responsabilités et la possibilité d’être un leader peu importe l’âge. Je regarde la qualité, le talent et la personnalité d’un coureur pour savoir s’il peut être leader, pas son âge. C’est ce qu’on a fait depuis un bon nombre d’années. Ça a été le cas avec des garçons comme Philippe Gilbert, Bradley McGee, Sandy Casar, Arnaud Démare, Thibaut Pinot et d’autres. On a toujours fait ça et on va continuer à le faire. 

Pendant la présentation de la Conti, tu as tenu à raconter une anecdote concernant Titouan Fontaine et on te sentait très fier de le dire… 
Je l’ai ramené en voiture après le Grand Prix de Denain et il m’a dit qu’il kiffait être coureur cycliste. C’était un grand plaisir d’entendre ça. Il ne se pose pas de questions. Il est heureux d’être là. Si on se décale un peu, dans la société actuelle, on est plus souvent dans les problèmes et dans les difficultés, quand tu as un mec dans ta bagnole qui vient de finir le Grand Prix de Denain, qui n’est pas la course la plus facile avec les pavés, et qui te dit ça, c’est régénérant. 

« JE SAIS QUE LA ROUE TOURNE »

Arrivés en fin de contrat en décembre prochain avec la WorldTeam, des coureurs de la Conti 2022 comme Lenny Martinez et Laurence Pithie sont très sollicités. Comment vis-tu cette situation ?

Il y a plusieurs façons de voir les choses. La première c’est de se dire que si nos coureurs sont sollicités, c’est qu'on ne s’est pas trompé et qu’on peut dire au passage qu’on les a bien formés. On a souvent tendance à remettre en cause le fonctionnement des équipes françaises. Je suis désolé mais nos coureurs sont bien formés. Je suis fier de le dire et de le redire. La preuve, on veut se les approprier très rapidement. 

Ça fait partie du jeu…
Oui, et on le sait. Les moyens de fonctionner en France sont plus limités que ceux des Emirats, de Redbull, d’INEOS ou d’autres. Les règles sont assez liberticides au niveau de l'UCI, c’est comme ça. On fait avec… Il faut également prendre en considération un autre phénomène : c’est aussi aux coureurs de faire leur choix d’évolution. Faut-il continuer de se développer ou alors faire fructifier tout de suite son talent chez d’autres ? C’est à chacun de voir midi à sa porte. 

Comment vivrais-tu le départ de plusieurs anciens de la Conti l’hiver prochain ?
Je suis prêt à tout, je sais que la roue tourne. Parfois, c’est plus difficile mais souvent elle retourne dans le bon sens, et là elle tournera dans le bon sens.

 

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