Tout avait si mal commencé pour la Visma-Lease a Bike DT ce samedi. Alors que tout semblait filer droit pour Jorgen Nordhagen sur cette Ronde de l'Isard, le Norvégien, confortablement installé en tête du classement général, n'a pas pu prendre le départ. "Hier soir, Jorgen Nordhagen et Tijmen Graat ne se sentaient pas bien, c’est surprenant parce que Jorgen avait fait une très bonne étape hier, mais il a passé une très mauvaise nuit, il a eu des problèmes d’estomac, raconte le directeur sportif, Sierk-Jan De Haan. Jorgen avait de la température aussi ce matin, c’est pour ça qu’il est resté à l’hôtel. C’est une grosse déception". Avant une nouvelle déconvenue au pied du Plateau de Beille.

« ON NE S'ATTENDAIT PAS À JOUER LA VICTOIRE AVEC DARREN »

Co-leader et idéalement placé au classement général, Tijmen Graat a lui aussi subi la maladie, même s'il était bien dans le peloton au départ. "On savait que ça allait être difficile , on espérait avoir un peu de chance et qu’il aille mieux au fil de l’étape mais non. On lui a dit de s’arrêter en bas de la descente et de ne pas monter le Plateau de Beille dans ces conditions. On était triste et déçu, puis on s’est remobilisé pour essayer de faire un Top 10 mais on a fait beaucoup mieux, c’est incroyable", raconte le technicien néerlandais. Le malheur des uns a fait le bonheur des autres, et surtout de Darren van Bekkum, alors propulsé leader de rechange. "Ce matin a été difficile. On a fait un reset mental et fait un nouveau plan pour gagner l’étape et prendre la tête du classement général. C’est ce qu'on a réussi à faire".

D'abord au chaud dans le bon groupe de favoris, Darren van Bekkum a alors pris son envol dans la pente du Plateau de Beille. "C’est vrai que je me suis un peu surpris moi-même, mais je savais que j’étais fort. Mon début de saison était plutôt bon. J’ai réussi à aborder les montées dans de bonnes conditions dans le premier groupe à chaque fois. Mes jambes n’étaient pas exceptionnelles en début de journée mais j'ai réussi à retrouver des sensations au fil de l'étape". À l'attaque à plusieurs reprises, il a fini par avoir raison de tous ses adversaires à environ 7 kilomètres du terme. Pour le plus grand bonheur de Sierk-Jan De Haan. "On ne s’attendait pas à jouer la victoire avec Darren, je savais qu’il était très fort, mais être capable de faire ça, c’est spécial. Il nous a mis la chair de poule, on criait dans la voiture pour l’encourager".

« IL MÉRITE TELLEMENT CETTE VICTOIRE »

Darren van Bekkum n'a jamais faibli (voir classement). "Je savais que beaucoup de grimpeurs avaient coché cette étape, et que certains étaient peut-être plus forts que moi. J’ai donc choisi d’attaquer assez tôt dans la montée pour creuser un écart. J’ai pu continuer à mon propre rythme pour décrocher la victoire, je suis fier de moi". Son directeur sportif est dithyrambique. "Il mérite tellement cette victoire, c’était le meilleur en début de saison au Trophée d’Istrie où il a loupé la victoire, et maintenant ce résultat pour lui est prometteur et tellement mérité. C’est assez émouvant". Tout ça sous les yeux du vainqueur de la Ronde de l'Isard 2022, Johannes Staune-Mittet, qui n'a pas été à courir au côté de l'homme de tête au niveau de la flamme rouge pour lui donner de la force. "Il voulait être présent sur cette étape, c’est magnifique de le voir encourager ses anciens coéquipiers. C’est l’histoire du sport", raconte le directeur sportif.

Le Norvégien, résident d'Andorre, a fait le déplacement spécialement ce samedi pour soutenir certains de ses futurs coéquipiers dans la WorldTeam. "C'était l'occasion de faire un bel entraînement. J'avais besoin de revenir ici pour me rappeler à quel point cette montée est incroyablement dure", s'amuse-t-il avant de passer trois semaines en Sierra Nevada. Le tenant du titre est bluffé par l'homogénéité de l'équipe réserve. "Même quand tu as un non-partant et un abandon, il y a un troisième gars qui peut encore sortir du chapeau ! Je suis super fier d'eux". Darren van Bekkum est bien conscient d'avoir marqué des points en s'imposant en haut d'une telle montée. "Je sais que beaucoup de grands coureurs ont gagné ici, cette victoire représente beaucoup pour moi. Ces quatre dernières années n’ont pas toujours été faciles pour moi dans le vélo car j’ai commencé ce sport tard. J’avais beaucoup de choses à apprendre", confie l'ancien footballeur. Comme la défense d'un maillot de leader, ce dimanche. "J’ai une équipe forte autour de moi et je suis sûr qu’on peut le faire". Et le fait de n'être plus que quatre ne l'effraie pas outre mesure. "C'était déjà le cas il y a deux ans et on a tenu la baraque".