La FDJ-Suez risque de « se refaire le film dans la tête »

Crédit photo Freddy Guérin - DirectVelo

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Pour la deuxième année consécutive, la FDJ-Suez a placé deux éléments sur le podium du Championnat de France. Mais comme à Cassel, aucune n'est montée sur la plus haute marche. De plus, Evita Muzic a pris la 4e place et Marie Le Net la 6e, pour un nouveau tir groupé (voir classement). "Le titre nous échappe, on était juste venue pour ça. C’est toujours dommage de finir 2, 3, 4. Juliette (Labous) était très forte, je suis contente pour elle, elle le mérite", applaudit une Evita Muzic déçue, imitée par Marie Le Net. "Juliette est une très belle Championne de France. On peut être fières de nous même si je suis très triste qu'on ne ramène pas le maillot, ça fait trois ans quand même". Médaillée de bronze, Jade Wiel a eu besoin d'un moment pour décompresser. "Je pense que c'est toute l'euphorie, la pression aussi qui retombent. On se refait le film dans la tête".

Pour Marie Le Net, le film avait bien mal commencé. "Coco (Coralie Demay) et moi sommes tombées dans le premier tour. j'ai souffert mais c'est un Championnat et dans la tête on se dit que ce sont juste des bobos. Quand on ne s'écoute pas ça va mieux. On n'était pas toutes en forme, on a fait avec les moyens du bord et nous avons tout donné". L'histoire a commencé à mieux tourner à l'entame des trois derniers tours. Sept concurrentes partent à l'aventure en tête, avec Gladys Verhulst-Wild et Evita Muzic parmi elles, leaders désignées au briefing avec Jade Wiel. "Evita ne se sentait pas très bien, elle a été honnête, elle l'a dit, concède la dernière citée. Elle s'est retrouvée dans un coup avec Gladys. On s'était dit que c'était bon, que ça irait au bout". Mais "il n’y a pas eu d’entente dans l’échappée", lui répond l'ancienne Championne de France.

« TOUT LE MONDE VEUT GAGNER, PARFOIS ÇA ENTRAINE DES STRATÉGIES STUPIDES »

Bonne nouvelle néanmoins pour Evita Muzic, celle-ci retrouve ses jambes. "J'avais dit à Gladys que je roulais pour elle, et après les sensations se sont débloquées". Mais le coup n'ira finalement pas bien loin et le peloton des favorites s'est regroupé à deux tours du terme. "C’était chacune notre tour. La course d’équipe aurait pu être mieux gérée". Tout le monde y va de son attaque et les FDJ-Suez ont du mal à se coordonner. "Gladys y est allée, j'y suis allée, mais à chaque fois elle roulait pour rentrer sur nous, je trouvais ça dommage. Surtout que finalement elle termine 2e", regrette Evita Muzic, bien consciente qu'il est difficile de faire la course d'équipe parfaite dans cette configuration de Championnat. "On va analyser le final. Sur un Championnat, tout le monde veut gagner, parfois ça entraîne des stratégies stupides, c’est comme ça".

À cet instant, le film avait pourtant encore de bonnes chances de connaitre une fin heureuse. Car Jade Wiel part dans un numéro solitaire aux 25 kilomètres. "C'est là que tout le monde est à bloc et que le cerveau n'est plus totalement branché. On peut mettre trop de temps à prendre des décisions et ça peut faire tourner le résultat en notre faveur. Je cours à l'instinct, je me suis dit « All in ». On ne sait jamais, ça pouvait aller au bout, mais c'était à l'arrache. Cependant ça pouvait ressortir de derrière". Evita Muzic ne laisse rien sortir. "J’allais tout chercher derrière, c’était mon rôle défensif". Mais à dix kilomètres du terme, Juliette Labous y parvient quand même, suivie par Gladys Verhulst-Wild. "Je me disais que ça devait être un peu le feu", sourit Jade Wiel, qui voit les deux attaquantes revenir sur elle.

« NE PAS PENSER QU'À SOI »

La Championne de France 2019 n'hésite pas à jouer l'équipière pour Gladys Verhulst-Wild. "Elle va vite au sprint. Peut-être qu'on aurait dû un peu plus jouer avec Juliette. On se refera toutes le film dans la tête. Mais j'étais limite, je ne pouvais pas aller au-delà". Juliette Labous emmène pour empêcher un éventuel retour de Jade Wiel. "J'aurais attaqué pour la surprendre mais je n'aurais sans doute pas fait beaucoup de différences". Et comme à Cholet, Gladys Verhulst-Wild est finalement frustrée au sprint. Une douche froide pour Jade Wiel qui croyait voir le maillot bleu-blanc-rouge dans la maison FDJ-Suez. "Je ne sais pas combien de temps j'ai passé devant, seule. C'était très long, j'avais le temps de me parler. À la fin je croyais qu'on avait gagné donc je lève la main... Je suis encore un peu dans la lune, je suis allée au bout de moi-même", souffle celle qui avait du mal à tenir debout en fond de ligne.

Derrière, Evita Muzic règle le sprint. "Je suis toujours capable d'être rapide. Malheureusement, ce n’est jamais pour la gagne mais un jour, ça viendra. J'ai beaucoup moins de regrets que l'an passé". La Franc-Comtoise avait l'occasion de prendre une petite revanche depuis qu'elle a appris son absence aux Jeux. "Je n’ai rien à prouver, je ne vois pas ce que je pouvais faire de plus. Même si j’avais gagné la Flèche Wallonne et la Vuelta, il ne m’aurait pas prise. Vu la course que j’ai faite aujourd’hui, je pense que j’aurais dû avoir ma place". Reste maintenant à comprendre l'échec du jour. "Peut-être que le circuit n'était pas assez dur ou peut-être que nous n'avons pas été assez offensives", réfléchit Marie Le Net. "Plus on est nombreuses, plus on a la pancarte dans le dos. Je pense qu’il faut que les filles soient honnêtes sur leurs sensations et ne pas penser qu’à soi", déplore Evita Muzic. Ce qui est sûr, c'est que la FDJ-Suez n'est pas sur la plus haute marche du podium pour la troisième année consécutive. 

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