Steven Henry : « On varie les plaisirs »

Crédit photo Robert Gachet - DirectVelo

Crédit photo Robert Gachet - DirectVelo

L’équipe de France d’endurance va redescendre d’un étage de la montagne ce week-end pour filer du côté de Morgins, en Suisse, où les athlètes tricolores iront rouler sur le vélodrome du Centre Mondial à Aigle. Cet énième stage en altitude aura permis aux coureurs de Steven Henry de bien bosser à un mois des Jeux Olympiques de Paris (voir les photos). L’entraîneur national revient pour DirectVelo sur ce rassemblement de quinze jours du côté de Tignes (Savoie).

DirectVelo : Ce nouveau stage en altitude est très important à un mois des JO…
Steven Henry : C’est un gros cycle de préparation qu’on a déjà fait par le passé. C’est la quatrième année qu’on vient en altitude. Les poursuiteuses l’avaient fait en 2021, avant Tokyo. On l’a refait depuis. C’est un temps important, avec du travail d’aérobie, du travail spécifique en haute altitude qui permet d'aller chercher du travail orienté, comme les capacités lactiques ou optimiser les qualités de récupération des athlètes en bossant en haute altitude. C’est un cycle important qu’on a un peu modifié par rapport aux autres années puisque qu’on ira au Centre Mondial la dernière semaine pour rerouler sur un vélodrome pour retrouver de la spécificité. C’est le bilan qu’on avait fait après Glasgow l’an passé. On avait fait trois semaines ici et derrière, il manquait de la spécificité piste.

« DU SPRINT EN HAUT DE L’ISERAN »

Concrètement, à quoi ressemblent les entraînements ?
Ça peut être du sprint en haut de l’Iseran, avec du RSH c’est à dire une répétition de sprint en hypoxie. Il y a du travail aérobie en haute altitude, ce qui est aussi très bon. Ça permet d’optimiser tout le travail sur ces quinze jours de stage. Ils vont rouler sur route, avec des sorties de quatre-cinq heures, avec des exos spécifiques comme les sprints en haut de l’Iseran. Il y a aussi beaucoup de séances de musculation à Tignes Espace. On varie les plaisirs. On n’a pas encore eu la chance de chopper un peu de chaleur. Les autres années, on arrivait à faire de l’acclimatation à la chaleur à Bourg-Saint-Maurice, dans la vallée. Mais ils annoncent très chaud sur Aigle (Suisse) la semaine prochaine, donc a priori on va retrouver la chaleur. Ça va permettre de refaire un cycle d'acclimatation qu’on avait déjà fait début juin à Saint-Quentin-en-Yvelines. On vient chercher toutes ces choses là.

Benjamin Thomas n’est pas passé par ce stage à Tignes.
Il a une approche un petit peu différente. L’altitude, ça a été plus compliqué à caler pour lui les autres années par rapport à son programme route. Il a eu quelques mauvaises expériences aussi car il est tombé malade en altitude. Le chemin est différent pour lui, avec un passage à Gand et Fiorenzuola (lire ici). Il nous rejoint ce week-end pour le travail sur piste, et on sera à Morgins (Suisse) à une altitude moindre, à 1400 mètres.

Par rapport aux premiers stages en altitude, qu’avez-vous changé ?
On a pris de l’expérience, on est plus efficace sur les séances en haute altitude. Ils ont roulé sur home-trainer à 3000 mètres d'altitude, on ne le faisait pas ces dernières années. C’est aussi car les coureurs s'acclimatent plus vite et réagissent mieux à l’altitude. On peut donc aller chercher plus loin les efforts. Sinon, il y a des humidificateurs dans le chalet et les chambres pour éviter que l’air soit trop sec et d’irriter de la gorge. On a changé plein de petits détails au fur et à mesure de nos venues.

« UN GROUPE RELATIVEMENT SEREIN »

Depuis le stage au Teide en novembre, les coureurs enchaînent l'altitude…
Ils en sont à leur troisième ou quatrième exposition hypoxique depuis le Teide. Ils ont refait des cycles, soit sous tente soit en réel. Thomas Boudat est retourné au Teide, en mars. Globalement, ils ont tous refait un cycle d’altitude au mois de mai-début juin en tente.

Par rapport aux autres stages, sens-tu que les JO se rapprochent ?
On voit les mêmes athlètes qu’habituellement. On a l’habitude de vivre avec eux, on passe la moitié de l'année ensemble en stage. Pour l’instant, c’est un peu la routine. Les JO, c’est encore un peu loin. Je les trouve relativement détendus, ça bosse bien. On est entre nous, en collectif restreint. Certaines années, il y avait huit garçons car le collectif était plus important. On a resserré sur la dynamique de groupe, avec un staff JO. On est autonome sur la nutrition. Il n’y a pas que l'entraînement, la vie de groupe est aussi importante.

En demandent-ils plus que d'habitude ?
Il y a beaucoup de demandes pour optimiser pas mal de choses, c’est peut-être ce qui change par rapport aux autres années. Il y a l’annonce de la sélection qui est passée, il y avait de la tension, la gestion de l’émotion était différente. Et là sur ce stage, on sent un groupe relativement serein.

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